Informations
Titre : Long Island
Auteur : Colm Tóibín
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 400 pages
Formats et prix : broché 24 € / numérique 16.99 €
Date de publication : 14 août 2024
Genre : littérature irlandaise
Résumé
Une inoubliable passion amoureuse, après le chef-d’œuvre du Magicien, par un des maîtres de la fiction contemporaine.
Tout bascule lorsqu’un inconnu à l’accent irlandais frappe à la porte d’Eilis Lacey. Après vingt ans de mariage, Tony et elle profitent du confort offert par les années 1970 aux familles américaines. Installés à Long Island, ils ont deux enfants, bientôt adultes, et mènent une vie tranquille où les seuls tracas proviennent de l’oppressante belle-famille italienne d’Eilis. Mais en apprenant au seuil de sa maison que Tony l’a trompée et qu’une autre femme attend un enfant de lui, ce bonheur patiemment construit vole en éclats.
Sans promesse de retour, elle part en Irlande, à Enniscorthy. Rien n’a changé dans sa ville natale, ce monde clos où, de générations en générations, tout se sait sur tout le monde. Alors qu’il a repris le pub familial, même Jim Farrell est resté tel qu’il était vingt ans plus tôt, pendant l’été qu’Eilis et lui avaient passé ensemble, bien qu’elle fût déjà secrètement fiancée à Tony. La blessure du départ d’Eilis est toujours vive mais son retour ravive cet amour de jeunesse – et l’Amérique s’éloigne plus que jamais…
Situé à l’interstice entre deux mondes, Long Island offre des retrouvailles bouleversantes avec Eilis Lacey dont les lecteurs de Brooklyn se souviennent encore. Quinze après la publication de ce best-seller, Colm Tóibín fait la démonstration magistrale de ses talents de romancier avec un inoubliable portrait de femme.
Mon avis
Un portrait émouvant d’une femme d’âge mûr face à l’échec de son mariage et de ses relations familiales compliquées.
« Long Island » est la suite de « Brooklyn » que j’ai chroniqué il y a quelques semaines. Il peut toutefois se lire indépendamment parce qu’il possède suffisamment d’histoire de fond pour lui permettre de se suffire à lui-même, même si en tant que lecteur, je trouve dommage de ne pas lire les deux romans.
J’étais ravie de pouvoir découvrir cette suite. J’avais été assez frustrée par la fin de « Brooklyn », étant clairement restée sur ma faim.
« Long Island » se déroule vingt ans plus tard, nous sommes au milieu des années 1970.
Eilis vit à Long Island, avec son mari italo-américain, Tony, et ses deux ado, Rosella et Larry. Leur maison est construite juste à côté des frères et des parents de Tony, comme il était prévu dans « Brooklyn ». A contrario du premier tome, la tension arrive dès le départ, lorsqu’un homme frappe à la porte d’Eilis, accusant Tony d’avoir une liaison avec sa femme désormais enceinte, et menaçant de laisser le bébé sur le pas de leur porte. Eilis est déstabilisée par cette nouvelle et ne sait pas vers qui se tourner.
« Quelque part, pas très loin de chez eux, une femme était enceinte de Tony. Cette femme devait être irlandaise, elle aussi, supposa Eilis sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être parce qu’un homme tel que son visiteur était plus susceptible de tyranniser sa femme si elle était irlandaise. »
Ayant besoin de mettre de la distance avec tout cela et de faire le point pour aborder son avenir, Eilis retourne en Irlande, à Enniscorthy, pour les 80 ans de sa mère. Elle emmène ses enfants avec elle. A ce moment-là, je me suis dit qu’on était reparti pour un tour, comme dans « Brooklyn ».
Le lecteur retrouve les personnages du tome 1 : la famille d’Eilis, mais aussi sa meilleure amie, Nancy, et Jim, son ancien amoureux. Nancy et Jim se sont rapprochés ces dernières années et se sont fiancés en secret, et sans grand enthousiasme pour Jim. Tóibín nous fait entrer dans leurs têtes, alternant entre Eilis, Nancy et Jim, chaque voix étant aussi convaincante que les autres. « Long island » est un livre qui montre à quel point nous sommes aveugles à nos propres motivations et à quel point nous résistons à la rationalité. Il montre également notre besoin de contrôler ceux qui nous sont proches.
La plume de l’auteur est apaisante et envoûtante, il observe calmement les mœurs et les mentalités de l’Irlande provinciale, qui n’ont pas beaucoup changé depuis les années 1950.
Dans cette histoire, Toibin reproduit intelligemment le drame central de « Brooklyn » qui l’a rendu si passionnant tout en apportant une nouvelle tournure à l’histoire en suivant la vie de ces personnages qui sont un peu plus âgés et plus fatigués du monde. Leurs options pour faire de grands changements de vie semblent se réduire, mais il existe toujours des possibilités inattendues. Bien que ce trio soit au cœur de l’histoire, il y a une foule d’individus brillamment représentés, je pense notamment à la vieille mère irascible d’Eilis, pleine d’ironie, ou encore à Franck, le frère de Tony. Les communautés d’un quartier italo-américain de New York et d’une petite ville d’Irlande sont animées par des membres de la famille qui s’immiscent et des voisins qui bavardent. Tout le monde veut savoir ce que chacun fait, les commérages, les opinions et les médisances des uns et des autres vont bon train. Eilis s’aperçoit qu’elle ne pourra plus évoluer naturellement dans sa famille américaine, son opinion ne correspondant plus à celle de la majorité familiale. Qu’en sera-t-il en Irlande ? S’y sentira-t-elle mieux ? Y aura-t-elle plus sa place, elle, la désormais américaine ?
Un monde pas si fictif que cela, dans lequel le lecteur peut aisément s’identifier. Il questionne, juge et peut-être même maudit les choix des personnages. Tout en apportant son soutien inconditionnel à presque tous les protagonistes. Pour ma part, j’ai blacklisté Tony dès le départ. Son infidélité s’est révélée arriver à point nommé, car j’avoue que dès son apparition dans « Brooklyn », je ne l’ai pas apprécié.
« Long Island » est un roman intéressant, qui parle de liberté, de choix, de désir, que je vous conseille pour l’évasion qu’il procure et pour ses personnages, riches et complexes.
Je remercie Net Galley et les Éditions Grasset pour cette lecture.
« Elle aurait voulu pouvoir parler clairement à Tony, là, dans la voiture, lui faire savoir une fois pour toutes quelles seraient les conséquences si sa mère et lui refusaient d’entendre raison. Mais si elle parlait, elle perdrait Tony. Il avait déjà pris sa décision, pour le bébé. »
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En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : enchantée par la lecture de « Brooklyn », j’étais agréablement surprise de voir que la suite sortait. Il était évident pour moi de la lire.
Auteur connu : j’ai lu récemment « Brooklyn », qui vient de sortir en poche.
Émotions ressenties lors de la lecture : passion, espoir, admiration, anxiété, joie, envie.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : la plume, les personnages, le contexte, comme dans « Brooklyn », ce côté simple et banal de l’histoire, formidablement raconté.
Si je suis une âme sensible : RAS
