« La vallée des égarés » de Céline SERVAT

Informations 

Titre : La vallée des égarés

Auteur : Céline Servat

Éditeur : Taurnada

Nombre de pages : 288 pages

Formats et prix : poche 10.90 € / numérique 7.99 €

Date de publication : 13 février 2025

Genre : thriller

Résumé

Le Comminges. Dans ce coin tranquille, au pied des Pyrénées, la présence incongrue d’un corps mutilé va mobiliser les gendarmes de Salies-du-Salat, associés pour l’occasion à la section de recherche de Toulouse.
Marco Minelli, comptable sans histoires, se retrouve mêlé bien malgré lui à une enquête angoissante qui va le plonger dans les affres du doute, tiraillé entre la raison et la folie.
Ces petites bourgades aux ruelles paisibles abritent-elles la tanière d’un tueur sanguinaire ?
Qui sera la prochaine victime ?
Un roman aussi noir que prenant.

Mon avis

Bienvenue au cœur du Comminges, cette région paisible des Pyrénées où le calme n’est qu’apparent.

Dès les premières pages, Céline instaure une atmosphère oppressante, tissée d’angoisse et de mystère, qui ne cessera de s’intensifier au fil du récit.

« Marco hésita avant de prendre la parole. Cependant, il ne pouvait pas garder pour lui son interrogation la plus anxiogène.

– Tu crois que le meurtrier me cherche ? »

Après la découverte d’un cadavre atrocement mutilé, ce sont les gendarmes de Salies-du-Salat qui prennent en charge l’enquête, aidés par la section de recherche de Toulouse. Nous sommes loin des grandes métropoles et de leurs unités d’élite ultra-équipées. Le lecteur est embarqué dans un véritable puzzle criminel où chaque indice semble conduire à une impasse.

Au centre de cette tourmente, Marco Minelli, un comptable sans histoire, voit son quotidien basculer. Bien malgré lui, il se retrouve impliqué dans l’enquête, pris au piège d’un engrenage infernal où la frontière entre le réel et la paranoïa devient de plus en plus floue. Son personnage est un véritable tour de force psychologique : Céline excelle dans la mise en place d’un suspense qui joue autant sur l’investigation policière que sur la déchéance mentale de Marco, tiraillé entre la logique et la folie.

Marco incarne l’angoisse, le doute et la culpabilité. Son évolution au fil du roman est particulièrement marquante : simple témoin au départ, il devient progressivement prisonnier de ses propres peurs, perdu entre réalité et hallucinations. Ce travail d’orfèvre sur la psychologie des personnages, notamment sur la vulnérabilité de Marco, donne une profondeur inattendue au roman, dépassant ainsi le cadre classique du thriller.

La plume de Céline est fluide et tranchante, à la fois directe et évocatrice. Son écriture est rythmée, sans fioritures inutiles, ce qui sert parfaitement le récit. Les chapitres courts et percutants renforcent cette impression d’urgence et de tension constante. Le point de vue alterne entre Marco et les gendarmes chargés de l’enquête. Cette construction apporte un réel dynamisme à la lecture et permet d’explorer l’affaire sous plusieurs angles. Mais c’est peut-être à cause de cette construction que j’ai eu un peu de mal à m’attacher aux personnages. Notamment Gabrielle, le major de gendarmerie, que j’ai trouvé assez froide. Elle semble cacher quelque chose en rapport avec l’enquête, et du coup, cela a créé une réelle barrière émotionnelle entre elle et moi (barrière qui est tombée au fil de la lecture et des indices livrés par Céline sur le secret de Gabrielle).

Le décor est parfaitement mis en avant. Les petites bourgades du Comminges, avec leurs ruelles étroites et leurs paysages montagneux, deviennent un personnage à part entière. Derrière cette tranquillité apparente se cache une tension palpable. Cette dualité entre la beauté naturelle du cadre et l’horreur des événements donne une dimension encore plus immersive au roman. Le lecteur ressent presque physiquement la menace qui plane sur ces lieux en apparence si sereins.

« Le pic de Cagire se détachait nettement au-dessus de Marco. Cette montagne de 1912 mètres surplombait le canton d’Aspet. La vie des habitants s’organisait avec cet élément de leur environnement : si le haut était dégagé, le beau temps était attendu ; si l’on n’apercevait pas le sommet, il valait mieux prévoir une laine ; si la neige re-couvrait le pic, il devenait urgent de commander des stères de bois pour la cheminée. »

Le roman soulève un sujet particulièrement sensible : celui de l’aide sociale à l’enfance et du placement des enfants en famille d’accueil. À travers les différentes ramifications de l’enquête, Céline met en lumière les failles et les dysfonctionnements de ce système, ainsi que les répercussions profondes qu’il peut avoir sur les enfants concernés. Elle explore à la fois le vécu des enfants placés et les défis des familles d’accueil, rendant ainsi compte de toute la complexité de ce système.

Dans ses remerciements, Céline laisse entendre que ces personnages pourraient revenir dans de futures enquêtes. Une perspective intrigante, ouvrant la voie à un univers récurrent.

« La vallée des égarés » est un roman noir intense et immersif qui ravira les amateurs de thrillers psychologiques. Avec une intrigue bien ficelée et une atmosphère glaçante, Céline signe ici un récit captivant qui ne laisse aucun répit. Une lecture sombre et haletante, à recommander sans hésitation.

Un grand merci aux Editions Taurnada pour cette lecture.

« Au fond d’elle, Gabrielle sentait que c’était trop facile. Mais dans la réalité, les tueurs n’étaient pas tous des pervers manipulateurs. Ils commettaient souvent des erreurs. »

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La vallée des égarés

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’envie de découvrir un nouvel auteur, mais aussi le fait que l’enquête se déroule dans un cadre plutôt rural.

Auteur connu : je ne connaissais pas Céline. Pourtant elle a une dizaine de romans à son actif.

Émotions ressenties lors de la lecture : tristesse, angoisse, peur, colère, empathie, frustration. 

Ce que j’ai moins aimé : pas grand chose. Mon manque d’attachement au départ pour les personnages, mais cela n’a pas duré.

Les plus : l’atmosphère, la construction, la psychologie, le sujet de l’aide sociale à l’enfance, la plume, l’intrigue. 

Si je suis une âme sensible : certaines scènes sont choquantes. Attention.

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