« Les guerriers de l’hiver » d’Olivier NOREK

Informations 

Titre : Les guerriers de l’hiver

Auteur : Olivier Norek

Éditeur : Michel Lafon

Nombre de pages : 448 pages

Formats et prix : broché 21.95 € / numérique 14.99 €

Date de publication : 29 août 2024

Genre : roman historique

Résumé

« Je suis certain que nous avons réveillé leur satané Sisu.
– Je ne parle pas leur langue, camarade.
– Et je ne pourrais te traduire ce mot, car il n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Le Sisu est l’âme de la Finlande. Il dit le courage, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination…
Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d’un acier qui nous résiste aujourd’hui. »
Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent.
Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende.
La légende de Simo, la Mort Blanche.

Mon avis

Une immersion terrifiante dans un hiver de guerre.

Avec ce nouveau roman, Olivier Norek sort clairement de sa zone de confort et nous propose un roman bien loin de ses thrillers mettant en scène le Capitaine Coste. Et il a eu bien raison !

Il plonge le lecteur dans l’une des pages les plus froides et cruelles de l’histoire : la guerre d’Hiver, qui a opposé la Finlande et l’Union Soviétique entre novembre 1939 et mars 1940. Honte à moi, je n’en avais jamais entendu parler…Je suis donc ressortie de cette lecture plus riche ! Merci Olivier.

Ce conflit, qui a vu un pays minuscule affronter un géant, est ici revisité à travers les yeux des soldats et des civils finlandais, en particulier à travers la légende de Simo Häyhä, surnommé « La Mort Blanche ». L’auteur s’empare de cette histoire vraie et en fait le cœur d’un récit poignant, dur, et profondément humain.

La rigueur de l’hiver et la dureté des conditions de guerre sont omniprésentes dans le roman. Les personnages sont souvent confrontés à la faim, au froid, à l’épuisement et à la peur. Ce contexte, de l’horreur du combat jusqu’au silence glacé des forêts finlandaises est magnifiquement décrit par Olivier, dont le style se caractérise par une grande précision et une atmosphère suffocante. Chaque page est imprégnée de cette sensation de survie extrême, où l’ombre de la mort rôde en permanence. La plume d’Olivier est d’autant plus frappante qu’elle parvient à restituer cette violence physique et psychologique, tout en restant poétique dans ses descriptions des paysages gelés. La narration est sobre, poignante.

« A quelques kilomètres de la frontière russe, la région de Kollaa se révélait inhospitalière. Des forêts denses de bouleaux et de sapins bordées de marécages, des lacs entourés de plaines de granit qui laissaient les hommes constamment à découvert, et une seule route assez large pour y faire passer soldats et tanks russes, soit autant de raisons de penser qu’il aurait fallu être médiocre pour attaquer la Finlande par cet endroit. »

Une des grandes forces du roman réside dans la manière dont l’auteur explore le concept du « Sisu« , ce mot finlandais qui n’a pas d’équivalent exact en français, mais qui incarne une forme de détermination, de courage et de ténacité sans faille face à l’adversité. Le « Sisu » n’est pas seulement une force intérieure, c’est un élément fondateur de l’identité finlandaise, et Norek le met en lumière à travers les personnages qui se battent, non seulement pour leur survie, mais pour une cause plus grande : celle de leur liberté et de leur dignité.

C’est dans ce contexte que naît la figure légendaire de Simo Häyhä, l’un des tireurs d’élite les plus redoutables de la guerre, surnommé « la Mort Blanche » par les Soviétiques en raison de ses exploits sur le terrain. Le roman ne se contente pas de décrire ses actes militaires, mais s’attarde également sur son profil psychologique. Simo est un homme humble, mais aussi un homme de silence, guidé par un sens profond du devoir et une résistance indéfectible. Ce personnage incarne parfaitement le « Sisu » : un homme face à la mort, mais qui refuse de plier. Sa légende, qui dépasse les frontières du roman, résonne comme un hommage à tous ceux qui, dans des moments extrêmes, trouvent en eux-mêmes la force de surmonter l’inimaginable.

« Les Guerriers de l’Hiver » n’est pas seulement un roman historique, c’est aussi une réflexion sur la guerre, ses horreurs et ses conséquences. Olivier va au-delà du simple récit de bataille : il explore les émotions humaines dans ce contexte extrême. Les personnages ne sont pas de simples héros militaires, mais des hommes et des femmes plongés dans une guerre totale, tiraillés entre la survie et l’humanité. L’auteur ne laisse pas de place à la glorification de la guerre, mais dévoile plutôt les sacrifices, les douleurs et les pertes inévitables qu’elle engendre.

Les personnages sont d’une grande richesse, chacun apportant une facette différente de la guerre et de la résistance. D’un côté, il y a des figures légendaires comme Simo, et de l’autre, des hommes et des femmes ordinaires confrontés à l’extraordinaire défi de survivre dans des conditions extrêmes. Toivo, Onni, Pietari. Sans oublier les fameuses lottas, ces femme volontaires rattachées à l’armée finlandaise, dont fait partie Leena.

« Sans se douter qu’elle s’en mordrait les doigts des années plus tard, la mère de Leena avait planté ce jour-là les graines de son tourment actuel, car Leena, depuis son adolescence, n’attendait que d’avoir dix-huit ans pour à son tour, enfin, devenir une Lotta. »

Olivier Norek réussit à humaniser ses personnages tout en les inscrivant dans un contexte historique majeur, leur offrant une dimension universelle : celle du combat contre l’injustice, la douleur et la mort.

À travers ces portraits d’hommes et de femmes en guerre, Olivier interroge la notion de courage. Est-ce uniquement un acte héroïque dans une bataille ? Ou est-ce la persévérance de ceux qui, dans la douleur, continuent d’avancer, un pas après l’autre, malgré tout ? Le roman propose une vision plus complexe et plus nuancée de ce que signifie être un guerrier.

Le travail de recherches effectué a été considérable, incluant des photos, listant les archives consultées. Mais certains passages souffrent de longueurs, rendant la lecture inégale niveau rythme. Et par moment, la rigueur presque académique de l’auteur prend le pas sur l’émotion, ce qui m’a empêchée de me laisser pleinement emporter par l’histoire des personnages. Il m’a manqué un petit quelque chose émotionnel. C’est le seul reproche que je ferai sur « Les guerriers de l’hiver ». Pourtant cette rigueur est indispensable pour une bonne compréhension du contexte. La finesse des faits a certes éclairé mon regard sur cette guerre, mais m’a aussi tenu à distance de la chaleur humaine que j’aurais souhaité ressentir. Malgré tout j’ai été fascinée par cette lecture qui m’a tenue en haleine et que j’ai dévoré sans retenue.

Le lecteur est face à un roman captivant et puissant qui rend hommage à l’esprit de résistance et à la ténacité humaine, une lecture incontournable pour quiconque s’intéresse à l’histoire, à la résilience humaine et à la guerre.

A noter que « Les guerriers de l’hiver » a reçu le Prix Renaudot des lycéens 2024 et le Prix Jean Giono 2024.

« La lumière pleut sur ses yeux fermés, sur son corps allongé au cœur arrêté.
Autour de lui, le dernier jour de la guerre jonche le sol de dépouilles par milliers, déposées à la surface de la neige rouge.
Il n’est personne parmi les autres. Ni plus précieux, ni plus important. Mais ailleurs, il pourrait être un père, un frère, un ami ou un mari. Ailleurs, il est tout. »

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Les guerriers de l'hiver

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’apprécie beaucoup Olivier, et d’autant plus lorsqu’il sort ce type de roman. Il a un talent indéniable pour faire vibrer le lecteur. Et puis, le fait que les « Guerriers de l’hiver » étaient en lice pour plusieurs prix, dont le Goncourt, a attisé ma curiosité.

Auteur connu : j’ai tout lu d’Olivier, les premiers avant l’aventure du blog. Retrouvez les chroniques de ses romans ici.

J’ai rencontré Olivier à de nombreuses reprises sur différents salons. Le dernier en date étant la Fête du Livre de Saint-Etienne cette automne.

Olivier Norek

Émotions ressenties lors de la lecture : tristesse, mélancolie, colère, peur, angoisse, respect, admiration.

Ce que j’ai moins aimé : le rythme inégal, la plume trop académique, trop rigoureuse.

Les plus : les personnages, l’ambiance, les détails historiques, la plume (oui, pour moi elle est à la fois un atout et un défaut).

Si je suis une âme sensible : une grande méfiance. Certaines scènes sont des scènes de guerre, avec tout ce que cela implique.

4 réflexions sur “« Les guerriers de l’hiver » d’Olivier NOREK

  1. Très très  gros coup de cœur pour ce roman que j’ai trouvé  grandiose et  qui est une véritable épopée historique où tout sonne juste et  une ode  poignante à l’esprit de sacrifice et de résistance. Les personnages –  dont certains sont les « doubles » de protagonistes réels –  sont criants de vérité. Olivier Norek a su aussi donner toute sa place à l’hiver finlandais dont le froid terrible (-50°)  est à la fois un allié et un ennemi. Je trouve vraiment que ce roman est passionnant et bouleversant et fait écho à l’actualité en Ukraine. J’ai aussi lu tous les romans de Olivier Nirek et tous aimés . Zoé

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