« Les mafieuses » de Pascale DIETRICH

Informations 

Titre : Les mafieuses

Auteur : Pascale Dietrich

Éditeur : J’ai lu et Liana Lévi pour la version brochée

Nombre de pages : 192 pages

Formats et prix : broché 21 € / poche 7.10 €  /  numérique 7.49 €

Date de publication : 11 mars 2020 pour le poche et 7 février 2019 pour le broché

Genre : polar

Résumé

Il y a toujours moyen de s’arranger avec la réalité chez les gangsters. À condition de respecter le code d’honneur, on peut même mener une vie formidable ! C’est en tout cas ce que Leone Acampora, vieux mafioso grenoblois, a enseigné à sa famille. Michèle et ses deux filles ont donc appris à fermer les yeux lorsqu’elles trébuchaient sur un cadavre ou une valise de cocaïne dans leur joli salon en marbre. Et si, aujourd’hui, Dina a parfois mauvaise conscience, elle espère se racheter en travaillant dans l’humanitaire. Quant à Alessia, pharmacienne inspirée, elle a pas mal d’idées pour moderniser le business paternel. Ainsi va la vie chez les femmes Acampora, entre coups de fusil à pompe et séances de tai-chi. Jusqu’à ce que le vieux Leone perde les pédales. Car avant de mourir, il a laissé une dernière instruction : lancer un tueur à gages aux trousses de sa femme… L’occasion pour les mafieuses de déboulonner un vieux monde machiste et ringard.

Mon avis

Un roman rafraîchissant et original.

Bienvenue chez la famille Acampora, à Grenoble. Leone, le patriarche, vieux mafioso atteint d’Alzheimer, hospitalisé, est sur le point de s’éteindre tranquillement, en passant pas la case coma. Sa femme et ses filles se relayent à son chevet. Michèle, Dina et Alessia. Quel trio !

Michèle, la mère, incarne la figure de la femme forte, capable de s’adapter à un univers de violence tout en restant fidèle à ses principes. Elle a appris à vivre dans ce monde en fermant les yeux sur des détails perturbants (comme les cadavres et la drogue), mais elle n’a jamais cessé de maintenir une forme de dignité. Dina, quant à elle, est la figure de la conscience morale. Elle essaie de racheter les « écarts » de sa famille en travaillant dans l’humanitaire, un contraste flagrant avec ses origines. Son désir de rédemption se heurte à la réalité de son héritage mafieux, mais c’est ce qui la rend encore plus attachante et humaine. Enfin, Alessia, la cadette, est la plus audacieuse et dynamique. Pharmacienne brillante, mais aussi dealeuse, elle voit dans l’héritage de son père une opportunité de moderniser et de révolutionner les affaires de la famille. Elle est le bras droit idéal pour secouer les traditions poussiéreuses de la mafia tout en maniant habilement la violence et l’humour.

« Elle imagina un raid meurtrier dans la maison de retraite de Remo, les vieux tentant de prendre la fuite en poussant leurs déambulateurs ou en faisant vrombir désespérément les moteurs de leurs fauteuils roulant électriques. »

Leone rebat les cartes depuis son lit de mort, puisque sa femme et sa fille apprennent via une lettre qu’il a engagé un tueur à gages et qu’il a posé un contrat sur…la tête de Michèle !

Ce trio féminin, véritable cœur du roman, apporte une dimension intéressante, en montrant comment ces femmes, malgré leurs parcours et leurs valeurs différentes, forment une équipe solide. Leur esprit d’initiative et leur humour permettent de déjouer les pièges d’un monde où elles sont souvent reléguées à des rôles secondaires.

L’humour est sans conteste l’un des atouts majeurs de ce roman. Pascale manie avec brio la dérision et le second degré, notamment lorsqu’il s’agit de décrire le quotidien de cette famille mafieuse. Elle parvient à traiter de sujets graves (la violence, la criminalité, la mort, la maladie) tout en les rendant légers par le prisme de l’humour. Les scènes sont souvent irrésistiblement comiques, et l’absurde se mêle habilement à la réalité. J’ai adoré Alessia et sa distribution de tube d’homéopathie dans son officine (je vous laisse le soin de découvrir de quoi il s’agit !). D’autres scènes m’ont fait éclater de rire, un régal !

Sous l’apparente légèreté de l’intrigue, « Les mafieuses » aborde des thèmes profonds, en particulier la question du féminisme et de la place des femmes dans un monde traditionnellement masculin. Leone représente cette mafia d’un autre temps, machiste et vieillissante. Mais ses filles, notamment Alessia, sont bien décidées à bousculer cet ordre établi. Leurs ambitions et leur capacité à mener les affaires familiales différemment témoignent d’une volonté de réécrire les règles du jeu.

« Dès que leur père se lançait dans une sale affaire, on pouvait être sûr que la Croix-Rouge, les petits frères des Pauvres ou Médecins du Monde n’allaient pas tarder à recevoir un joli chèque de la famille Acampora. »

Le roman met en lumière la manière dont ces femmes se réapproprient leur héritage pour en faire quelque chose de plus moderne et égalitaire. Elles n’hésitent pas à se servir de leurs compétences et de leur intelligence pour faire évoluer le business familial. Alternant humour et action, Pascale offre une réflexion sur la place des femmes dans des sphères traditionnellement dominées par les hommes.

Pascale signe ici un roman énergique et rythmé, avec un style fluide et percutant. Sa plume est légère. Les dialogues sont vifs, incisifs, et remplis de réparties mémorables, ce qui renforce l’aspect comique du récit.

Le cadre, entre la ville de Grenoble et les milieux mafieux, est bien choisi, apportant une touche de réalisme et de modernité à l’histoire. Pascale n’hésite pas à détourner les codes du genre pour en faire un outil de critique sociale.

J’ai beaucoup apprécié la façon dont Pascale marie l’humour et la réflexion. Elle m’a fait rire avec ses scènes drôles et décalées, et, quelques pages plus loin, elle m’a confrontée à des réalités assez dérangeantes, je dois bien l’admettre. Loin d’édulcorer les sujets sérieux, l’usage de l’humour permet de les rendre accessibles et percutants. Pascale pointe du doigt les stéréotypes avec une légèreté qui n’amoindrit en rien leur importance. Je me suis retrouvée à osciller entre une empathie sincère envers les personnages et un amusement complice face aux stratégies narratives.

« Les mafieuses » est un roman rafraîchissant et original qui réussit à mêler humour, action et réflexion. Si vous aimez les histoires de famille déjantées, les personnages aux caractères bien trempés et l’humour décalé, ce livre est fait pour vous ! Vous en ressortirez avec un sourire, mais aussi avec une réflexion sur les normes et les rôles dans notre société.

« Dans ce métier, il faut inspirer la crainte, mais aussi la confiance et le respect. »

#Lesmafieuses    #PascaleDietrich

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : « Les mafieuses » m’a été conseillé par une amie lectrice et au vu du résumé, j’ai senti que j’allais passer un bon moment de lecture. J’avais bien besoin d’un roman drôle et rafraichissant.

Auteur connu : Je ne connaissais pas du tout Pascale. J’ai eu la chance de la rencontrer lors des Gueules Noires du Polar en novembre dernier, et le courant est très bien passé. Une auteure que je vais suivre !

Pascale Dietrich

Émotions ressenties lors de la lecture : joie, curiosité, envie, amusement, complicité, empathie.

Ce que j’ai moins aimé : pas grand chose.

Les plus : les personnages, le féminisme abordé, l’originalité de l’histoire, la plume, l’humour, la fin.

Si je suis une âme sensible : RAS (une scène un peu difficile, mais vous pourrez toujours sauter le paragraphe !)

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