Informations 

Titre : La barque de Masao

Auteur : Antoine Choplin

Éditeur : Buchet Chastel

Nombre de pages : 208 pages

Formats et prix : broché 19.50 € / numérique 13.99 €

Date de publication : 22 août 2024

Genre : littérature française

Résumé

Masao est ouvrier sur l’île de Naoshima (Japon). Ce soir-là, en quittant l’usine, il découvre Harumi venue l’attendre plus de dix ans après leur dernière entrevue. Des rendez-vous, emplis de pudeur et d’humanité, vont ponctuer leurs retrouvailles. Ce face à face ravive les souvenirs… Remonte à la mémoire de Masao, cette histoire d’amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d’Harumi. Les années passées comme gardien du phare d’Ogijima.
Ou encore les heures de plénitude à bord de la barque qu’il a construite de ses propres mains.

Mon avis

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2024 

Une plongée délicate dans l’intimité d’un homme marqué par l’amour, le deuil et la mémoire.

Bien que l’auteur soit français, « La barque de Masao » se déroule dans un cadre japonais et adopte une certaine esthétique totalement inspirée la culture japonaise. 

Ile de Naoshima, Japon. Tout commence avec les retrouvailles entre Masao et sa fille, Harumi. Si cette rencontre est le point d’ancrage du roman, ce sont bien les souvenirs qu’elle ravive qui constituent le cœur de l’histoire. Le lecteur est invité à naviguer dans les méandres des souvenirs de Masao : son amour pour Kazue, la mère d’Harumi, son rôle de gardien de phare sur l’île d’Ogijima, et la sérénité qu’il trouvait dans sa barque qu’il a construite lui-même. Ces fragments de vie, portés par une écriture délicate, dévoilent une humanité profonde et sincère.

Ce qui m’a séduit immédiatement chez Choplin, c’est son style : une plume claire, fluide, presque minimaliste, et chargée d’émotions. L’auteur parvient à traduire les sensations les plus fugaces : la caresse du vent marin, le scintillement de l’eau sous une lumière changeante, ou encore l’ombre de l’absence et du regret. Cette capacité à rendre palpable l’impalpable fait de « La Barque de Masao » une expérience de lecture presque méditative. Choplin réussit à sublimer les moments ordinaires de la vie, il les valorise et pousse le lecteur à apprécier les petites choses façonnant l’existence.  

« Pour la première fois depuis la fin de l’été, Masao remarque combien le soleil a baissé sur l’horizon. Dans sa direction, il y a les rebonds scintillants de la lumière sur la surface de la mer. Le vent est tombé. La nuit sera comme il la souhaite, calme, fraîche, limpide. »

Au-delà des relations humaines, ce roman est aussi une ode à la nature et aux éléments. L’omniprésence de la mer, des îles et de la barque confère au récit une dimension presque universelle, comme si Choplin nous rappelait que le temps et la mémoire, à l’image des marées, façonnent nos vies en douceur et en profondeur. Ces éléments naturels sont des refuges pour l’âme, jouant un rôle apaisant, apportant une belle harmonie. 

L’auteur explore des thématiques universelles, ce qui permet de plonger son lecteur dans un récit à la fois intime et contemplatif. L’amour entre Masao et Kazue est dramatique, mais il est décrit avec une beauté sobre. Choplin nous pousse à nos interroger sur la fragilité des liens humains et à réfléchir sur nos propres émotions, souvenirs et choix de vie. 

Les années passées par Masao comme gardien de phare illustrent la solitude choisie, empreinte de réflexion et d’introspection. Ici, la solitude est loin d’être pesante, elle permet de se retrouver face à soi-même et à la nature. 

La construction du roman révèle une belle fluidité. La temporalité n’est pas linéaire, passé et présent se répondent. Les souvenirs de Masao surgissement naturellement, souvent déclenchés par des éléments du présent et les interactions avec Harumi. J’ai trouvé que cela accentuait le contraste entre la sérénité du présent et l’intensité dramatique du passé. 

Seuls petits bémols, l’intrigue s’est révélée un peu trop minimaliste pour moi. L’histoire repose davantage sur les émotions et les souvenirs que sur une progression narrative. Le rythme donne l’impression d’un récit trop statique. J’ai néanmoins apprécié cette lecture, que j’ai vécu comme une pause détente entre deux romans plus riches. 

En refermant « La Barque de Masao », j’ai ressenti un sentiment de quiétude mélancolique. L’histoire de Masao n’est pas spectaculaire, loin de là, mais elle touche par sa vérité et son authenticité. Elle parle de choses simples : l’amour, la perte, la transmission, et la capacité de l’homme à trouver refuge dans la beauté du monde. C’est un roman qui résonne longtemps après la dernière page.

« La Barque de Masao » est une invitation à ralentir, à observer, et à ressentir. Une œuvre aussi belle que fragile, comme un éclat de lumière sur les flots. C’est pour cette raison que je vous conseille cette lecture.

« Certains jours, il me semblait que ma peine s’effilochait comme un nuage léger. Elle s’évanouissait dans l’espace. Bien sûr, il y avait aussi les missions à accomplir au cours de la journée qui m’accaparaient. Mais tu vois, ce qui, peu de temps avant, n’était qu’une blessure trouvait ici un autre sens. La solitude n’était plus seulement une affaire d’abandon ou de tristesse. »

#AntoineChoplin   #LabarquedeMasao   #BuchetChastel

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’en avais entendu au « 13h pile ! », cela a piqué ma curiosité. 

Auteur connu : je ne connaissais pas Antoine avant ce roman. Nul doute que je vais me pencher sur ses prochaines parutions. J’ai trop kiffé son style !

Émotions ressenties lors de la lecture : mélancolie, sérénité, compassion, émerveillement, joie.

Ce que j’ai moins aimé : le rythme, l’intrigue, trop minimaliste. 

Les plus : la plume, l’atmosphère, les personnages, la réflexion, la contemplation.

Si je suis une âme sensible : RAS