Coucou la Book Team, aujourd’hui, je vous propose une petite réflexion sur une nouvelle façon de vivre la littérature : le livre audio.

Aujourd’hui, les livres audio sont devenus un format à part entière, adoptés par un public de plus en plus large. Mais cette évolution n’est pas sans poser de nouvelles questions. Écouter un roman est-il une autre manière de lire ? Et surtout : cela change-t-il notre rapport à la littérature ?
Lire avec les oreilles : une expérience sensorielle différente
Lorsque j’ai écouté mon premier roman audio, je dois l’avouer, j’étais sceptique. Et pourtant, très vite, j’ai été happée. Le timbre de la voix, les intonations, les silences : tout cela donnait une couleur particulière au texte. Ce que mes yeux auraient peut-être survolé, mes oreilles l’ont accueilli pleinement. Certaines phrases m’ont frappée davantage, comme si la voix les avait soulignées d’une émotion particulière.
Il y a quelque chose d’intime dans cette forme de lecture. On est en tête-à-tête avec une voix, comme lorsqu’un proche nous lit une histoire. On ferme les yeux, on se laisse porter. La lecture devient alors presque physique. J’ai souvent eu l’impression de « vivre » plus intensément certaines scènes grâce à ce format.
Une lecture qui s’insère dans les interstices du quotidien
L’un des grands avantages du livre audio, c’est qu’il permet de lire là où l’on ne pourrait pas tenir un livre entre les mains : en voiture, en cuisinant, en marchant. Pour les lecteurs pressés ou surchargés, il redonne accès à la lecture sans nécessiter un moment exclusivement dédié à cela.
Mais ce « multitâche littéraire » a aussi ses limites. On n’écoute pas « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell en épluchant des légumes… Il faut choisir les bons livres, ceux qui se prêtent à une attention plus diffuse, à une narration linéaire, à des voix captivantes.
De plus, tout le monde n’a pas la même capacité à se concentrer sur un texte entendu. Certains décrochent vite, d’autres n’ont pas encore développé cette écoute littéraire qui demande, elle aussi, de l’entraînement.

Quand la voix devient une interprétation
Écouter un roman, ce n’est pas seulement entendre le texte : c’est aussi découvrir une interprétation. Certaines lectures sont sobres, d’autres presque théâtrales. Cela peut enrichir l’expérience… ou au contraire la parasiter.
Par exemple, on peut écouter un roman dont l’histoire nous aurait sans doute plu sur papier, mais dont l’interprétation nous fait décrocher. À l’inverse, une excellente lectrice peut nous faire vibrer à l’écoute d’un roman que l’ont aurait peut-être trouvé trop lent à lire.
Le choix du narrateur est donc crucial. Il peut faire d’un roman moyen une expérience inoubliable, ou ruiner une belle écriture par une lecture mécanique ou monotone. Les maisons d’édition l’ont bien compris et font de plus en plus appel à des comédiens professionnels, voire aux auteurs eux-mêmes.
(Re)découvrir les classiques et la littérature jeunesse
Le format audio a aussi ce pouvoir inattendu : celui de réconcilier les lecteurs avec des œuvres qu’ils pensaient inaccessibles ou éloignées. Des classiques que l’on croyait austère prennent soudain vie grâce à des interprétations vibrantes, tandis que les romans jeunesses deviennent de véritables spectacles sonores. Beaucoup d’adultes redécouvrent ainsi les trésors de leur enfance, tandis que les plus jeunes développent un goût pour les histoires à travers l’écoute. Le livre audio devient alors un formidable outil de transmission, entre générations, entre genres, entre niveaux de lecture.
Est-ce que « lire » en audio, c’est vraiment lire ?
C’est LA grande question qui divise. Peut-on dire qu’on a « lu » un livre qu’on a uniquement écouté ? Si on considère la lecture comme une expérience d’immersion dans un récit, de compréhension, d’interprétation et d’émotion… alors oui, c’est bien une forme de lecture. Certes, différente dans son approche, mais similaire dans ses effets.
Toutefois, l’expérience sensorielle et cognitive n’est pas tout à fait la même. Le cerveau ne traite pas de manière identique les mots lus et les mots entendus. Certains détails visuels du texte (les jeux typographiques, les changements de police, les chapitres très courts) peuvent passer inaperçus. Et l’on ne peut pas revenir aussi facilement sur un passage marquant, surligner une citation ou faire une pause pour réfléchir.
Alors, faut-il opposer ces deux formes de lecture ? Je ne le crois pas. Je dirais plutôt qu’elles se complètent.
Pour ma part, l’audio me permet de découvrir des textes que je n’aurais peut-être pas ouverts. Et souvent, un coup de cœur audio me donne envie d’acheter le livre papier, pour le relire à mon rythme, ou simplement le garder dans ma bibliothèque.
Le livre audio s’est naturellement intégré à mon quotidien. Le matin, dans le train qui m’emmène au bureau, il m’offre une parenthèse littéraire avant de plonger dans l’agitation de la journée. Mais c’est surtout à la maison, pendant les tâches ménagères, qu’il a changé mon rapport à la lecture. Passer l’aspirateur ou plier le linge en écoutant un bon roman donne une toute autre couleur à ces corvées : elles deviennent presque des moments volés à soi-même, où l’on avance dans une histoire tout en avançant dans son quotidien.
Et vous, quelle est votre expérience ?
Que vous soyez un adepte des lectures classiques ou que vous ayez déjà cédé aux charmes du livre audio, votre avis m’intéresse. Avez-vous déjà eu un coup de cœur en audio ? Pensez-vous que cela change votre manière d’entrer dans un livre ? Et surtout… pour vous, écouter un livre, est-ce vraiment lire ?


Bonjour Sonia : remarquable et utile réflexion de ta part. Je ne lis plus de livres audio depuis… je ne sais plus combien d’années car soit je les écoute sans écouteurs et je suis sans cesse dérangé (par exemple : par mon chien, ma petite Ulla , un schipperke que ma compagne a voulu parce que « race très attachée à ses maîtres »/traduisons : collant et comme les scouts « toujours prêt » (à plus de 4 ans) et donc pas question que son maître écoute parler quelqu’un d’autre plus de quinze minutes /non mais : c’est qui cette femme ou cet homme qui intéresse tant mon maître que celui-ci se désintéresserais de moi ?) ; plus sérieusement : je n’ai jamais supporté les walkmen et autres écouteurs : affaire de génération ? Allez, oui, j’ai quand même quelques audio-livres comme des sagas (Amin Maalouf, Proust, des grands échiquiers, Le Luron,…) en cassettes qui ont le même âge que le cassettophone (> 50 ans) et que j’écoute encore parfois… nostalgie quand tu nous tiens. Mais je lis , je lis (là je termine « L’homme qui aimait les livres » de Patrick de Witt) mais peut-être qu’un jour quand mes yeux rendront l’âme ,serai-je très heureux d’acquérir des audio-libres ?
Michel.
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Bonjour Michel, merci pour ton message si vivant et sincère (j’ai beaucoup souri en lisant ton anecdote avec Ulla, qui semble être une véritable gardienne de ton attention 🐾😄).
Je comprends tout à fait ton rapport compliqué aux écouteurs (et à tout ce qui isole un peu du monde). Ce que tu dis sur les vieilles cassettes m’a touchée (il y a dans ces objets une mémoire, une ambiance qu’aucun MP3 ne peut remplacer). Et oui, peut-être qu’un jour, ce format redeviendra une passerelle vers les livres si les yeux fatiguent… Qui sait, avec Ulla plus calme et un casque confortable, l’aventure reprendra 😉📚
En attendant, bonne lecture de « L’homme qui aimait les livres », quel titre prometteur ! Belle fin de journée.
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J’ai tenté des années les livres audio et je décrochais après 2 minutes. Puis j’ai commencé en décembre « Jacaranda » mais je devais le poser pour remplir mes obligations ménagères. Et c’est là que je me suis dit que je resterais bien dans ma lecture en même temps en écoutant. Sachant qu’en plus, le livre était lu par l’auteur. Depuis, j’ai appris à apprécier exactement comme tu le dis ces « moments volés à soi ». J’essaie d’utiliser l’audio uniquement pour avancer dans certains livres que je suis en train de lire. Car je ne peux pas me résoudre à me limiter à l’expérience audio, il faut que je parcours les lignes aussi… mais j’admets que j’ai évolué dans mon rapport avec ce type de « lecture » !
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Coucou Nathalie, merci pour ton commentaire. Si, grâce à la lecture audio, les tâches ménagères deviennent (presque) un plaisir, alors, on peut dire qu’on a gagné le gros lot ! Autant joindre l’utile à l’agréable. Bon dimanche, bisous.
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Ton article est très intéressant. Il est vrai que je suis quelque peu sceptique par le format audio. Entendre une histoire avec des intonations que je n’aurais peut-être pas… je trouve ça déstabilisant.
Mais tu soulèves un point intéressant. Utiliser ce format pour des classiques de la littérature. Je n’y avais pas pensé. Tout de suite, j’adhère beaucoup plus au concept. Tu me donnes envie de tester l’aventure de l’audio. Peut-être serais-je surprise !
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Merci beaucoup pour ton retour 🧡 Je comprends tout à fait ton scepticisme : c’est vrai que laisser quelqu’un d’autre « interpréter » une lecture peut bousculer nos habitudes. Mais parfois, c’est justement ce regard différent qui donne une nouvelle saveur à un texte, surtout pour les classiques !
Je suis ravie que l’idée t’ait parlé et si jamais tu te lances, je serais curieuse de connaître ton ressenti ! On a parfois de belles surprises…
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Ton discours m’a vraiment fait réfléchir par rapport à mon regard sur les livres audios. Maintenant, il me reste à choisir le classique ! Je testerais un bien un gros pavé comme De grandes espérances. J’ai lu très peu de romans de Dickens
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Je suis ravie que mon article t’ait fait réfléchir. J’espère que cette première expérience sera une belle surprise. Tu me diras ce que tu en as pensé ?
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Oui, bien entendu. Je te ferais un retour !
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