Informations
Titre : Dans cette vie et la suivante
Auteur : Léa Volène
Éditeur : L’Archipel
Nombre de pages : 300 pages
Formats et prix : broché 20 € / numérique 14.99 €
Date de publication : 20 février 2025
Genre : feel-good
Résumé
« Tu es morte.
– Quand tu dis morte, tu veux dire quoi exactement ? »
C’est en se rendant chez son médecin que Léonie apprend sa mort administrative. Aux yeux de la société, elle n’existe plus. En pleine période de deuil amoureux, Léonie ne s’imaginait pas vivre pire. Et pourtant…
Alors qu’elle se confie à Alma, serveuse dans son salon de thé préféré, elle découvre l’existence d’un groupe de soutien : l’ « Association des morts toujours vivants ».
À ces groupes de parole, elle retrouve Alma et fait la connaissance de Guy, plus à l’aise dans la réparation d’objets électriques que dans les relations sociales.
Entre recherche de soi, dépassement de ses peurs et connaissance de l’autre, Léonie, Alma et Guy s’entraideront pour revenir à la vie.
Mon avis
Une histoire insolite mais profondément humaine.
« Dans cette vie et la suivante » commence sur une situation aussi absurde que dramatique : Léonie, notre narratrice, découvre, en allant chez son médecin, qu’elle est administrativement morte. Une erreur ubuesque qui va bouleverser sa vie (ou plutôt ce qu’il en reste). Déjà fragilisée par les remous de l’existence, la voilà désormais rayée des fichiers de l’État. Plus de carte vitale, plus de compte bancaire, plus de droits. Et pourtant, elle respire encore.
Pour traiter ce sujet dramatique, Léa choisit une voie subtile, oscillant entre humour grinçant et émotion sincère. Le récit se déploie avec une légèreté réjouissante, sans jamais nier les blessures intimes de ses personnages. Car derrière cette mort administrative, c’est tout un pan de la reconstruction de soi qui se joue.
Léonie, désemparée mais résiliente, va croiser le chemin d’Alma, une serveuse à la verve bien trempée, et de Guy, un électron libre à la tendresse maladroite. Accompagnée et soutenue par sa collègue, Neïla, elle se retrouve dans un groupe de parole improbable : « l’Association des morts toujours vivants », un cercle de soutien pour ceux que l’existence a égarés. Chacun porte ses fêlures, ses secrets, ses peurs. Mais c’est ensemble qu’ils apprennent à les apprivoiser. Leur relation va évoluer tout au long du récit avec beaucoup de justesse.
Parallèlement à Léonie, on suit la chaine de Soline Duchamp qui décrypte les fais divers. Notamment celui de la disparition non résolue de Guy Renart. Nous la retrouverons régulièrement au fil du roman et suivrons ses découvertes et la progression de son enquête.
Mention spéciale à l’humour omniprésent dans le texte : un humour souvent décalé, parfois noir, toujours bienvenu, qui allège les thèmes lourds du roman (l’invisibilisation sociale, le deuil, la solitude). J’ai lu ce livre pendant mes insomnies, et ces pointes de légèreté m’ont souvent arraché un sourire, voire un rire discret au cœur de la nuit.
« Au moment où je m’éloigne, je sifflote l’air d’une marche funèbre. Je me retourne vers lui, son regard pétille. Il semblerait que mon sens du rythme ne soit pas mort, lui. »
Léa aborde des sujets graves avec une délicatesse remarquable : la perte d’identité (au sens propre comme au figuré), la résilience, le besoin d’appartenance, le regard des autres sur ceux qui « sortent du cadre ». On sent une plume sincère, portée par une vraie empathie pour ses personnages.
L’autrice n’impose pas de morale, elle accompagne. Elle nous invite à suivre ce chemin de reconstruction aux côtés de ses héros un peu cabossés, mais profondément vivants. Le ton est souvent drôle, toujours accessible, sans jamais verser dans le pathos.
Être administrativement mort, c’est bien plus que perdre son numéro de sécurité sociale. C’est perdre son droit à l’existence, à la reconnaissance, à la voix. À travers cette situation extrême, Léa interroge le lien entre identité civile et identité intime. Qu’est-ce qui nous définit ? Le regard de l’administration, des autres, ou celui qu’on porte sur soi ? Léa livre un roman profondément humain et rempli d’espoir.
Le roman met aussi en lumière les zones grises du système, ces absurdités froides qui peuvent broyer des individus sans que personne ne s’en émeuve. Pour nous exposer tout cela, Léa emprunte le chemin de l’humanité, de l’émotion. Elle nous livre une fable contemporaine lumineuse, portée par des personnages à la fois cabossés, attachants et profondément vrais.
Léonie est au bord du gouffre, mais toujours debout. Elle observe, s’interroge, doute… et avance. C’est un personnage qu’on adopte dès les premières lignes. On s’aperçoit très vite qu’elle souffre beaucoup de son passé, que son cœur est en lambeau, et que cette histoire de mort administrative est la goutte qui peut tout faire déborder.
La plume de Léa est accessible mais jamais simpliste. Elle dose avec finesse les dialogues percutants, les instants de grâce et les touches d’humour. On tourne les pages avec plaisir, parfois avec un sourire en coin, parfois avec les larmes aux yeux. Il y a dans son style une chaleur humaine qui enveloppe le lecteur.
« Et si cette épreuve était l’occasion d’améliorer votre vie, que changeriez-vous ? »
« Dans cette vie et la suivante » est un roman profondément humain, qui parle de reconstruction, d’entraide, de renaissance et de résilience. Il aborde des thématiques graves avec pudeur et poésie, tout en laissant la place à l’espoir. Un roman qui fait du bien, qui touche, et qui rappelle qu’on peut toujours, à un moment ou un autre, choisir de revenir à la vie.
Un roman feel-good tendre et lumineux. À découvrir pour le sourire qu’il dépose au creux des nuits sans sommeil. Et aussi si vous aimez les récits de reconstruction et les personnages qui font battre le cœur.
« C’est ce souhait de rester ouverte à tous les genres littéraires qui m’a poussée à devenir bibliothécaire. Je refuse de classer la littérature selon les ouvrages qui mériteraient d’être lus et les autres. »
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En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’avais besoin d’une lecture réconfortante pour m’accompagner pendant mes insomnies. Et à la lecture du résumé, j’ai su tout de suite que cela allait être le cas.
Auteur connu : L »a a publié plusieurs romans, notamment chez L’Archipel. J’avais vu passer ces couvertures aux couleurs attrayantes, je ne m’étais jamais laissée tenter. C’est chose faite et j’ai bien fait.
Émotions ressenties lors de la lecture : tendresse, empathie, joie, envie, mais aussi tristesse, et une réelle point d’agacement face à l’administration et ses lourdeurs !!
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : l’humour, les personnages, le sujet, le rythme, la plume, le message d’espoir.
Si je suis une âme sensible : RAS


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