« Mercredi » de Tehlor Kay MEIJA

Informations 

Titre : Mercredi 

Auteur : Tehlor Kay Meija 

Éditeur : Gallimard Jeunesse

Nombre de pages : 368 pages

Formats et prix : broché 17.90 € / numérique 12.99 €

Date de publication : 14 août 2025 

Genre : littérature jeunesse- à partir de 12 ans 

Résumé

Renvoyée du lycée, Mercredi Adams est forcée de poursuivre son cursus à l’Académie Nevermore.
Elle y fait la connaissance de nombreux adolescents marginaux, dont Enid, sa colocataire loup-garou, Eugène, le président du club d’apiculture, des vampires, des sirènes ou encore des métamorphes.
Lorsqu’une série de meurtres frappe la ville de Jericho, Mercredi et ses amis enquêtent.

Mon avis

Une adaptation que j’attendais de pied ferme !

Fan de la série « Mercredi », je ne pouvais évidemment pas passer à côté de cette adaptation littéraire signée Tehlor Kay Mejia. L’univers Addams me fascine : cette esthétique gothique, ce mélange d’humour noir et de lucidité, cette héroïne que tout oppose au monde qui l’entoure.
Ce roman m’a accompagnée pendant mes nuits d’insomnie, au fil d’un rythme volontairement lent, presque contemplatif, qui m’a permis de savourer chaque détail de l’ambiance si particulière de Nevermore.

Attention toutefois, le roman reste tributaire de la série : il lui manque parfois un vrai souffle d’indépendance, une audace narrative qui l’aurait distingué davantage. Il est important de le souligner, vous n’apprendrez rien de plus que dans la série. 

Nevermore : le théâtre des âmes étranges

Le récit reprend les grandes lignes de la série : renvoyée de son lycée pour une vengeance un peu trop… créative, Mercredi Addams est contrainte d’intégrer l’Académie Nevermore, une école où se côtoient vampires, loups-garous, sirènes et métamorphes. Là, elle rencontre Enid, sa colocataire haute en couleur, Eugène, passionné d’apiculture et toute une galerie d’adolescents en marge du monde normal.
Mais lorsque la ville de Jericho est secouée par une série de meurtres, Mercredi se lance dans une enquête à la hauteur de son intelligence et de son esprit tordu.

Tehlor Kay développe les pensées de Mercredi et offre au lecteur un accès direct à son esprit brillant, cynique et parfois désarmant de lucidité. L’enquête, bien menée, sert ici surtout de prétexte à explorer la solitude, la différence et le rapport de Mercredi au monde.

Une mécanique d’ombres et de silences

La structure du roman alterne entre introspection et action, dans un équilibre efficace. Les scènes d’enquête, les dialogues mordants et les descriptions poétiques créent un rythme qui épouse les humeurs de Mercredi : tantôt glacial, tantôt curieusement tendre.
Tehlor Kay parvient à capter l’essence du personnage : cette façon de se détacher des émotions tout en étant, paradoxalement, profondément sensible à la douleur et à l’injustice.

Nevermore, quant à lui, est un personnage à part entière, à la fois refuge et piège, terrain d’expérimentation et miroir déformant de la société.

Chaque chapitre resserre le lien entre le décor et le destin : tout semble imprégné de mystère, jusque dans la lumière filtrée par les vitraux.

Une plume ciselée à la pointe du sarcasme

La plume de Tehlor Kay Mejia est acérée, ciselée, pleine d’ironie. Elle manie les mots comme Mercredi manie le scalpel : avec précision et détachement. On retrouve cette musicalité froide et élégante qui colle parfaitement au personnage.
Le style, tout en clair-obscur, donne au roman une identité propre, oscillant entre réalisme gothique et poésie macabre.

Des personnages qui s’affirment

Mercredi est évidemment la reine du roman. Plus introspective que dans la série (normal puisque le lecteur est dans sa tête), elle se dévoile ici par touches, entre orgueil et vulnérabilité. Sa solitude devient presque un art de vivre, mais on sent les fissures derrière la façade.

« C’est le problème quand vous vous liez avec les gens. Quand vous les laissez s’attacher à vous. Ils s’attendent à ce que vous leur ouvriez votre cœur. Que vous vous montriez vulnérable. C’est épuisant. »

Enid, quant à elle, apporte une lumière indispensable : sa naïveté, sa chaleur, son besoin d’amitié contrastent avec le détachement de Mercredi et leur relation, souvent tendue, mais sincère, devient l’un des points d’équilibre du récit.
Eugène et les autres camarades de Nevermore apportent chacun leur nuance : un regard tendre, un humour discret, un sentiment d’appartenance que Mercredi refuse d’admettre mais qu’elle recherche malgré elle.

La solitude et la différence, au cœur du roman

Derrière son apparente froideur, « Mercredi » est un roman profondément introspectif, qui interroge sur la solitude et la différence. Tehlor Kay y dépeint une héroïne qui refuse obstinément de se fondre dans la norme, préférant la compagnie du silence à celle des faux-semblants. Nevermore devient alors le symbole d’un monde parallèle où les exclus créent leur propre équilibre. Chacun des personnages, à sa manière, incarne cette tension entre appartenance et isolement, entre le besoin d’être soi et le désir d’être compris. Le roman invite ainsi à réfléchir sur la marginalité, non pas comme une faiblesse, mais comme une forme de lucidité. Être différent, ici, n’est plus une malédiction : c’est un acte de résistance face à une société qui a peur de ce qu’elle ne comprend pas.

Mon ressenti de lecture

J’ai retrouvé tout ce que j’aime dans l’univers de « Mercredi » : la noirceur assumée, la lucidité mordante, la fascination pour la marginalité. Ce roman est une immersion totale dans l’esprit d’une héroïne pas comme les autres.
Cette lecture a agi sur moi comme un charme nocturne. Certaines pages, lues à la lumière tamisée de mes insomnies, avaient un pouvoir d’apaisement étrange. Peut-être parce que Mercredi, dans son refus du monde, m’a fait penser à moi…

Ce roman prolonge avec intelligence un univers que les fans, dont je fais partie, aiment explorer sous toutes ses formes.

En conclusion

« Mercredi » de Tehlor Kay Mejia est une plongée littéraire dans un imaginaire gothique où chaque détail respire la singularité. L’écriture, acérée et sensible, rend justice à l’héroïne tout en lui offrant une voix plus intime, plus nuancée.
C’est un roman à lire pour ce qu’il offre : un voyage dans la tête d’une adolescente hors normes, un hymne à la différence et une réflexion subtile sur ce que signifie exister en marge. Je ne peux que vous conseiller cette lecture, et encore plus si vous êtes fan de la série et/ou de l’univers de la Famille Addams. 

« Je blâme une société qui, en guise de baromètre du bonheur, établit des normes inaccessibles pour la plupart d’entre nous. »

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : par passion, avant tout. Parce que je suis fascinée par Mercredi Addams, par son intelligence froide, sa singularité, son refus du conformisme. Et parce que j’étais curieuse de voir comment cet univers si visuel pouvait se transposer dans la littérature. 

Auteur connu : Tehlor Kay est une auteure enfant et young adult que je ne connaissais pas. J’espère que le tome 2 de la série est en préparation car je l’attends de pied ferme.

Émotions ressenties lors de la lecture : mélancolie, apaisement, réconfort, tendresse. Oui, beaucoup d’émotions positives et lumineuses pour un roman assez noir tout de même ! Joli paradoxe. 

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’atmosphère, l’ironie, la poésie macabre.

Si je suis une âme sensible : rien d’insoutenable ici, mais une noirceur constante, une ironie parfois mordante.

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