Informations
Titre : Le bleu n’abîme pas
Auteur : Anouk Schavelzon
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 240 pages
Formats et prix : broché 19.50 € / numérique 13.99 €
Date de publication : 19 août 2024
Genre : littérature générale
Résumé
Luna, jeune adulte, a déjà une longue histoire derrière elle, de l’incendie dans un immeuble parisien au cambriolage d’un Noël de son enfance, de la séparation de ses parents à l’adaptation difficile lorsqu’elle intègre un établissement scolaire huppé du Marais, les soucis d’argent de sa mère prof de philo, un père assez absent. Elle est dans un entredeux social. Elle est métisse. Une métisse à la chevelure léonine, qui attire l’œil. Et un soir de printemps, dans une sombre discothèque, un mec se colle à elle et s’électrise : « Tu viens d’où ? », question violente, assignation à identité. Luna se cambre, en défense et réflexe. Elle connaît ses courbes. À treize ans, une scoliose aiguë avait imposé un corset. Les corps ont une histoire.En riposte, Luna va forger ses armes pour qu’à la question « Tu viens d’où ? » elle réussisse à substituer cette autre interrogation, tellement plus vivifiante : « Tu vas où ? ».
Mon avis
RENTRÉE LITTÉRAIRE 2024
Un roman audacieux sur les discriminations raciales.
Luna a vingt ans, c’est une jeune métisse vivant dans un logement social parisien avec sa mère et sa sœur. « Le bleu n’abîme pas » commence directement avec le cœur du problème : Luna se fait agresser dans une boîte de nuit. Cette agression est à la fois sexiste et raciale.
« Le corps se rapproche, il se colle, tu le sens qui se presse contre toi. Son souffle trop près, le filet de sa voix qui s’infiltre dans tes oreilles. Il dit quelque chose sur le métissage, sur les courbes de ton corps, sur son excitation qui grandit. »
A partir de ce moment, Luna va faire une rétrospection de sa vie, retrouver des souvenirs enfouis, et tenter de répondre, non pas à la question que tout le monde lui pose, à savoir « D’où viens-tu ? », mais plutôt à « Où vas-tu ? ».
Trois parties, trois dates clés dans la vie de Luna. 31 mai, 17 juin, 20 août.
« Il faut bien raconter les histoires. Les creuser jusqu’à la moelle. »
Ce roman est vraiment particulier, j’ai eu du mal à entrer dedans et cette lecture m’a déstabilisée.
L’écriture est spécifique, puisque l’auteure a choisi de dépersonnaliser ses personnages : elle utilise « La mère », « la sœur ».
C’est surtout la narration à la deuxième personne de singulier qui m’a demandé le plus d’effort d’adaptation. Ce n’est pas le genre de technique que j’apprécie le plus, mais il faut bien avouer que ce choix a été efficace et que son but a été atteint : j’avais l’impression d’être dans la peau de Luna, ma lecture était donc totalement immersive. Une fois la relation directe entre le narrateur et le lecteur établie, ce dernier peut réfléchir sur ses émotions et ses comportements vis-à-vis du sujet du roman, à savoir les discriminations raciales.
Les couleurs tiennent une place prépondérante dans le récit. La couleur de peau est souvent au cœur des préjugés et des inégalités raciales. L’agresseur est nommé « Mon tout blanc ». Anouk peint la vie à l’aide de toute la palette de l’arc-en-ciel, elle renverse les perspectives habituelles.
« Les briques rouges l’ont remplacée, ont délogé ses milliers d’habitants. Aujourd’hui, on parle de la ceinture grise, du tout gris, du béton gris. Béton souci. On parle de la ceinture verte qu’il faudrait créer. Ceinture verte sur la petite ceinture, sur l’ancienne ceinture de fer. »
Le récit navigue entre le passé et le présent. Les souvenirs de Luna affluent tel un kaléidoscope, obligeant le lecteur a se laisser porter. La plume d’Anouk est imagée, poétique, déstabilisante également.
Les chapitres ne sont pas franchement délimités, les dialogues ne sont pas introduits par un tiret. Ce choix de style épuré brouille la frontière entre la voix de Luna et celle des autres personnages.
Anouk utilise énormément de métaphores et de répétitions. Cela lui permet de mettre l’accent sur son idée et crée une espèce de musicalité rythmant la lecture. Certaines chansons accompagnent d’ailleurs le texte (la liste figure en fin de roman), je vous conseille de les écouter en même temps, elles accompagnent parfaitement la lecture.
« Le bleu n’abîme pas » est une expérience littéraire riche et inhabituelle. Un roman qui peut se vivre sous différentes manières en fonction de votre envie de l’aborder. J’ai été agréablement surprise. Un moment de lecture à la fois doux et aérien, pourtant son sujet est grave. Anouk a réussi à le rendre enchanteur. Chapeau !
Je vous conseille ce roman pour l’expérience littéraire qu’il procure.
« Toujours ces mêmes voix, ces mêmes phrases qui te demandent d’où tu viens, d’où viennent tes cheveux, et ensuite te transforment en un morceau de chair exotique et baisable que l’on emmènerait bien faire un tour à l’hôtel. »
Je remercie les Éditions Seuil et la Masse Critique Babélio pour cette lecture.
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En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le titre ! Le bleu est ma couleur préférée. Ensuite cette couverture, superbe. Et pour finir, le résumé.
Auteur connu : « Le bleu n’abîme pas » est le premier roman d’Anouk.
Émotions ressenties lors de la lecture : inquiétude, méfiance, envie, curiosité, joie, colère.
Ce que j’ai moins aimé : pas grand chose une fois que je m’étais habituée au style de l’auteure.
Les plus : la plume, la construction, le sujet.
Si je suis une âme sensible : RAS

Aprés votre présentation la lecture de ce roman me tente bien . Merci!
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C’est vrai que sa construction, le style, et la formulation peuvent surprendre mais son sujet, l’assignation identitaire, est d’une actualité brûlante ! Merci pour ce retour 😉
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