Informations
Titre : La librairie des livres interdits
Auteur : Marc Levy
Éditeur : Lizzie et Robert Laffont
Nombre de pages : 352 pages
Formats et prix : broché 21.90 € / numérique 14.99 € / audio 21.90 €
Date de publication : 19 novembre 2024
Genre : dystopie
Résumé
Mitch, libraire passionné, est arrêté un matin pour un crime impensable : il a transgressé la loi en vendant des livres interdits.
Après cinq années de prison, il n’a qu’un désir, retrouver sa liberté et sa librairie. Mais le destin en décide autrement. Le même jour, Mitch croise le procureur qui l’a fait condamner et rencontre Anna, une jeune chef qui pourrait bien être la femme de sa vie.
Que faire quand on est pris entre une irrépressible envie de vengeance et une irrésistible envie d’aimer ? Peut-on rêver d’un avenir sans s’être acquitté du passé ?
Mon avis
Mon point sur la narration :
Lu par : Sylvain Agaësse
Durée d’écoute : 7 heures et 50 minutes
J’ai découvert ce roman dans sa version audio, et je dois dire que la performance de Sylvain Agaësse m’a complètement transportée. L’écoute se transforme en une expérience intimiste, chaque mot soigneusement prononcé par le narrateur semblant vibrer d’émotion. Sa voix chaleureuse, tour à tour grave et vibrante, et son intonation parfaitement adaptée donnent vie aux personnages et à l’univers créé par Marc Levy.
L’inclusion de bruits de fond subtils renforce l’immersion et nous plonge davantage dans cet univers si particulier. Cette narration immersive ajoute une dimension supplémentaire à l’histoire et en fait une expérience littéraire unique. La tension est palpable dans chaque chapitre, amplifiée par la précision des descriptions et le souffle haletant de la narration.
Mon avis sur le roman :
Une invitation à découvrir un univers où les mots deviennent des trésors à protéger, mais aussi un voyage émotionnel teinté de romance et d’aventures.
Le roman débute dans une librairie secrète où sont préservés des ouvrages censurés ou oubliés. Une loi vient d’être promulguée et interdit certains livres…
Marc ne donne volontairement pas d’indication géographique ni temporelle. Et pourtant… Si l’on s’intéresse à l’actualité, on sait que le gouverneur de Floride a pris des mesures similaires, il y a deux ans. Les adolescents peuvent acheter des armes à feux, mais ne peuvent pas lire « Le journal d’Anne Franck ». Cherchez l’erreur.
« -Ma librairie se porte aussi bien que les autres, sinon que désormais des fonctionnaires décident de ce que j’ai le droit d’y vendre. Non, c’est pire : de ce que je n’ai plus le droit de vendre. »
Mitch, un libraire passionné, est déterminé à protéger ces livres à tout prix. Il aménage une pièce secrète dans sa librairie et crée une sorte de club de lecture clandestin.
Lorsqu’Anna, une jeune femme au passé trouble, entre dans sa vie, l’intrigue prend une tournure inattendue. Si la librairie et les livres qu’elle abrite sont au cœur de l’intrigue, l’histoire s’oriente ensuite vers une romance entre Mitch et Anna, qui naviguent entre secrets et dangers.
Le concept d’une librairie abritant des livres interdits ou oubliés est absolument fascinant. Ce sanctuaire littéraire m’a enchantée et a suscité en moi une grande curiosité. On ressent tout l’amour de l’auteur pour la littérature et son pouvoir à travers ces pages.
En effet, dès les premières minutes, le roman s’ancre dans une atmosphère de clandestinité. Marc explore ici un sujet choc : la répression culturelle à travers la censure des livres. Dans un monde où les mots sont traqués et les bibliothèques dissoutes, Mitch incarne la résistance. Sa quête pour sauver les livres interdits et les dissimuler dans des lieux improbables m’a profondément émue. Je vous avoue qu’à sa place, j’aurai fait pareil !
L’auteur explore avec finesse les questions de censure littéraire, de liberté d’expression et de résistance culturelle. Ces thèmes, plus que jamais d’actualité, incitent à réfléchir sur le rôle des livres dans la transmission des idées et des valeurs. Marc souligne le pouvoir des livres et leur rôle fondamental dans la résistance à l‘autoritarisme. Ils sont vraiment les symboles de la liberté humaine et sont capables de défier les forces les plus répressives.
Il est impossible de lire ce roman sans ressentir une admiration mêlée de tristesse pour ces personnages qui risquent tout pour défendre la littérature. Ces « passeurs de livres » deviennent des héros ordinaires, leurs mains tremblantes dissimulant des trésors, risquant à tout moment une descente de police. Ce côté du récit m’a captivée, au point de me donner envie de fouiller mes propres étagères à la recherche d’histoires qui auraient pu être censurées. Autant vous dire que j’aurai été placée derrière les barreaux vite fait bien fait !
Comme à son habitude, Marc sait captiver ses lecteurs avec une plume simple mais efficace, qui rend la lecture fluide et agréable.
Mais alors que cette lutte pour la liberté de lire aurait pu rester au centre, l’histoire d’amour entre Mitch et Anna prend une place qui, pour moi, semble presque superflue. Bien qu’elle serve parfois à humaniser les personnages ou à alléger l’ambiance pesante, elle finit par distraire de l’intrigue principale.
Si l’idée de la librairie interdite m’a complètement séduite, j’ai été moins convaincue par le développement de la romance. Je l’ai trouvée parfois clichée et prévisible, au détriment de l’intrigue principale autour des livres interdits. La puissance du message central, riche en enjeux littéraires et politiques, est diluée par l’histoire entre Mitch et Anna. Attention, la relation entre Mitch et Anna est bien écrite et les dialogues entre eux sont empreints de tendresse, mais ils ralentissent le récit. Ce n’est que mon ressenti personnel, selon moi, l’histoire des livres interdits, avec tout son potentiel émotionnel et symbolique, était suffisante pour porter l’intrigue.
Certains personnages secondaires enrichissent l’univers du roman, apportant une belle profondeur au récit. Les clients réguliers de la librairie interdite, les alliés potentiels dans la lutte contre la censure, Mme Ateltow, enseignante à la retraite, et M. Verner, professeur de violon, seront d’une aide précieuse pour Mitch et son projet. Mme Ateltow incarne la figure du passeur de savoirs. À travers son personnage, l’auteur rend hommage à ceux qui, dans l’ombre, ont consacré leur vie à préserver et transmettre la connaissance, même face à la répression. Elle est une figure de résistance tranquille. Elle ne se bat pas avec des armes ni de grands discours, mais avec son inébranlable conviction que les livres doivent survivre. Sa force réside dans sa résilience : même face au danger, elle refuse de céder à la peur.
M. Verner, quant à lui, est un personnage à part, car il représente une autre forme d’art menacée par la censure : la musique. Il montre que la résistance ne se limite pas à la sauvegarde des livres, mais qu’elle s’étend à toutes les formes d’expression artistique.
À travers eux, Marc Lévy illustre que la culture, sous toutes ses formes, est un rempart contre la barbarie.
« Vous n’avez sûrement pas envie d’entendre des conseils, mais je vais vous en donner un quand même : ne perdez pas votre temps à ruminer le passé, ne pensez qu’à l’avenir, vous avez la chance d’en avoir un.”
Marc a inclus à la fin du roman la liste des livres interdits et les explications concernant cette loi existant réellement, la loi HB1467. Son impact en Floride est conséquent : de nombreux livres ont été temporairement ou définitivement retirés des bibliothèques scolaires et des salles de classe, soit pour éviter des controverses, soit par crainte de représailles juridiques. Cela concerne souvent des œuvres abordant des questions liées à la diversité culturelle, sexuelle, ou historique.
« La librairie des livres interdits » est un roman qui parle d’amour, mais surtout de celui pour les livres, de cet attachement viscéral à une liberté qu’aucune dictature ne peut complètement museler. Pour moi, le roman est à son sommet lorsqu’il évoque la clandestinité littéraire et la répression culturelle. Si la romance entre Mitch et Anna a freiné mon enthousiasme, cela n’enlève rien à la force du message central.
Un roman qui, malgré quelques faiblesses, m’a fait passer un bon moment. Une expérience à vivre, pour les amoureux de la littérature… et de la liberté.
« Que c’était précisément cela le rôle des livres, être des remèdes contre les peurs, les préjugés et la haine. »
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En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur et le titre !
Auteur connu : qui ne connaît pas Marc Levy ? Vous pouvez retrouver sur le blog de nombreuses chroniques de cet auteur. Ses premiers romans ont été lus avant l’aventure du blog. J’ai pu le rencontrer à plusieurs reprises, dont la dernière en date l’an dernier.

Émotions ressenties lors de la lecture : émerveillement, espoir, frustration, peur, mélancolie, curiosité.
Ce que j’ai moins aimé : le côté romance, trop développée à mon goût, au détriment du reste, le rythme.
Les plus : le sujet, la plume, l’hommage à la littérature, les personnages, l’immersion.
Si je suis une âme sensible : RAS
