« Du feu de Dieu » de Jean-Pierre RUMEAU

Informations 

Titre : Du feu de Dieu

Auteur : Jean-Pierre Rumeau

Éditeur : Taurnada

Nombre de pages : 256 pages

Formats et prix : broché format poche 10.90 € / numérique 7.99 €

Date de publication : 10 avril 2025

Genre : thriller

Résumé

Un roman dur et poignant, une impitoyable descente aux enfers.

Lors d’une odieuse agression, un jeune prêtre assiste à l’exécution atroce de son maître spirituel, échappant lui-même de justesse à la mort.
Grièvement blessé dans sa chair et dans son âme, il va, peu à peu, perdre ses repères, puis sa foi, jusqu’à prendre le chemin de la vengeance.

Mon avis

Un roman sombre sur la foi, la souffrance… et la vengeance.

J’entretiens depuis plusieurs années une belle relation de confiance avec les Editions Taurnada, dont j’apprécie le choix de titres souvent percutants, nerveux, bien rythmés, et ancrés dans des thématiques fortes. C’est donc avec curiosité que je me suis plongée dans « Du feu de Dieu » de Jean-Pierre Rumeau, attirée par ce résumé qui laissait entrevoir un drame intense, une quête de justice, ou de vengeance, sur fond de foi vacillante.

Mais cette fois, la rencontre n’a pas vraiment eu lieu…

Patrick est un jeune prêtre qui va vivre un grand traumatisme : il assiste, impuissant, à l’exécution brutale et barbare de son mentor, un homme qu’il admire profondément. J’ai adoré cette scène ! Oui, je sais, j’aime ce qui est gore…Toujours est-il que Patrick en ressort grièvement blessé, dans son corps comme dans son âme. Cet évènement va peu à peu fissurer sa foi, ébranler ses certitudes et le conduire sur une pente dangereuse, celle de la vengeance.

L’histoire est indéniablement sombre, empreinte d’une tension psychologique, d’une douleur sourde. La plume est solide, parfois percutante, et certaines réflexions sur la foi, la justice ou le pardon ne manquent pas d’intérêt.

Mais voilà…

… un rythme en dents de scie

Très vite, j’ai été freinée dans ma lecture par un rythme trop irrégulier. De longues pages s’étirent, avec des digressions ou des scènes qui m’ont paru superflues, voire redondantes. J’ai eu du mal à m’immerger totalement, à ressentir cette tension que promettait le début. Par moments, l’intrigue piétine et les élans dramatiques peinent à maintenir leur intensité.

J’aurais aimé une narration plus tendue, plus resserrée. Ici, l’ensemble m’a paru déséquilibré, avec des passages presque contemplatifs qui ralentissent le souffle du récit. Pourtant, certaines scènes étaient vraiment punchy et j’étais agrippée aux pages.

Une place centrale accordée à la religion

C’est sans doute le point qui m’a le plus déroutée : la place très (trop) importante donnée à la religion, à la foi, à la relation à Dieu. Bien sûr, le protagoniste étant prêtre, cela paraît logique. Mais pour ma part, cette omniprésence m’a dérangée. Non pas par rejet de la spiritualité, même si je suis plutôt agnostique, mais parce que j’ai ressenti une forme de bondieuserie envahissante, parfois pesante, qui a freiné mon empathie envers le personnage.

La foi n’est pas ici seulement un thème, elle est presque un personnage à part entière, ubiquiste dans les réflexions du narrateur. Et cela peut soit toucher, soit rebuter, selon la sensibilité du lecteur.

Une construction psychologique fouillée

Ce qui m’a tout de même retenue dans ma lecture, c’est la complexité psychologique de Patrick, ce personnage en pleine fracture intérieure. On le suit alors qu’il vacille, qu’il perd peu à peu pied, emporté par un mélange de douleur, de culpabilité et de colère sourde. Il y a quelque chose de très humain dans sa lente déconstruction : ce n’est pas un héros, c’est un homme brisé qui cherche à comprendre ce qu’il devient, tiraillé entre ses principes, sa foi et la tentation de tout renier. Même si je n’ai pas toujours adhéré à son discours ou à ses choix, j’ai trouvé son parcours intérieur intéressant à observer, avec cette tension permanente entre spiritualité et pulsions plus sombres. Traiter d’un prêtre en crise existentielle n’est pas si courant dans le thriller contemporain, il est important de le souligner.

Des thématiques fortes

Le roman s’inscrit dans une réflexion spirituelle profonde, parfois vertigineuse, sur ce qu’il reste de la foi lorsqu’elle est confrontée à l’horreur. Peut-on encore croire après avoir tout perdu ? Comment se reconstruire quand Dieu semble s’être tu ? L’auteur interroge aussi, en filigrane, la légitimité de la vengeance, et ce qu’elle révèle de notre part la plus humaine… ou la plus sombre.

Si ces thématiques ont de quoi nourrir une réflexion riche, elles peuvent aussi, à mon goût, devenir trop accaparantes, notamment par la place accordée à la religion et aux références théologiques.

« Un étrange malaise l’envahit, une nausée qu’il parvient à surmonter, mais qui se transforme peu à peu en une peur larvée jusqu’à la fulguration, le foudroiement de l’évidence : la laideur est partout, chez tous, chacun à leur manière, peu ou prou, elle est générale, incontournable, terrifiante. »

« Du feu de Dieu » est un roman fort, sombre, parfois dérangeant, qui propose une plongée dans les tourments d’un homme brisé, tiraillé entre sa foi et son besoin de justice.

Même si l’intention est louable et la plume de Jean-Pierre sérieuse, je n’ai pas réussi à être totalement emportée par cette histoire. Le rythme s’étire et le discours religieux m’a parfois perdue en route.

Cela ne m’empêche pas de saluer la prise de risque de l’auteur. Peut-être saura-t-il mieux trouver son public parmi celles et ceux qui sont sensibles aux questionnements spirituels ou à la dimension mystique de la foi.

« Patrick descend la rue de la Paroisse et se glisse dans l’église en catimini. Il vérifie qu’il n’y a personne qu’il connaît. Il s’assied dans la partie la plus sombre et balaye lentement le lieu du regard. Il se remémore froidement son chemin de croix, méthodiquement pour ne rien oublier. Le moindre détail est une pierre de plus qui lui sert à bâtir un autre lui-même, statufié dans le marbre. Il ferme les yeux, l’esprit annihilé. »

Je remercie les Editions Taurnada pour cette lecture.

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En bref…

Auteur connu : je ne connais pas du tout Jean-Pierre. « Du feu de Dieu » est son troisième roman.

Émotions ressenties lors de la lecture : intérêt, réflexion, curiosité, envie, mais aussi frustration.

Ce que j’ai moins aimé : le rythme, la religion trop présente.

Les plus : le personnage de Patrick, les sujets abordés, la plume, l’angle original du récit.

Si je suis une âme sensible : attention, la scène de la « mise à mort » est effroyable. Âmes sensibles, fuyez !

6 réflexions sur “« Du feu de Dieu » de Jean-Pierre RUMEAU

  1. Hello Sonia 🌞 Merci pour ta chronique au top du top 👍 Vengeance, justice, religion et crise de foi : des thèmes magnétiques à priori. Même si en général, je lis des thrillers avec parcimonie ( trop sensible 😆 ) néanmoins je me note « du feu de dieu » car ta chronique a vraiment attisé ma curiosité… Et il est trop chouchou le tigré là 😻😻😻😉

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