Informations
Titre : La symphonie des monstres
Auteur : Marc Levy
Éditeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 400 pages
Formats et prix : broché 21.90 € / numérique 14.99 €
Date de publication : 17 octobre 2023
Genre : littérature contemporaine
Résumé
« Veronika est de ces femmes qui résistent même dans les pires moments. On ne choisit pas d’être infirmière si on accepte la défaite… Sa solitude, elle l’a apprivoisée. Dompter la peur, c’est autre chose. »
En rentrant chez elle un soir, Veronika découvre la disparition de son fils âgé de neuf ans. Désemparées, elle et sa fille Lilya cherchent à comprendre où Valentyn a été emmené. Elles vont remuer ciel et terre pour retrouver la trace du petit garçon – l’une animée par sa témérité d’adolescente, l’autre par sa détermination de mère. Mais l’ennemi est partout, et Lilya et Veronika ne pourront se fier à personne… ou presque.
Ensemble, elles vont tenter de déjouer « la Symphonie des monstres », un projet bien plus terrifiant qu’une fiction.
Au cours d’une aventure peuplée de personnages inoubliables, une mère et sa fille vont réapprendre à se connaître et à s’aimer.
Porté par une écriture puissante, Marc Levy nous livre un roman magistral : une grande aventure humaine au cœur de l’Histoire tumultueuse qui s’écrit aujourd’hui sous nos yeux.
Mon avis
Une mère et une sœur prêtes à tout pour retrouver leur fils et frère.
Les enfants sont les victimes de chaque guerre, peu importe le pays dans laquelle elle se déroule et peu importe l’époque…Dans ce roman engagé, Marc Levy nous emmène en plein cœur du conflit russo-ukrainien.
Ukraine. Valentyn a neuf ans. Précoce et muet. Il communique avec le monde extérieur grâce à son carnet de locutions. Depuis que leur père est parti au front, il vit seul avec Veronika, sa mère, infirmière au dispensaire et Lilya, sa grande sœur.
Ils tentent de mener une vie normale, malgré les bombardements, Valentyn se rendant à l’école chaque matin comme tous les enfants du monde. Sauf qu’aujourd’hui, des autocars stationnent devant l’école et, sans la présence d’esprit d’une institutrice exhortant les élèves à fuir, les militaires auraient enlevé tous les enfants présents. Pour des raisons que vous découvrirez en lisant le roman, seuls Valentyn et l’un de ses camarades sont pris. Cette scène était très émouvante. Ma gorge s’est serrée à ce moment-là.
« Comment peut-on oublier une chose pareille aussi vite…comme si les jours heureux avaient été emportés à jamais. »
Au cours de ma lecture, je me suis aperçue que « La symphonie des monstres » était le 4ᵉ tome de la saga du groupe 9. Mais bon, si comme moi, vous n’avez pas lu les précédents, cela n’a aucun incidence (heureusement, car il n’était mentionné nulle part qu’il était dans le groupe 9).
La narration alterne entre Veronika et sa vie au dispensaire, Lilya et son acharnement à retrouver son frère, et Valentyn, enfermé dans un orphelinat dans l’attente d’une adoption.
L’écriture est percutante, vive et saisissante. Le lecteur oublie qu’il est dans un roman, tant les détails sont pointus et l’ensemble réaliste. Marc se repose totalement sur l’actualité pour tisser son intrigue. L’enlèvement de masse d’enfants ukrainiens par la Russie est une triste réalité. Dans le dernier tiers du récit, Valentyn rencontre Maria Belova, considérée comme la cheffe d’orchestre de la déportation d’enfants ukrainiens vers la Russie. La fiction et la réalité se fondent totalement. Marc rend ce pan de la guerre accessible, il permet au lecteur de mieux comprendre le contexte, les causes et les conséquences de ces enlèvements d’enfants ukrainiens.
Ce que j’ai apprécié dans cette lecture, ce sont les tranches de vie des habitants, leur manière de lutter et de survivre. Katerina permet de découvrir le fonctionnement et le quotidien du dispensaire, l’accueil des blessés, le manque de médicaments, l’investissement humain du personnel soignant tentant de faire des miracles avec presque rien.
« Trente minutes se sont écoulées quand le chirurgien pousse un long soupir. Son front perle de sueur, il l’éponge et soupire de nouveau. Deux balles ont transpercé le corps de l’homme qu’il opère, une dans la jambe gauche et une au ventre. En médecin aguerri, il a eu son lot de blessures de guerre pendant l’invasion de la Crimée, et il délivre sa version des faits avec la froideur d’un légiste. »
Lilya, lors de son périple, va rencontrer des gens dangereux mais aussi des aides précieuses. Dimitri, le vieux pêcheur, et même un chien, Soboka. J’ai eu peur pour la vie de cette boule de poils en quête d’affection, lol.
Avec Valentyn, c’est toute l’organisation des enlèvements d’enfants qui est étalée sous nos yeux. Les enfants ukrainiens enlevés sont reconditionnés pour devenir de parfaits russes, prêts à être adoptés par des familles russes et, à terme, s’il le faut, aller combattre aux côtés des russes. C’est absolument terrifiant. Il est clair que Poutine veut faire disparaître l’Ukraine et sa culture.
Veronika est un personnage assez ambigu. Elle souhaite plus que tout retrouver Valentyn, bien entendu, mais elle reste assez passive en définitive. C’est elle qui va temporiser le rythme, elle qui, contre toute attente, apporte de la légèreté au récit. Et je trouve ça audacieux de la part de Marc. Il place la mère à l’arrière du front de la bataille familiale.
Les personnages secondaires enrichissent l’intrigue et apportent leur soutien à Lilya et Veronika. Vital, bien que cloué dans un fauteuil roulant, est une aide précieuse pour Veronika, faisant des recherches et mobilisant son réseau. Danylo, qui commence toutes ses phrases par « Et », l’homme à tout faire du dispensaire, soutient cette mère en détresse dans sa quête. Quant au chirurgien, il était presque mon personnage préféré. On ne peut pas dire qu’il s’entende bien avec Veronika, mais qui aime bien châtie bien. Leurs conversations et dialogues apportent de la fraicheur et une dose d’insouciance qui fait du bien !
« La guerre sème la mort et la misère, mais elle révèle aussi en nous une part d’humanité qu’on pensait avoir oubliée. Comme ce besoin d’aider les autres. »
Beaucoup d’action, une pointe d’espionnage, des détails historiques parfaitement dosés, ni trop, ni trop peu, la recette permet à la fois de passer un bon moment de divertissement tout en apprenant des détails de ce conflit qui, ne l’oublions pas, se déroule juste devant notre porte.
La résolution de cette histoire est un peu tirée par les cheveux, Marc Levy sortant la carte du groupe 9. Je ne vous en dis pas plus, mais l’auteur a choisi la facilité. Mais j’avoue que même si j’ai tiqué, cela ne m’a pas dérangée plus que cela. Le cœur du roman, le contexte historique est si bien décrit et développé, qu’il dépasse tout le reste.
Un mot des illustrations parsemant le roman. Elles accompagnent le lecteur et sont une réelle plus-value au récit, rendant le livre attractif. L’imagination du lecteur est exacerbée, tout en lui offrant un repère visuel. J’ai voulu savoir qui en était l’artiste. Il s’agit de Pauline Leveque, auteure, illustratrice et épouse de Marc.

Je pense que « La symphonie des monstres » est à lire pour découvrir cette facette du conflit, celle de l’enlèvement des enfants ukrainiens. C’est pour cette raison que je vous recommande ce roman.
« Elle connaît la noirceur du chaos, son odeur, ses bruits, la peur commune qu’il répand dans ses vents, son silence et l’attente, tout aussi terrifiants. Elle se souvient qu’elle était là pour entourer ses enfants, les protéger de ses bras quand les milices sont entrées dans la ville. »
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En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : la rencontre avec Marc Levy organisée par la Librairie de Paris m’a donné envie de découvrir ce roman. Marc parlait avec tellement de passion et d’engagement de son roman qu’on ne pouvait que l’acheter !
Auteur connu : j’ai lu beaucoup de romans de Marc Levy, vous pouvez retrouvez ceux qui ont été lus et chroniqués ici :https://soniaboulimiquedeslivres.fr/?s=marc+levy et je vous invite à cliquer ici pour découvrir la rencontre à laquelle j’ai assisté en fin d’année dernière.

Émotions ressenties lors de la lecture : tristesse, effroi, peur, anxiété, colère, espoir, empathie, admiration.
Ce que j’ai moins aimé : peut-être la fin. Enfin, plus la gestion du dénouement que la fin en elle-même, qui m’allait très bien et permettait de rester sur une note positive dans toute cette noirceur.
Les plus : le sujet, les personnages, la plume, les détails de la vie, les illustrations.
Si je suis une âme sensible : pas grand-chose à signaler. Vous pouvez y aller.

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