Informations
Titre : L’affaire Soularue
Auteur : Stanislas Petrosky
Éditeur : Afitt
Nombre de pages : 250 pages
Formats et prix : broché 20 €
Date de publication : 13 septembre 2024
Genre : polar historique
Résumé
Novembre 1888, un couple se rend à l’hôtel des terrasses à Fontaine sur Saône pour un dîner dans un salon privé. Quelques heures plus tard des coups de feu résonnent dans l’établissement. Le propriétaire force la porte et découvre les jeunes gens. La jeune femme, sans connaissance, git à terre, l’homme est assis sur une chaise, il a une plaie sanguinolente à la tempe.
Gabriel sera sauvé, Berthe décède de la suite de ses blessures. Au premier abord, cela ressemble à un suicide passionnel.
Mais quelques jours plus tard, une fois la victime inhumée, de nouveaux éléments laisse penser que cela pourrait être un homicide.
Alexandre Lacassagne et Ange-Clément vont devoir démêler le vrai du faux dans ce terrible fait divers du XIXe siècle.
Le professeur Alexandre Lacassagne est l’un des fondateurs de la médecine légale moderne, précurseur de la police scientifique. De manière romancée, Stanislas Petrosky raconte ses plus grandes affaires et l’évolution de la médecine judiciaire à l’orée d’un siècle qui fera sien la maxime favorite du professeur Lacassagne : « La justice flétrit, la prison corrompt et la société a les criminels qu’elle mérite ! »
Mon avis
Une nouvelle affaire glaçante aux origines de la médecine légale.
Quel plaisir de retrouver Alexandre Lacassagne et son assistant Ange-Clément pour une nouvelle enquête ! Ce troisième opus de la série me confirme à quel point cette saga est précieuse pour tous ceux qui, comme moi, sont passionnés par les débuts de l’anthropologie criminelle et de la médecine judiciaire.
Dans « L’Affaire Soularue », Stanislas Petrosky s’inspire une fois encore d’un fait divers réel du XIXe siècle pour construire une enquête immersive, documentée et pleine d’humanité.
Fontaine-sur-Saône, novembre 1888 : un drame intime ?
Une soirée apparemment romantique vire au drame : des coups de feu retentissent, la porte est forcée et l’on découvre un tableau macabre. Berthe, inconsciente, gît au sol. Gabriel, blessé à la tempe, semble avoir retourné l’arme contre lui. Une tentative de suicide après avoir tué sa bien-aimée ? Tout l’indique… jusqu’à ce que de nouveaux éléments viennent brouiller les pistes. C’est là que le professeur Alexandre Lacassagne, pionnier de la médecine légale, entre en scène, bien décidé à faire parler les corps et les faits.
Son intuition, alliée à son esprit scientifique redoutable et à l’œil aiguisé d’Ange-Clément, son fidèle acolyte, les pousse à creuser. À exhumer. À disséquer non seulement des corps, mais aussi les intentions humaines.
Une enquête portée par la rigueur scientifique
Ce que j’adore dans cette série, c’est cette tension constante entre l’émotion du fait divers et la froideur rigoureuse de la méthode scientifique. Lacassagne n’avance jamais à l’aveugle : il observe, mesure, analyse. Ses gestes sont précis, respectueux, toujours au service de la vérité.
Ce qui rend cette série, et ce tome ne déroge pas, si passionnante, c’est cette plongée dans les débuts de la médecine judiciaire. À travers Lacassagne, Stanislas redonne vie à une époque où la science entre doucement dans les salles d’audience, où l’on commence à comprendre que la vérité ne peut plus reposer uniquement sur les aveux ou les témoins.
L’enquête va se transformer en véritable casse-tête médico-légal. Lacassagne, fidèle à ses méthodes novatrices, examine le moindre indice, s’interroge sur les trajectoires balistiques, les plaies, les réactions corporelles. Chaque geste est pesé, chaque hypothèse confrontée à la science.
Les scènes d’autopsie, l’analyse des comportements sont racontées avec une précision fascinante, sans jamais sombrer dans la froideur ou le jargon inaccessible. On sent tout le respect du corps humain, tout le poids de la vérité scientifique dans les mots de Lacassagne.
« Chacun de nos gestes doit être nécessaire à la vérité, mais aucun ne doit être inutile, nous ne sommes pas là pour corrompre le corps, mais faire avancer la science et la justice. Un jour ce sera moi, vous, qui reposerons sur cette table, et personnellement, je ne voudrais point que l’on me découpe pour rien. »
Une vision moderne, presque avant-gardiste pour l’époque, et qui confère à chaque enquête une valeur morale et scientifique puissante.
Une lecture aussi instructive que captivante
Une fois encore, Stanislas réussit un équilibre rare : raconter une histoire qui se lit comme un polar, avec des personnages attachants et des rebondissements bien dosés, tout en transmettant des connaissances historiques et scientifiques. Les dialogues sont bien rythmés, la plume fluide, efficace, vive, teintée d’un humour discret mais bienvenu, et surtout toujours documentée. On sent l’admiration de l’auteur pour Lacassagne, mais aussi pour cette période charnière où la justice commence à se fonder sur autre chose que des suppositions. Les scènes d’analyse médico-légale sont absolument passionnantes sans jamais être pesantes.
Un duo attachant
J’ai aimé suivre l’évolution de l’enquête, mais aussi les échanges entre Lacassagne et son assistant, Ange-Clément, dont la fraîcheur et la curiosité offrent un contrepoint intéressant à la rigueur du maître.
Ce tandem fonctionne à merveille. L’un, méthodique, rigoureux, habité par une soif de vérité. L’autre, plus instinctif, touche-à-tout, attachant et parfois maladroit. Leur complémentarité insuffle au récit une dynamique vive et fluide.
Une valeur ajoutée précieuse : le regard d’Amos Frappa
Comme dans les tomes précédents, le récit se complète par l’intervention d’Amos Frappa, spécialiste du professeur Lacassagne, qui revient en fin de volume pour éclairer les faits réels ayant inspiré le roman.
C’est un bonus que je savoure à chaque fois : il donne encore plus de densité au récit, tout en m’apprenant des choses concrètes sur l’histoire de la médecine légale.
Son regard de chercheur vient ancrer la fiction dans la réalité historique, apportant des précisions sur l’affaire, sur les méthodes médico-légales de l’époque et sur l’évolution de cette science encore jeune. Illustrations à l’appui, il redonne vie aux archives, aux visages, aux objets du crime et nous fait mesurer tout le chemin parcouru depuis.
Son analyse revient sur les faits réels, les archives, les méthodes utilisées, et permet de mettre en perspective les choix narratifs de l’auteur.

Cela rend le livre aussi instructif que captivant et participe à la richesse de cette série vraiment unique en son genre.
Une série à lire absolument si l’histoire de la médecine légale vous fascine
« L’affaire Soularue » s’inscrit dans la continuité des deux précédents tomes tout en se suffisant à lui-même. Il confirme le talent de conteur de Stanislas, sa capacité à mêler rigueur historique, enquête prenante et personnages marquants.
Ce tome 3 est peut-être mon préféré jusqu’à présent. J’ai été happée dès les premières pages, et j’ai terminé le roman d’une traite, tant j’étais prise par l’affaire.
La façon dont Stanislas parvient à faire vivre le XIXe siècle, dans ses décors, ses mentalités, ses tensions sociales, est remarquable. On y sent la poussière des cabinets médicaux, l’odeur du formol, les hésitations d’une justice en pleine mutation… Et en même temps, le propos reste très actuel, en écho avec nos questionnements modernes sur l’éthique, la vérité, la justice.
Tout au long de ma lecture, j’ai ressenti une forme de tension sourde, cette impression que la vérité est là, quelque part, mais qu’il faut fouiller, décortiquer, parfois à contresens des apparences, pour l’atteindre. C’est une lecture qui m’a fait réfléchir, mais aussi ressentir beaucoup de respect pour les personnages (réels ou imaginés) qui ont permis à la justice d’avancer avec plus de rigueur et d’humanité.
J’ai aussi été très émue par le regard porté sur les victimes. Loin du voyeurisme ou du sensationnalisme, Stanislas rend hommage à leur dignité, à leur mémoire, et rappelle à quel point les corps ont des choses à dire. Il y a quelque chose de très beau, presque spirituel, dans cette approche du travail médico-légal.
Enfin, j’ai refermé le livre avec un profond sentiment d’admiration pour Lacassagne et une envie de me replonger immédiatement dans ses autres affaires. C’est une lecture qui marque, qui instruit, mais surtout qui fait vibrer.
Pour les passionnés des débuts de la police scientifique, des faits divers du XIXe siècle et de ces hommes de science qui ont ouvert la voie à la criminologie moderne, cette série est une pépite.
« Pour ma part, le milieu dans lequel on vit influe sur le comportement. Le milieu social est le bouillon de culture de la criminalité ; le microbe, c’est le criminel, un élément qui n’a d’importance que le jour où il trouve le bouillon qui le fait fermenter. »
#LaffaireSoularue #stanislaspetrosky #afitt

En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : Je suis complètement fascinée par les débuts de la médecine légale et de l’anthropologie criminelle. Depuis le premier tome de cette série, j’ai été captivée par la figure d’Alexandre Lacassagne, ce médecin visionnaire qui a véritablement révolutionné l’approche judiciaire.
Auteur connu : je connais Stanislas depuis bien longtemps. Retrouvez mes chroniques de « L’affaire Echallier« , et « L’affaire de l’Ile Barbe« .

C’est aux Quais du Polar, en début de mois, que j’ai pu le revoir et lui acheter ce nouveau tome.
Émotions ressenties lors de la lecture : empathie, passion, curiosité, envie, admiration.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : la reconstitution historique, les personnages, l’apport scientifique, la plume, l’analyse d’Amos.
Si je suis une âme sensible : rien de particulier. L’énoncé des résultats d’autopsie, peut-être. Et encore…

Merci pour cette très belle chronique, détaillée et intéressante ! On ressent ton intérêt pour cet auteur et ses romans.
Étant scientifique de formation, j’adore ces polars qui abordent ces sujets. Je n’ai pas encore découvert cette série, que j’ai notée depuis la parution du premier tome. Mais hélas, elle n’est pas au catalogue de ma médiathèque. Mais je ne désespère pas de la lire un jour 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Je te souhaite de pouvoir découvrir cette série. J’adore. C’est mon péché mignon.
J’aimeJ’aime
Ça donne envie !!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci ! Si le sujet vous intéresse il faut foncer.
J’aimeJ’aime
Bonjour Sonia, moi aussi ton résumé me pousse à lire ce livre.
À suivre.
Bonne journée. Bises
Domi
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne peux que te le conseiller si le résumé te parle. Tu ne seras pas déçue.
J’aimeJ’aime
Bonsoir. Je viens de terminer « l’inconnu de la Seine » Tout d’abord je me suis baladée dans les rues de Paris, toute mon enfance.
Quand à l’histoire elle-même, elle est très prenante. Tu t’imprègne bien des personnages et de l’histoire. Quelquefois tu ressens vraiment la peur, l’angoisse ou le mensonge.
Je ne pensais pas que Raphaël allait être tué et que Garance de Karradec allait disparaître en continuant ses meurtres. Ça laisse des froideurs dans le dos.
Domi
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour ton retour. Ahhh flâner dans les rues de Paris à travers un roman, c’est top !
J’aimeJ’aime
J’adore ❤️
J’aimeAimé par 1 personne