Informations 

Titre : Là où sombrent les secrets

Auteur : Céline Bréant 

Éditeur : Taurnada

Nombre de pages : 370 pages

Formats et prix : poche11.90 € / numérique  7.99 €

Date de publication : 3 juillet 2025

Genre : thriller psychologique

Résumé

Mon avis

Une intrigue haletante : deux disparitions à quinze ans d’intervalle

Dans « Là où sombrent les secrets », Céline Bréant propose un thriller psychologique redoutablement efficace. Tout commence en juin 2007 : trois adolescentes, Clémence, Maëlle et Mila, bravent l’interdit lors d’une classe verte en s’aventurant la nuit près de la sinistre « rivière maudite », un lieu enveloppé de superstitions locales. L’expédition tourne au cauchemar quand Maëlle disparaît purement et simplement, sans laisser de traces.
À l’époque, Clémence est tenue pour responsable. Rongée par la culpabilité et le regard accusateur des autres, elle s’éloigne de Mila. Les deux amies se perdent de vue : Clémence veut tirer un trait sur le passé, tandis que Mila reste prisonnière de cette nuit tragique.

Quinze ans plus tard, Mila reprend soudainement contact avec Clémence. Cette dernière comprend qu’elle ne peut plus fuir : elle retourne sur les lieux du drame et exhume un passé qu’elle aurait préféré oublier. Mais plus elle avance, plus les questions se multiplient et le lecteur, pris dans un tourbillon de doutes, échafaude mille hypothèses…

« Mila, elle, a glissé du côté droit, celui de la culpabilité et n’a jamais pu se relever. Moi, j’ai préféré tendre les bras, relever le menton, et avancer droit sur mon fil comme un funambule. Quand mon équilibre flanchait, je préférais pencher du côté gauche, celui de la dénégation. »

Une construction maîtrisée et addictive

Céline alterne avec brio les temporalités, entre le traumatisme de 2007 et l’enquête en 2022. Cette construction en parallèle entretient un suspense constant : chaque révélation dans le présent fait écho aux zones d’ombre du passé.
Elle joue habilement avec la mémoire et les secrets enfouis : Clémence elle-même doute de ses souvenirs et chaque personnage semble cacher une part de vérité. Ce jeu de miroirs installe une atmosphère oppressante et pousse le lecteur à questionner sans cesse la fiabilité des uns et des autres.

Un rythme tendu, entre enquête et introspection

Le roman démarre dans un climat lourd, presque suffocant, qui s’installe dès les premiers chapitres. Le récit s’accélère rapidement et la tension monte crescendo, jusqu’à devenir quasi insoutenable dans la dernière partie.
Le rythme oscille intelligemment entre scènes d’action et passages plus introspectifs où Clémence affronte ses peurs et ses souvenirs. Cette alternance crée une dynamique efficace, maintenant le lecteur en haleine tout au long du roman.

Une plume immersive et évocatrice

La plume de Céline est sobre mais percutante, elle parvient à distiller une ambiance glaçante, notamment à travers des descriptions précises des paysages montagnards et de la rivière, véritable personnage à part entière du roman.

« Des centaines et des centaines de mètres cubes d’eau dévalent la vallée dans un grondement infatigable. Je surplombe ce gigantesque déversement d’eau tourbillonnante, blanche de mousse et monstrueuse. J’en sens la fraîcheur du haut de mon perchoir et reçois même quelques gouttes, postillons échappés de sa gueule béante. Un arc-en-ciel se dessine en surface. »

Les dialogues sonnent juste, renforçant la tension psychologique et la narration à la première personne épouse les pensées de Clémence pour immerger le lecteur dans ses doutes et ses tourments.

Des personnages complexes et crédibles

Clémence, héroïne brisée, est un personnage profondément humain, partagé entre la peur de replonger dans la douleur et la nécessité d’aider Mila. Sa culpabilité, palpable, rend ses réactions toujours crédibles et bouleversantes.

« Je ne ressens qu’une envie, me foutre en boule sur mon canapé devant Netflix et dire adieu à la sociabilité pour au moins trois siècles. »

Bastien, le mari de Mila, que la jeune femme a toujours tenu éloigné de ce drame, surprend par sa détermination et devient un allié inattendu dans une quête qui semble les mener droit vers l’horreur.
Les personnages secondaires, notamment ceux croisés lors du retour sur les lieux du drame, ajoutent encore plus de zones d’ombre, rendant chaque interaction potentiellement suspecte. Je pense à Robin, qui glace le sang : déjà enfant, il était étrange, renfermé, solitaire. Devenu adulte, il reste énigmatique, laisse entendre qu’il a vu des choses et réalise des dessins explicites autour de la rivière. Son comportement instille un malaise constant et chaque scène où il apparaît alimente la paranoïa du lecteur.

Une fin terrifiante et inattendue

Sans rien dévoiler, il faut saluer un dénouement particulièrement noir, terrifiant et dérangeant, qui m’a totalement prise au dépourvu. Céline ose aborder des thèmes glaçants : la manipulation mentale ou encore les souvenirs refoulés que le cerveau enterre pour se protéger. Sans oublier d’autres sujets dont je ne peux pas vous parler, sinon je déflore l’intrigue. Ces sujets, traités avec justesse, confèrent au roman une dimension psychologique intense et un sentiment de malaise persistant, même une fois le livre refermé.

Une édition qui couronne un vrai talent

D’abord auto-édité en 2024, « Là où sombrent les secrets » a su convaincre et est publié chez Taurnada. Ce parcours éditorial atteste de la qualité de l’intrigue et de la plume de Céline Bréant, qui signe un roman puissant et maîtrisé.

En conclusion

« Là où sombrent les secrets » est un thriller psychologique captivant, où chaque page creuse un peu plus la profondeur des personnages et le gouffre des non-dits. Céline propose une intrigue redoutablement efficace, un rythme haletant et une ambiance sombre à souhait, idéale pour les amateurs de suspens psychologique et de récits où le passé ressurgit pour mieux détruire le présent.
Un roman coup de poing qui vous fera suspecter tout le monde et vous tiendra éveillé jusqu’à la dernière ligne.

« Depuis le SMS de Mila, je suis d’une humeur massacrante. Il y a des jours, comme celui-ci, où le moindre bruit de fond me crispe. Un sifflement, un hoquet, des coups de dents dans une pomme, et l’intégralité de mon corps se tend comme un arc. »

Je remercie les Editions Taurnada pour cette lecture.

#Làoùsombrentlessecrets   #CélineBréant   #Taurnada

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé, entre disparition mystérieuse et drame adolescent, m’a immédiatement intriguée.

Auteur connu : « Là où sombrent les secrets » est le second roman de Céline. Une auteure que j’ai découvert ici avec grand plaisir.

Émotions ressenties lors de la lecture : empathie, compassion, curiosité, angoisse, frisson, fascination et choc.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’atmosphère, la construction, les personnages, la plume, les thèmes abordés, le suspense, et la fin. 

Si je suis une âme sensible : les thèmes abordés peuvent heurter ou déstabiliser les lecteurs sensibles. Mieux vaut être préparé à une lecture intense, sombre et émotionnellement éprouvante.