« À retardement » de Franck THILLIEZ

Informations 

Titre : À retardement

Auteur : Franck Thilliez

Éditeur : Fleuve Editions

Nombre de pages : 456 pages

Formats et prix : broché 22.90 € / numérique 16.99 €

Date de publication : 2 mai 2025

Genre : thriller

Résumé

Quand on bascule dans la folie, il est souvent trop tard !
Unité pour malades difficiles de Chambly. Un nouveau patient est accueilli. Délirant, sans papiers, inapte à la garde à vue, celui-ci a poussé sans raison un passager sur les rails et prétend  » fuir des vers « .
Seine-Saint-Denis, à cinquante kilomètres de là. Sharko et son équipe découvrent le corps d’un quinquagénaire sauvagement assassiné près de son lit. Chez lui, aucune empreinte digitale ni trace d’ADN, pas même les siennes.
Qui sont ces deux hommes ? Quelles sont leurs histoires ?

Mon avis

❤️ Alerte au coup de cœur !❤️

Un thriller saisissant, aussi glaçant qu’introspectif

Je me suis lancée dans cette lecture sans lire le résumé. Parfois, j’aime cette forme de plongée à l’aveugle, guidée uniquement par la confiance que je porte à l’auteur. Et encore une fois, Franck ne m’a pas déçue. Bien au contraire : ce roman fut un véritable coup de cœur, aussi inattendu qu’intense.

Un sujet sensible, une lecture cathartique

Très vite, j’ai compris que le roman abordait un sujet qui me touche de près : la schizophrénie, une pathologie que j’ai côtoyée dans ma vie personnelle. Cette lecture a fait resurgir des souvenirs difficiles, parfois douloureux, mais elle s’est aussi révélée profondément cathartique, comme une forme de thérapie déguisée. Franck, avec sa plume toujours chirurgicale, son sens du détail clinique et son souci de la précision, parvient à parler de ce trouble avec une justesse glaçante.

Deux intrigues, une seule vérité dérangeante

L’histoire débute dans une unité pour malades difficiles à Chambly. Un homme y est interné après avoir poussé sans raison apparente un passager sur les rails du métro. Délirant, sans papiers, il affirme fuir des vers… Un comportement incohérent, incompréhensible. En parallèle, à plusieurs dizaines de kilomètres de là, Sharko et son équipe sont appelés sur une scène de crime macabre. Un homme a été retrouvé sauvagement assassiné, dans une mise en scène étrange : aucune trace d’effraction, aucun ADN, même pas celui de la victime.

Deux fils narratifs que tout oppose… jusqu’à ce que la trame se resserre, que les passerelles s’installent et que la vérité surgisse, aussi déroutante qu’horrifiante. Comme toujours avec Franck, le puzzle est minutieux, les révélations distillées au compte-gouttes et la tension monte à chaque page. C’est un page-turner viscéral, impossible à lâcher. Je l’ai lu en moins de 24 heures !

Des personnages familiers, mais au service du récit

Alors, oui, « À retardement » est un nouveau roman avec Sharko et sa bande. Et je dois avouer qu’après toutes leurs péripéties passées (et elles sont nombreuses !), j’avais un peu peur de retrouver un duo Sharko-Hennebelle usé par les années, presque trop abîmé par tout ce qu’ils ont vécu. Sharko se fait vieux (soyons honnête, même lui le dit !), et ce côté un peu « too much » dans l’accumulation des drames peut parfois lasser.

Mais bonne nouvelle : ici, pas d’inquiétude. Le récit se lit parfaitement bien, même si l’on connaît déjà les personnages. L’intrigue, portée par une dimension scientifique, médicale et psychiatrique fascinante, est si prenante qu’on en vient à occulter les passés personnels des protagonistes, ou du moins à les reléguer à l’arrière-plan.

Et puis, Nicolas Bellanger prend peu à peu le devant de la scène. Il gagne en épaisseur, en présence. Certes, lui non plus n’a pas été épargné par les drames, mais son regard plus neuf sur les enquêtes vient rééquilibrer l’équipe et redonner du souffle à l’ensemble.

Une plongée dans les abysses de l’esprit

Ce roman est sans doute l’un des plus sombres de l’auteur. Il nous entraîne dans un huis clos mental, une exploration de la psyché humaine quand elle déraille, s’égare, se referme. Il le fait avec une empathie palpable, mais sans édulcorer la souffrance.

« Ils tournaient en rond, les yeux plantés sur leurs chaussures, enfermés dans leur prison mentale dont la clé avait été jetée dans des abysses inaccessibles de leur cerveau. »

Une lecture qui remue… et qui gratte

Oui, « À retardement » m’a remuée. Profondément. Mais je crois que c’est précisément ce qui en fait un grand roman. On sent chez Franck une volonté de questionner notre rapport à la folie, à la peur, à l’invisible. Et si certains passages sont éprouvants (je pense à ceux qui évoquent les araignées, omniprésentes, rampantes, anxiogènes au possible ; j’en ai eu des frissons ! ), ils participent pleinement à cette ambiance oppressante, à la frontière du thriller psychologique et de l’horreur.

Petite mise en garde toutefois : les arachnophobes et les agoraphobes risquent de trouver l’expérience difficile ! Ce roman n’épargne rien à ses personnages… ni à ses lecteurs.

« À retardement » n’est pas un simple polar. C’est un roman sur les limites de l’humain, sur la perte de contrôle, sur le regard que la société pose sur la maladie mentale. C’est aussi une enquête captivante, parfaitement menée, où chaque détail compte.

J’en ressors secouée mais reconnaissante. Parce que derrière le suspense, ce livre a ouvert une brèche. Une brèche dans laquelle mes propres fantômes ont trouvé à s’exprimer. C’est une lecture qui marquera ma mémoire.

« La schizophrénie paranoïde était, sans nul doute, l’une des plus terribles et terrifiantes maladies mentales. Pour le malade. Pour les soignants. Et pour la société. »

#Àretardement   #FleuveEditions     #FranckThilliez

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur, tout simplement ! Je sais qu’il ne me déçoit jamais.

Auteur connu : Franck et moi, c’est une longue histoire ! J’ai lu (presque) tous ses romans, il fait partie de mon top 5. Retrouvez ici la page consacrée aux chroniques et rencontres avec cet auteur.

Émotions ressenties lors de la lecture : angoisse, frousse, fascination, curiosité, passion, tristesse, peur, apaisement. 

Ce que j’ai moins aimé : un léger trop-plein de vécu du côté de Sharko et Hennebelle, un effet « série au long cours » qui peut peser un peu, même si ici, cela reste bien dosé.

Les plus : l’immersion, la précision scientifique et médicale, le rythme, l’atmosphère, l’évolution du personnage de Bellanger. 

Si je suis une âme sensible : certaines scènes sont dures. Et si vous craignez les bestioles, genre araignées, vers etc….ce livre n’est clairement pas pour vous.

 

6 réflexions sur “« À retardement » de Franck THILLIEZ

  1. Une de mes prochaines lectures car comme vous, l’auteur ne me déçoit jamais . Merci pour votre compte-rendu de lecture . Zoé

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    1. Merci beaucoup, Zoé ! Ravie de voir que nous partageons le même enthousiasme pour Thilliez. Il a vraiment le don de nous embarquer à chaque fois, et « À retardement » ne fait pas exception ! J’ai hâte d’avoir votre retour quand vous l’aurez lu. Bonne lecture 😊

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      1. Voilà , je viens de le terminer et c’est un roman que j’ai trouvé glaçant et même parfois terrifiant et qui m’a bien secouée même si j’y suis habituée avec Franck Thilliez , là il touche à mes peurs réelles en nous immergeant dans l’univers de la « folie ». .J’ai beaucoup aimé le puzzle narratif qui demande de l’attention et associe le lecteur aux questions qui se posent. J’ai appris une foultitude de choses sur le mécanisme de la schizophrénie et surtour sur les maladies parasitaire – beurk! L’immersion de l’auteur dans cet Unité pour malades difficiles se sent particulièrement dans le regard très scientifique qu’il pose sur ces malades , loin du jugement . La question de l’irresponsabilité est très bien posée. Sharko, Bellanger et Hennebelle sont toujours aussi attachants et j’ai bien aimé la « nouvelle » Eléonore . Un coup de coeur! Zoé

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