« L’homme qui voulait être vieux » de Thomas GAUDIN et Olivier DOMERC

Informations 

Titre : L’homme qui voulait être vieux

Auteur : Thomas Gaudin, Olivier Domec / Illustrations de Christophe Girard 

Éditeur : Marabulles 

Nombre de pages : 144 pages

Formats et prix : broché 20.90 € / numérique 14.99 €

Date de publication : 1er septembre 2021

Genre : roman graphique 

Résumé

Dépressif et se croyant inadapté au monde actuel, Théodore veut rejoindre un ehpad en simulant les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Théodore n’en peut plus, il veut échapper à la vie actuelle. Mais rien ne se passera comme prévu…

Mon avis

Ce roman graphique propose une réflexion à la fois drôle, mélancolique et profondément humaine sur notre rapport au temps, à la société et à la vieillesse.

Une intrigue originale et décalée

Théodore, 45 ans, est un homme en rupture avec son époque. Dépressif, persuadé qu’il n’est pas adapté au monde actuel, il cherche un refuge. Et quel meilleur endroit, pense-t-il, qu’un EHPAD, où la vie semble réglée, où les journées se ressemblent et où l’on échappe à la pression du quotidien ? Pour y parvenir, il simule les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Mais évidemment, rien ne va se passer comme prévu… Ce point de départ insolite ouvre la voie à un récit qui jongle entre satire et tendresse.

Un récit entre humour et gravité

Les auteurs osent aborder des sujets difficiles (la dépression, le mal-être, la fuite en avant) par le biais d’un humour absurde et décalé. Derrière les situations cocasses et les dialogues qui font sourire, se cachent des questions plus profondes : qu’est-ce que vieillir ? Qu’est-ce que « réussir sa vie » ? Peut-on trouver le bonheur en se mettant volontairement en retrait du monde ?
Le récit offre un ton léger qui permet de réfléchir sans lourdeur. On rit parfois de bon cœur, puis, l’instant d’après, une réplique ou une situation nous ramène à une vérité plus sombre.

Théodore et ses rencontres improbables

Théodore, bien qu’agaçant dans sa volonté de fuir le monde, est terriblement humain. On reconnaît en lui les doutes et les fragilités que chacun peut ressentir face à un monde qui semble aller trop vite. Son parcours est ponctué de rencontres qui, chacune à leur manière, vont bousculer son plan et lui montrer qu’il existe d’autres manières d’exister. Les personnages secondaires, souvent hauts en couleur, apportent du relief et une dose bienvenue de tendresse.

Un style fluide et une mise en images percutante

Le duo d’auteurs maîtrise parfaitement l’art du dialogue. Les répliques sont vives, percutantes et souvent savoureuses. Le rythme du récit est bien équilibré : ni trop lent, ni trop précipité.
Mais ce qui donne toute sa singularité à ce livre, ce sont les illustrations de Christophe Girard. 

Son trait à la fois vif et un peu brouillon donne une impression d’authenticité et de spontanéité. On est loin des lignes trop lisses ou formatées : ici, chaque coup de pinceau respire la vie.

 

Les couleurs, très présentes, oscillent entre des teintes chaleureuses (ocre, jaune, rouge brique) et des nuances plus ternes qui traduisent la mélancolie du récit. Elles renforcent le contraste entre les moments absurdes, presque burlesques, et les instants de solitude ou de doute.

Le découpage des planches est dynamique : tantôt foisonnant, avec plusieurs petites cases qui font jaillir les dialogues et les situations cocasses (comme les discussions autour de la table ou les scènes de foule), tantôt plus aéré, pour souligner une émotion ou un silence. Cette alternance donne un vrai rythme à la lecture, comme une respiration entre deux éclats de rire.

Un autre atout est l’expressivité des personnages : les visages sont marqués, caricaturaux parfois, mais toujours justes. Un simple froncement de sourcils ou un sourire de travers suffit à rendre palpable une émotion, et cela rend Théodore et les pensionnaires de l’EHPAD encore plus attachants.

Le dessin n’est pas seulement un habillage du texte : il devient un véritable partenaire de l’histoire, en soulignant tantôt la tendresse, tantôt l’absurde, et en offrant au lecteur un spectacle visuel aussi riche que le propos.

Vieillir ou fuir le monde ?

Au-delà de son intrigue décalée, « L’homme qui voulait être vieux » soulève de vraies questions existentielles : le rapport au vieillissement et à la mort, le rejet d’une société où tout va trop vite, où l’on se sent parfois étranger, le besoin d’appartenance et de lien humain, et enfin, la frontière ténue entre fuite et quête de sens.

Ce que j’en ai pensé

Ce livre m’a surprise par sa capacité à faire rire tout en touchant des cordes sensibles. J’ai apprécié ce mélange de burlesque et de mélancolie, ce ton faussement léger qui amène à une réflexion profonde. C’est une lecture atypique, qui bouscule et fait réfléchir, tout en restant accessible et divertissante.

Une lecture douce-amère qui surprend

« L’homme qui voulait être vieux » est un petit bijou d’originalité qui aborde, avec humour et tendresse, des thèmes aussi universels que la dépression, la fuite et le vieillissement. Derrière l’absurde se cache une réflexion profonde sur notre société et sur nos propres contradictions. Une lecture qui fait sourire autant qu’elle pousse à s’interroger.

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En bref…

Une réflexion sur “« L’homme qui voulait être vieux » de Thomas GAUDIN et Olivier DOMERC

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