Informations 

Titre : Plan de vol

Auteur : Jacky Schwartzmann

Éditeur : Faction

Nombre de pages : 112 pages

Formats et prix : poche 8.90 €

Date de publication : 6 octobre 2023

Genre : littérature jeunesse

Résumé

Tim est un ado comme les autres. Ce qu’il aime, c’est passer ses journées avec son pote Ernest, traîner en ville, parfois pousser jusqu’au parc, et les jours fastes, grappiller un KFC.
Du genre débrouillard, plutôt que pourri-gâté, il mène sa barque sans rien demander à personne. Mais ce soir-là, son père l’accueille avec de mauvaises nouvelles : sa mère couve un nouvel œuf, il n’y a plus de place pour lui dans le nid, il va devoir voler de ses propres ailes. L’annonce, brutale, a de quoi couper les pattes. Mais notre héros à de la ressource : c’est pas parce que Tim est un pigeon qu’il n’est pas malin.
Et d’ailleurs il a un plan.

Mon avis

Ou comment prendre son envol… quand on est un pigeon !

Aux derniers Quais du Polar à Lyon, un ami blogueur qui m’a soufflé ce titre, et je l’en remercie chaleureusement ! Quelle bonne pioche ! J’ai lu « Plan de vol » d’une traite, en une matinée et j’ai adoré me laisser embarquer dans cette histoire aussi déjantée qu’attachante. 

« Si Ernest et moi aimons passer au-dessus de la Grande Rue, c’est parce qu’elle est piétonne. Nous formons une belle escadrille à deux. Je repère un crâne d’humain bien lisse, un de ceux qui n’ont plus aucune plume sur le haut de la tête. Je vise. Et je lâche ce qu’ils appellent de la fiente et que l’on peut qualifier, en réalité, de merde. »

Un héros à plumes… et à cran

Tim est un ado plutôt ordinaire : il traîne avec son pote Ernest, glande un peu en ville, rêve d’un KFC quand les circonstances sont favorables. Sauf que Tim n’est pas n’importe quel ado… c’est un pigeon. Oui, un vrai pigeon, avec des plumes, des pattes et un sens de la débrouille affûté. Jusque-là, il vivait pépouze dans le nid familial, mais voilà que sa mère couve un nouvel œuf. Et son père, sans une once de délicatesse, lui annonce qu’il est temps de quitter le nid et de voler de ses propres ailes.

Tim se retrouve jeté dans le grand bain (ou plutôt le grand ciel) de la vie citadine. Mais le volatile n’est pas du genre à se laisser abattre. Malin, débrouillard, un brin impertinent, il se met en quête d’un nouveau plan de vol, bien décidé à s’en sortir. Car ce n’est pas parce qu’on est un pigeon qu’on n’a pas de ressources…

Un duo improbable

Au fil de ses errances urbaines, Tim fait une rencontre déterminante : Tristan, un jeune humain un peu paumé, dealer de cannabis, certes, mais pas dénué de cœur. Contre toute attente, une vraie complicité s’installe entre eux. Ce lien inattendu entre deux exclus, entre deux êtres en marge de la société, donne au roman une profondeur touchante.

Tristan ne traite pas Tim comme un simple animal, mais comme un alter ego, un camarade à plumes en quête de sens et d’asile. Leur relation est empreinte de tendresse, d’humour, mais aussi d’un regard sans jugement sur les failles humaines… et animales.

Un roman court, percutant et drôle

Jacky adopte une plume résolument vive, contemporaine et drôle. Son écriture est ciselée et rythmée. On se surprend à rire à voix haute, tant certaines réflexions de Tim sur le monde des humains font mouche.

La force du roman, c’est qu’on y croit immédiatement, malgré le postulat absurde. Le regard de Tim sur notre société est à la fois naïf et lucide, plein de dérision, mais jamais cruel. 

Le tout dans un format très court qui donne à cette fable moderne un souffle narratif dynamique et efficace.

Sous la légèreté, des thèmes bien ancrés

Derrière cette histoire de pigeon à la rue, l’auteur aborde avec subtilité plusieurs sujets de société :

L’exclusion familiale : la brutalité avec laquelle Tim est mis dehors résonne avec celle que subissent certains jeunes humains.

La débrouille des laissés-pour-compte : Tim, comme Tristan, se construit en marge, avec les moyens du bord.

La solidarité inattendue : un oiseau et un dealer, voilà un duo qui n’a rien d’évident. Et pourtant, c’est dans cette rencontre que naît l’entraide.

Le regard sur la marginalité : Jackie nous pousse à repenser notre jugement sur ceux qui « sortent du nid », parfois sans en avoir eu le choix.

L’humanité dans l’animalité : Tim est sans doute plus sage et sensible que bien des bipèdes. À travers lui, on perçoit aussi une critique de notre monde moderne, de ses absurdités et de sa froideur.

Une belle surprise pleine de plumes

Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre et j’ai été totalement conquise. Ce roman, c’est un bol d’air frais, une lecture qui fait du bien, qui dépoussière les codes du récit initiatique et qui assume totalement son humour absurde et tendre. On rit, on sourit, on compatit avec Tim, ce pigeon pas comme les autres, qui nous offre une sacrée leçon de débrouille et de résilience.

A découvrir pour son ton unique, son humour décapant et la tendresse qu’il insuffle à une histoire a priori improbable. Vous ne regarderez plus les pigeons de la même façon en sortant de chez vous ! 

« C’est un petit vol pour le pigeon, un bond de géant pour la Pigeonité. »

#Plandevol   #JackySchwartzmann

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : je cherchais une lecture légère, drôle, pour faire une coupure après un roman particulièrement éprouvant émotionnellement. « Plan de vol » était parfait pour cela !

Auteur connu : j’ai rencontré Jacky à plusieurs reprises, la dernière en date étant aux Quais du Polar cette année. Retrouvez les chroniques de ses romans ici.

Émotions ressenties lors de la lecture : amusement, tendresse, curiosité.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’originalité du point de vue, l’humour décalé, le personnage de Tim (ben oui, même si c’est un pigeon, j’ai ressenti de l’empathie pour lui…), les réflexions sous-jacentes.

Si je suis une âme sensible : RAS