« Les enquêtes de l’aliéniste : La chambre mortuaire » de Jean-Luc BIZIEN

Informations 

Titre : Les enquêtes de l’aliéniste : la chambre mortuaire

Auteur : Jean-Luc Bizien

Éditeur : L’Archipel

Nombre de pages : 300 pages

Formats et prix : broché 21 € / numérique 14.99 €

Date de publication : 11 avril 2024

Genre : thriller historique

Résumé

Paris, juillet 1888.
Un cadavre disparaît de la morgue, un autre corps est retrouvé, nu, sur les pavés après une chute vertigineuse.
Surviennent, bientôt, de nouvelles morts suspectes. L’inspecteur Desnoyers, flanqué de son adjoint Mesnard, qui applique les techniques les plus modernes, hante les rues sombres de la capitale. Il y démêlera les fils d’une conspiration qui le mène au Dr Simon Bloomberg, aliéniste à la réputation sulfureuse… que l’on dit plus dangereux encore que ses patients !
Et que penser de cette jeune Anglaise, Sarah Englewood, tout juste engagée par Bloomberg ?
Dans ce Paris où le spiritisme côtoie la science, où les esprits les plus cartésiens s’adonnent à l’absinthe, l’alcool qui rend fou, Desnoyers vacille : doit-il collaborer avec Bloomberg ou, au contraire, tout faire pour confondre le ténébreux aliéniste ?
Une à une, les découvertes morbides le rapprochent de la vérité… mais aussi du danger.

Mon avis

Premier tome d’une série mêlant polar historique et thriller psychologique.

Jean-Luc Bizien nous plonge dans un Paris du XIXè siècle sombre et fascinant, où science et mysticisme s’entremêlent pour tisser une aventure machiavélique. Dès les premières pages, le lecteur est transporté dans une atmosphère oppressante. Le contexte historique sert d’écrin à une intrigue riche en rebondissements et en suspense.

Tout commence à la morgue de Paris, où le gardien de nuit s’aperçoit, lors de sa tournée, que l’un des « pensionnaires » manque à l’appel. Oups…L’enquête est confiée à l’inspecteur Desnoyers et à son adjoint Mesnard.

Dans le même temps, Sarah Englewood, jeune britannique, est embauchée au domicile du docteur Simon Bloomberg, un aliéniste à la réputation peu flatteuse.

Ce qui m’a plu dans cette lecture, c’est le soin avec lequel Jean-Luc plante son décor et présente ses personnages. J’ai beaucoup aimé cette immersion dans l’univers créé avec minutie par Jean-Luc. C’est le premier tome d’une série, donc on ne s’attend pas à une intrigue de dingue avec un rythme de fou. Le mystère qui plane, à savoir la disparition de l’épouse de l’aliéniste, reste, in fine, secondaire. Rassurez-vous, on referme ce livre en sachant ce qui est arrivé à Mme Bloomberg. Mais l’intérêt du roman se trouve ailleurs.

Simon est une figure ambiguë et captivante, oscillant entre génie et folie. Aliéniste, spécialisé dans les maladies mentales, il permet au lecteur de se plonger dans l’ancêtre de la psychiatrie moderne, ce que j’ai trouvé absolument fascinant. Au XIXè siècle, la perception de la folie oscille entre superstition et science. Le spiritisme, très en vogue, influence la pensée de nombreuses personnes (dont l’épouse de Bloomberg). Grâce aux avancées scientifiques, les aliénistes ont une approche plus humaniste et rationnelle pour tenter de comprendre la folie. Dans ce roman, l’aliéniste incarne l’ambiguïté entre progrès scientifique et mystère psychologique. Simon illustre complètement ce rôle complexe, puisqu’il est à la fois médecin, enquêteur, et figure potentiellement inquiétante puisqu’il est très bien placé sur la liste des suspects.

Sarah ajoute une belle profondeur au récit. Dès son arrivée au service du Docteur Bloomberg, elle est frappée par la personnalité de son employeur, mais aussi par la demeure dans laquelle il vit. Le chapitre décrivant le domicile de l’aliéniste m’a laissée sans voix. J’avais l’impression d’avoir chaque objet sous les yeux, de déambuler dans les pièces aux côtés de Sarah.

« Parvenue dans le hall, elle déposa sa valise sur le carrelage et découvrit le décor incroyable. Elle sut à cet instant que la maison avait gagné. Jamais plus elle ne la quitterait. »

L’inspecteur Desnoyers et son adjoint Mesnard sont totalement mal assortis. Mesnard, aux méthodes modernes, est très rationnel. Desnoyers, lui, enquête à l’instinct.

Mention spéciale à Ulysse. Mélange de force brute et de naïveté touchante, j’ai adoré ce personnage. Ancien patient de l’aliéniste, il a un passé complexe que l’on découvre peu à peu, marqué par sa fragilité mentale. Il apporte une touche d’humanité au récit que j’ai trouvé assez perturbante.

Un autre élément central du roman est la demeure du Docteur Bloomberg, véritable personnage à part entière. Avec ses pièces sombres, ses recoins mystérieux, elle est aussi fascinante qu’inquiétante. L’atmosphère qui y règne imprègne chaque scène. La maison semble vivante, elle recèle des secrets qui ajoutent de la tension au récit. Un lieu qui fascine et fait peur, un véritable acteur de l’histoire.

La plume de Jean-Luc est subtile et nuancée. Il s’immisce dans les détails et éveille les sens. « La chambre mortuaire » est une expérience sensorielle totale. On peut sentir l’humidité d’une certaine pièce de la maison, entendre les échos des pas dans les couloirs sombres, voir les ombres se jouer des personnages. Les descriptions parviennent à éveiller une multitude de sensations et j’ai trouvé ça génial.

Si le roman aborde des thématiques intéressantes autour des débuts de la psychiatrie et du spiritisme, il ne prend toutefois pas le temps de les développer en profondeur, ce qui m’a laissée un peu sur ma faim. C’est le seul bémol rencontré lors de ma lecture. Mais ce ressenti est totalement personnel et vient du fait que je suis particulièrement passionnée par ces sujets. J’aurai aimé que l’auteur prenne plus de temps pour les exposer.

« La chambre mortuaire » est un premier tome prometteur. Même si la tension met un peu de temps à monter, il laisse présager une série captivante à mesure que les personnages et les mystères se dévoileront. Je vais me plonger dans le tome 2 avec délice dans quelques jours.

Je vous conseille cette lecture si vous aimez prendre le temps de découvrir un univers richement détaillé, où histoire et suspense se mêlent avec finesse.

Quant à l’objet livre lui-même, il est juste sublime. La couverture est ornée de magnifiques rabats. Un réel plaisir pour les yeux !

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« Au cœur des ténèbres, la Seine s’étire paresseusement, reptile ventru à la formidable musculature. En cette morne soirée d’un printemps moribond, Paris ne vit plus, Paris s’est éteint. Quelques épaves, l’esprit engourdi par l’absinthe ou la drogue, hantent encore ses ruelles. Les plus chanceux atteindront leur domicile sans heurts. Les autres tomberont sous les coups des crocheteurs, ou seront happés par les roues d’un fiacre jaillissant de nulle part. »

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La chambre mortuaire

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’avais repéré cette série déjà avec sa couverture magnifique et son résumé qui était très tentant. Jean-Luc était présent à la Fête du Livre de Saint-Etienne, c’était l’occasion de parler de ses romans avec lui.

Auteur connu : j’ai déjà rencontré Jean-Luc il y a quelques années sur des salons. Voici le dernier en date le mois dernier :

Jean Luc Bizien

Émotions ressenties lors de la lecture : fascination, angoisse, appréhension, curiosité, empathie. 

Ce que j’ai moins aimé : pas grand-chose, à part que j’aurai apprécié voir les thématiques un peu plus détaillées.

Les plus : l’ambiance, l’atmosphère, les sensations ressenties, les personnages, la plume. 

Si je suis une âme sensible : rien qui m’a marquée.

11 réflexions sur “« Les enquêtes de l’aliéniste : La chambre mortuaire » de Jean-Luc BIZIEN

  1. Il y a longtemps, j’ai lu un bouquin qui ressemble beaucoup dont le titre était simplement « l’alieniste ». Je n’ai pas en mémoire le nom de l’auteur, mais j’avais adoré. Je vais regarder ça de plus près 🙂

    Aimé par 2 personnes

  2. un peu une arnaque éditeur ,la série l’aliéniste st parue en 2008 ou 9 dans la collection des polars historiques 10-18 Grands Détectives très diffusée j’en connais 4 ou 5 tomes?

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour, je ne vois pas en quoi c’est une arnaque éditeur. L’auteur précise dans cette nouvelle collection que c’est une réédition de sa trilogie « La cour des miracles », publiée entre 2009 et 2011 chez 10-18 (introuvable de nos jours, sauf d’occasion à des prix exorbitant). L’auteur a retravaillé les textes pour la sortie chez L’Archipel. Pour info prise auprès de Jean-Luc, il n’y a que trois romans écrits à ce jour. Et petit ajout perso : les romans de chez L’Archipel sont si beaux que, même si j’avais en ma possession les livres chez 10-18, je les aurai rachetés !
      Bon week end !

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