Informations
Titre : Sadorski chez le docteur Satan
Auteur : Romain Slocombe
Éditeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 512 pages
Formats et prix : broché 21 € / numérique 14.99 €
Date de publication : 26 septembre 2024
Genre : thriller historique
Résumé
Octobre 1944 : les polices gaulliste et communiste traquent Marcel Petiot, le tueur en série qui sous l’Occupation découpait et brûlait les malheureuses victimes de sa fausse filière d’évasion de Juifs.
Ces mêmes polices recherchent activement Sadorski, flic collabo en fuite, qui pour leur échapper s’est joint à des Français pro-nazis parachutés en territoire libéré pour y commettre des attentats. Lâché par ses complices, il trouve asile chez un collègue, brillant jeune enquêteur de la PJ et marié à une femme
ravissante…
La fatalité veut que Sadorski et Petiot se rencontrent. Le « génie du Mal » va inspirer à l’inspecteur déchu une de ses plus monstrueuses entourloupes ; tandis que « Sado », lui, compte bien mettre la main sur le trésor caché du docteur Satan.
Mon avis
Un contexte historique pesant, une plongée dans la France de l’après-Occupation.
N’ayant pas lu les précédents volets de la saga Sadorski (au nombre de six), j’ai senti un manque de repères dans certains passages, notamment en ce qui concerne le passé du héros. Bien que le livre puisse être lu de manière indépendante, l’absence de ce contexte préalable a probablement pipé les dés sur mon ressenti lecture.
« Sadorski chez le docteur Satan » nous emmène dans une période trouble où les frontières entre traque des criminels, vengeance politique et survie personnelle se brouillent. Nous sommes en octobre 1944. Le roman s’ancre dans un cadre historique minutieusement reconstitué, mais ce soin détaillé m’a laissée à distance. Ne lisant que rarement des livres se déroulant sous l’Occupation ou la Libération, j’ai eu du mal à m’immerger pleinement dans ce décor sombre et oppressant. Il est vrai que j’ai plus d’appétence pour la période relatant la Première Guerre Mondiale.
Léon Sadorski est un personnage complexe et assez peu reluisant : flic collabo en cavale, opportuniste et manipulateur, il incarne les zones grises du comportement humain en temps de guerre. Si ce type de personnage peut être fascinant, on ne peut pas mieux faire que de le détester ! Sa mentalité et ses actes, souvent révoltants, ne laissent que peu de place à l’empathie.
« – Sadorski, Léon. Inspecteur principal adjoint aux Renseignements généraux, révoqué par les gaullo-communistes…Et recherché. »
L’intrigue se concentre sur deux traques parallèles : celle de Marcel Petiot, surnommé « le docteur Satan », et celle de Sadorski lui-même, fuyant la police. Pour moi, la traque de Petiot aura été le volet le plus captivant du roman. L’auteur nous plonge dans l’horreur des crimes de ce tueur en série également connu pour ses machinations glaçantes sous l’Occupation. La tension et le suspense sont habilement mis en scène.
Romain manie l’art de la narration avec précision, sa plume est factuelle. Les descriptions sont bien documentées. Il traduit un souci constant de la véracité historique, ce qui confère à l’ensemble une grande authenticité.
« Sadorski chez le docteur Satan » aborde de multiples thématiques. La première est celle de la collaboration et de ses conséquences, à travers le parcours de Sadorski, antihéros par excellence, pris dans une fuite en avant pour échapper à ses actes passés. La traque de Marcel Petiot met en lumière les horreurs humaines dans un contexte où la guerre déforme les repères moraux. La seconde est celle de la survie, qu’elle soit physique, politique ou psychologique, dans une France exsangue marquée par les rancœurs et les conflits d’intérêt. Pour finir, nous avons l’obsession de l’argent, incarnée par la convoitise du supposé trésor de Petiot, qui ajoute une dimension d’avidité qui contraste avec la noirceur d’autres motivations.
Le dénouement, fidèle au ton général du livre, souligne les choix humains en temps de crise, sans offrir de réelle catharsis pour le lecteur. Elle m’a laissé un arrière-goût d’injustice.
« Sadorski chez le docteur Satan » ravira les amateurs de fresques historiques sombres et aux lecteurs fidèles à l’auteur. Une lecture que je conseille donc aux passionnés d’Histoire. A savoir qu’une suite en deux tomes est prévue.
« Si l’on a été vaincu en juin 40, c’est en grande partie de leur faute ! Et l’autre partie à cause des sabotages des cocos dans les usines d’armement. De drôles de patriotes, ceux-là ! Des girouettes aux ordres de Staline… »
Je remercie le Groupe Editis et les Éditions Robert Laffont pour cet envoi.
#SadorskichezledocteurSatan #RomainSlocombe #RobertLaffont

En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le sujet de l’affaire Petiot me semblait intéressant.
Auteur connu : découvrez ma chronique de « Avis à mon exécuteur » . J’ai eu la chance de rencontrer Romain à Sang d’Encre en 2018.

Émotions ressenties lors de la lecture : tension, angoisse, colère, indignation, réflexion.
Ce que j’ai moins aimé : l’époque…
Les plus : le travail de documentation, la plume, le personnage de Sadorski.
Si je suis une âme sensible : certaines scènes sont difficiles.
