Informations
Titre : Ceux qu’on tue
Auteur : Peter Swanson
Éditeur : Gallmeister
Nombre de pages : 400 pages
Formats et prix : poche 11.90 € / numérique 7.99 €
Date de publication : 5 mars 2025
Genre : thriller psychologique
Résumé
Londres-Boston, vol de nuit. Ted Severson rencontre la superbe et mystérieuse Lily Kintner. On bavarde, on boit des cocktails, et voilà que peu à peu se déclenche un jeu de la vérité où, un détail après l’autre, Ted se dévoile à Lily. Il a trouvé en elle une oreille bienveillante et se met à lui raconter l’échec de son couple. Il en est certain, Miranda, sa femme, le trompe. Il en vient même à confier… qu’il tuerait bien l’épouse volage. Pour Ted, bafoué, l’idée semble même presque raisonnable. D’autant plus que Lily déclare le plus sérieusement du monde qu’elle est prête à l’aider. Après tout, des tas de gens méritent de mourir : parce qu’ils mentent, trompent l’aimé ou blessent les autres sans remords… Mais Lily n’a pas tout dit à Ted. Elle s’est bien gardée de lui révéler son passé de tueuse et d’experte en tromperies. Les conspirateurs se retrouvent ainsi vite pris dans un jeu du chat et de la souris des plus dangereux.
Mon avis
Un vol de nuit vers l’enfer
Tout commence à bord d’un avion. Deux inconnus se rencontrent dans un aéroport, prennent quelques verres, parlent à cœur ouvert. Ted Severson, un homme d’affaires en apparence lisse, confie à Lily Kintner ses soupçons : sa femme le trompe. Mais plus troublant encore, il admet qu’il la tuerait bien. Et Lily, au lieu de fuir, l’encourage. Elle n’hésite pas une seconde à lui proposer son aide.
Ce premier chapitre est une claque. En quelques pages, Peter crée une tension glaçante, presque irréelle.
Personnages troubles et moralité floue
Ce roman est avant tout une affaire de personnages. Des êtres troubles, ambivalents, fascinants.
Lily Kintner, froide, méthodique, presque clinique dans sa manière de voir la vie (et la mort). Une justicière vengeresse ? Une sociopathe ? Un peu des deux. Sa logique, implacable, rappelle les justiciers silencieux d’Hitchcock, mais avec une noirceur contemporaine.
Ted Severson : victime ou complice ? Plus complexe qu’il n’y paraît, il oscille entre naïveté, colère sourde et une forme de fascination destructrice pour Lily.
Miranda, la femme infidèle, n’est ni innocente ni monstrueuse. Peter évite les stéréotypes et préfère brosser des portraits nuancés, chacun portant sa part d’ombre.
Tous ces personnages jouent à un jeu dangereux, et Peter, en virtuose du suspense, manipule leurs trajectoires comme un maître d’échecs.
Justice, manipulation et zones d’ombre
« Ceux qu’on tue » aborde des thèmes puissants et dérangeants, soit avec une brutalité froide, soit en les laissant affleurer à la surface du récit. Le fil rouge du roman, c’est la question de la justice personnelle : jusqu’où peut-on aller pour se protéger, se venger, ou rétablir ce que l’on considère comme un équilibre moral ? Lily, en particulier, incarne cette idée d’une justice expéditive, intime, implacable. Une justice silencieuse, mais définitive.
Le roman explore aussi avec finesse la manipulation, qu’elle soit psychologique, affective ou stratégique. Chacun semble avoir ses secrets et ses motivations cachées. Ici, la parole est une arme, et la confiance une faiblesse que certains n’hésitent pas à exploiter.
Enfin, Peter évoque, souvent de manière implicite mais avec une force indéniable, des sujets bien plus sombres, que je ne dévoilerai pas pour préserver l’effet de lecture. Sachez simplement qu’il est question de traumatismes profonds, de domination, et de violences invisibles, qui façonnent les personnages bien avant que l’intrigue ne commence. Ces thèmes donnent au roman une profondeur inattendue et renforcent ce sentiment de malaise si caractéristique du thriller psychologique.
Une construction en poupées russes
Très vite, l’intrigue se déploie en plusieurs strates, nous éloignant d’un simple « plan pour tuer l’épouse infidèle » pour nous entraîner dans une toile bien plus complexe, faite de manipulations, de révélations passées et de jeux de pouvoir.
Peter adopte une narration alternée qui permet au lecteur d’entrer dans la tête des protagonistes. Ce choix donne au récit une profondeur psychologique impressionnante. Les chapitres consacrés à Lily, notamment ceux qui remontent à son passé, sont glaçants et fascinants.
Chaque révélation vient déconstruire ce qu’on pensait savoir. Les certitudes tombent, les masques aussi. Et on se rend compte que, dans cette histoire, chacun manipule l’autre à un degré ou un autre.
C’est une véritable danse macabre où les alliances se font et se défont, où le crime devient presque une forme de catharsis.
Une mécanique de thriller parfaitement huilée
Peter joue avec les codes du roman noir, du polar psychologique et du thriller domestique.
Le rythme est redoutablement efficace : chaque fin de chapitre donne envie de lire le suivant. L’auteur maîtrise l’art du twist sans jamais sombrer dans l’effet gratuit.
Il y a quelque chose d’élégant dans sa plume, une sobriété au service d’une tension permanente. Il distille l’inquiétude avec un calme glaçant. À chaque page, on sent que quelque chose peut basculer. Et souvent, ça bascule.
« Son visage rond de poupée deviendrait bouffi, son corps de pin-up ramollirait. Mais elle n’aurait pas l’occasion de vieillir, pas vrai ? Puisque j’allais la tuer. C’était toujours au programme, non ? »
Quelques facilités scénaristiques… si on gratte un peu
Même si Peter Swanson maîtrise très bien l’art du twist et de la surprise, certains éléments de l’intrigue peuvent paraître trop bien huilés pour être crédibles, une fois l’effet de surprise passé.
Le passé de Lily, bien que fascinant, soulève quelques interrogations : comment une jeune femme peut-elle accumuler autant de noirceur sans jamais se faire remarquer ni inquiéter personne ? L’idée est forte, mais repose sur une série d’ellipses et de raccourcis narratifs qu’il faut accepter sans trop questionner.
Si on se laisse porter par le suspense et la mécanique du récit, tout passe très bien. Mais un lecteur exigeant sur la vraisemblance des enchaînements pourrait tiquer sur ces quelques facilités. Cela n’enlève rien à la tension dramatique ni au plaisir de lecture, mais cela mérite d’être noté.
Mon ressenti : vertigineux et dérangeant
C’est un roman qui m’a prise à la gorge. Parce qu’il pousse à s’interroger : jusqu’où irait-on pour se venger ? Peut-on comprendre un meurtrier si on partage sa douleur ?
« Ceux qu’on tue » a été à la hauteur de mes attentes. La tension était permanente, comme si une ligne invisible était en train de se tendre, page après page. J’ai ressenti un malaise fascinant, cette impression étrange de me prendre d’intérêt, voire d’empathie, pour des personnages moralement douteux.
Il y avait aussi une forme d’excitation intellectuelle, car l’auteur nous pousse sans cesse à réévaluer les intentions des uns et des autres, à jouer nous-mêmes au détective (ou au complice…).
C’est un livre que j’ai lu d’une traite, le cœur serré par moments, surprise, dérangée, mais captivée du début à la fin. Et au final, j’en suis ressortie avec cette émotion rare : celle d’avoir lu quelque chose de troublant et délicieusement inconfortable.
C’est le genre de lecture qui brouille les repères moraux. On s’attache à des personnages qu’on ne devrait pas aimer, on espère parfois qu’ils s’en sortent… alors qu’ils commettent l’irréparable.
Et c’est précisément ce que j’aime dans les thrillers de qualité : ils nous confrontent à ce que nous avons de plus ambigu en nous.
« Il y a une très grande différence entre vouloir assassiner sa femme et passer à l’acte, et une différence encore plus grande entre commettre un meurtre et ne pas se faire pincer. »
#Ceuxquontue #PeterSwanson #Gallmeister
En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé, diablement accrocheur !
Auteur connu : j’ai rencontré Peter lors des derniers Quais du Polar.

Émotions ressenties lors de la lecture : tension, malaise, angoisse, incrédulité, surprise, trouble.
Ce que j’ai moins aimé : les facilités scénaristiques, mais bon, je pinaille, je l’avoue.
Les plus : les personnages fascinants, les twists, le rythme, la plume, la réflexion sur la justice personnelle.
Si je suis une âme sensible : le roman aborde sans détour la question de la mort, de la vengeance, de la manipulation émotionnelle et mentale. Pas de complaisance, mais un regard froid, presque chirurgical.


Bonjour. Ton résumé me tente et en même temps, étant sensible, j’hésite, surtout qu’en ce moment j’ai du mal à lire.
Bon à réfléchir.
Je te souhaite une bonne journée. Gros bisous
Domo
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Oui à voir. Il faut peut-être attendre le bon moment. Grosses bises.
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Domi
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Merci pour cette belle présentation et je note ce titre de roman car c’est tout ce que j’aime! lol! Zoé
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Avec plaisir Zoé. Je vous en souhaite une belle lecture. Bonne fin de journée.
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