« Habemus Bastard : L’être nécessaire » et « Un cœur sous une soutane » de Jacky SCHWARTZMANN et Sylvain VALLEE

Informations 

Titre : Habemus Bastard

Auteur : Jacky Schwartzmann et Sylvain Vallée

Éditeur : Dargaud

Nombre de pages : 88 pages

Formats et prix pour chaque tome : broché 21 € / numérique 13.99 €

Date de publication : 3 mai 2024 pour le tome 1 et  4 octobre 2024 pour le second

Genre : bande dessinée

Résumé du tome 1

Un homme de main n’a pas droit à l’erreur.

Lucien le sait, son patron ne lui pardonnera pas.

Il aurait pu faire n’importe quoi pour sauver sa peau : prendre un avion pour l’étranger et tenter de se faire oublier, s’engager dans la Légion ou même changer de tête.

Mais il a trouvé mieux : une soutane.

Résumé du tome 2

Lucien a pris ses marques et a fini par endosser pleinement son rôle de nouveau curé de Saint-Claude.

Son petit business est fructueux et la soutane lui apporte de nombreux avantages en nature. Mais son passé commence à le rattraper…

Gendarmes, gitans, gangsters et paroissiens, ils en ont tous après lui et la réunion finale s’annonce explosive !

Mon avis

La série « Habemus Bastard », écrite par Jacky Schwartmann et illustrée par Sylvain Vallée, nous plonge dans un univers aussi décalé qu’haletant, mêlant humour noir, satire sociale et dose de folie.

N’étant pas habituée à lire des romans graphiques (cela m’arrive quelquefois), j’avais acheté le tome 1 lors des Gueules Noires du Polar. Et arrivée à la fin de « L’être nécessaire », un dimanche bien évidemment, il me fallait absolument la suite, je ne pouvais pas attendre. Je bénis le numérique, en trois clics, hop, je pouvais continuer ma lecture et découvrir la suite des aventures de notre curé si spécial, « Un cœur sous une soutane ».

Je mettrais en garde les croyants, les catholiques qui se rendent tous les dimanches à la messe. Cette série n’est clairement pas pour vous. L’Église en prend un sacré coup, vous risqueriez d’être choqués. Les autres, foncez, c’est un régal.

Tout commence par ce titre, « Habemus Bastard », qui m’a fait penser à Habemus Papam, la locution latine signifiant « Nous avons un pape ». Ici, point de pape, mais un curé. Point de Rome, mais Saint-Claude. Attardons-nous un peu sur cette couverture, avec ce curé à la manche tâchée de sang. Un homme de foi aurait-il commis un meurtre ? Et ce bas de visage, anguleux, je dirais presque menaçant. Bref, tout pousse à ouvrir ce roman graphique. Méfiez-vous, une fois entre ses pages, vous ne pourrez plus vous en défaire.

Jacky Schwartmann crée un monde où la dérision se mêle à des réflexions plus profondes sur la société, la politique et la condition humaine. Le premier tome nous introduit dans un univers complexe où les personnages sont aussi imparfaits que réels. Nous suivons le parcours de personnages aux profils hétéroclites, confrontés à des situations aussi absurdes que poignantes. Lucien, tueur à gages, commet une énorme boulette, et est contraint de se mettre au vert. Il décide de prendre la place de Père Philippe, et devient le nouveau curé du petit village de Saint-Claude, capitale de la pipe (détail qui pourrait être tout à fait anodin, mais qui aura son importance plus tard, croyez-moi). Lucien, enfin Père Philippe, va dépoussiérer la paroisse !

« – Comment ça, est-ce que je suis prêt pour demain ? Y a quoi demain ?

-Y a quoi demain ? Je te donne un indice…Demain, c’est dimanche. »

Le ton de Jacky est mordant, plein de tendresse, souvent caustique, mais sans jamais tomber dans l’excès. C’est un humour qui se déploie sous forme de caricatures, de situations extrêmes, tout en s’appuyant sur des dialogues percutants et des rebondissements inattendus. Les événements s’enchaînent rapidement, l’intrigue est dynamique et nous pousse sans relâche à tourner les pages (j’en suis la preuve puisque j’ai boulotté les deux tomes en un après-midi). Ce n’est pas un roman linéaire, bien au contraire, l’action se construit par vagues, tout en gardant une certaine tension entre les moments de comédie et de gravité.

Dans le deuxième tome, l’histoire prend une nouvelle tournure, avec des enjeux encore plus profonds et des personnages qui évoluent dans un cadre toujours aussi décalé. Le mélange d’absurde et de réflexion sur des thématiques sociales, politiques, voire philosophiques, reste central. Le lecteur est toujours tenu en haleine, les rebondissements sont nombreux et l’intrigue gagne en complexité tout en restant accessible et très divertissante.

Le travail graphique de Sylvain Vallée est essentiel à l’identité de « Habemus Bastard ». Son style, qui se distingue par sa fluidité et sa capacité à capter les émotions des personnages, fait plus que simplement illustrer le texte : il l’enrichit et le transforme. Sylvain parvient à traduire visuellement le comique de chaque situation, tout en renforçant la charge émotionnelle des moments plus graves. Ses dessins sont vivants, dynamiques, et parfaitement adaptés au rythme de la narration.

 

Habemus Bastard

 

Les personnages sont dessinés avec une grande expressivité, leurs visages et postures traduisent souvent plus que les mots eux-mêmes et cela permet au lecteur de s’immerger dans l’histoire de manière presque sensorielle.

L’univers de « Habemus Bastard » est à la fois un terrain de satire sociale et une critique des dérives humaines, et Sylvain parvient à traduire cette ambiance à travers un visuel puissant, presque cinématographique. La manière dont il compose ses planches, la façon dont il rythme les scènes lui permet d’amplifier l’immersion du lecteur.

 

Habemus Bastard

 

La dynamique entre Jacky et Sylvain est un modèle de complémentarité : l’écriture de Jacky trouve une résonance parfaite dans le style graphique expressif et fluide de Sylvain. Ensemble, ils réussissent à construire un univers à la fois décalé, drôle et profondément humain. Les deux tomes s’enchaînent avec fluidité, et même si le deuxième apporte de nouvelles dimensions à l’histoire, il reste parfaitement fidèle à l’esprit du premier, offrant au lecteur une expérience de lecture à la fois divertissante et réfléchie.

« Habemus Bastard » est une série incontournable pour ceux qui recherchent une bande dessinée capable de mélanger avec brio humour, critique sociale et émotion, tout en bénéficiant d’un graphisme à la hauteur du texte. Un petit conseil : achetez les deux en même temps, cela vous évitera une immense frustration !

« Un vrai prêtre fait vœu de chasteté, pas de pauvreté. Moi ? Moi, j’ai fait vœu de cavale. »

#HabemusBastard    #JackySchwartzmann  #SylvainVallée

Serie habemus bastard

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’en avais entendu parler sur les réseaux et par les blogueurs. J’avais envie de découvrir l’association de la plume de Jacky avec les dessins de Sylvain.

Auteurs connus : si je connaissais déjà Jacky, c’était la première fois que je rencontrais Sylvain, cet automne, au salon des Gueules Noires du Polar.

Les gueules noires du polar

Émotions ressenties lors de la lecture : joie, envie, curiosité, envie, admiration. 

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’humour décalé, les sujets abordés, le graphisme, le duo Jacky/Sylvain, série en deux tomes (permettant de faire durer le plaisir, mais pas trop non plus), la fin.

Si je suis une âme sensible : RAS

Une réflexion sur “« Habemus Bastard : L’être nécessaire » et « Un cœur sous une soutane » de Jacky SCHWARTZMANN et Sylvain VALLEE

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