« La colère » de S.A. COSBY

Informations 

Titre : La colère

Auteur : S.A. Cosby

Éditeur : Pocket et Sonatine pour le broché

Nombre de pages : 400 pages en version poche

Formats et prix : broché 23 € / numérique 8.49 €  / poche 8.60 €

Date de publication : 11 janvier 2024 pour le poche

Genre : roman noir

Résumé

Un état des lieux sans concession de l’Amérique des marges.
Ike Randolph est noir. Buddy Lee Jenkins est blanc. En Virginie-Occidentale, cela revient à dire que tout les oppose. Ils ont pourtant été tous les deux pareillement lamentables en dénigrant avec la même violence l’homosexualité de leurs fils, maintenant mariés l’un à l’autre. Alors, quand Isiah et Derek sont assassinés, la douleur a un goût de culpabilité. Qui a tôt fait de se transformer en colère, un colère viscérale, qui réclame un exutoire.

Mon avis

Un récit de vengeance et de rédemption fulgurant, deux pères qui ne reculeront devant rien pour venger les meurtres de leurs fils.

États-Unis, petite ville de Virginie. Ike Randolph, Noir, est un ancien membre d’un gang qui, après avoir purgé une peine de 15 ans de prison, est rangé et dirige une entreprise de paysagiste. Buddy Lee Jenkins, Blanc, ex détenu lui aussi, est un raciste divorcé vivant dans une caravane, buvant plus que de raison, harassé par une toux suspecte. Leur seul point commun en dehors de la prison : avoir un fils gay qu’ils ont rejetés. Les fils de Ike et Buddy étaient mariés ensemble, et ils ont été victimes d’un crime homophobe en pleine rue. L’enquête policière étant rapidement classée, Buddy Lee suggère à Ike d’unir leurs forces pour enquêter et trouver les meurtriers de leurs fils.

« Retrouver ceux qui avaient assassiné Isiah et Derek était le radeau auquel il se cramponnait pour ne pas sombrer. Sauf que le radeau pouvait couler à tout moment, et il valait mieux qu’il n’y ait personne dans les parages quand ça se produirait. »

Les deux hommes se lancent alors dans une quête épique de vengeance, où ils vont fouiller dans la vie de leurs fils et apprendre à les connaître, ce qu’ils n’avaient pas réussi à faire de leur vivant.

En cours de route, ils affrontent non seulement les méchants qui leur ont volé leurs fils, mais surtout, et de manière encore plus marquante, les préjugés qui ont défini leurs relations avec leurs fils et entre eux.

« La colère » avance à un rythme effréné. Cosby nous livre un roman noir licencieux, une lecture totalement compulsive qui regorge d’action et de violence, mais aussi de résonance émotionnelle. À la fois effrontée, réaliste, émotionnelle et sincère, « La colère » offre un mélange parfait d’action, de sensations fortes et de personnages percutants. Cosby explore les thèmes du racisme, de la masculinité et de l’homophobie avec un effet souvent déchirant. 

« Un homme qui laisse devenir son gamin homo, c’est qu’il a échoué. »

À première vue, un partenariat entre Ike et Buddy Lee semble voué à l’échec. Au début du récit, tous deux nourrissent beaucoup de suspicion l’un envers l’autre. Mais au fil des chapitres, ils vont mettre de côté ces différences. Leur relation va évoluer et c’est un régal à suivre. Aucun d’eux n’a accepté la sexualité de leurs fils et doivent admettre et affronter leurs aprioris. Cette quête de vengeance se transforme alors en recherche de rédemption.

« La colère » est le genre de roman noir dans lequel on a l’impression de voir l’histoire se dérouler dans son esprit ; les descriptions détaillées donnent particulièrement vie à certaines des scènes les plus violentes du livre de manière mémorable. L’une d’elle me restera gravée pendant longtemps…Je ne suis pas prête de manger de la viande hachée, je vous le dis !

La plume de Cosby est très visuelle, cinématographique, fluide et percutante. Il ajoute une touche d’humour et de poésie à certains moments, et cela fait du bien.

« La colère » m’a beaucoup touchée, de par ces deux pères totalement désespérés et prêts à tout pour trouver la rédemption, animés par une vengeance sans borne. J’ai beaucoup aimé cette capture très réaliste de la société américaine, ce visage pas si glamour qui reflète l’Amérique profonde, celle du Sud, bien loin des paillettes et des lumières de Time Square. Le livre s’ouvre sur les funérailles des deux jeunes gens, ce qui donne immédiatement le ton. Va falloir sortir les mouchoirs. Et dompter la colère qui monte chez le lecteur, inexorablement. Même si les méthodes de nos deux anti-héros ne sont pas très orthodoxes, ils ont pu compter sur tout mon soutien. A leur place, j’aurai cherché à me venger aussi, faut être clair.

Avec « La colère », j’ai vécu une expérience de lecture riche et complexe émotionnellement. J’ai beaucoup réfléchi sur mes comportements et ceux de la société, par rapport surtout aux normes sociales qui sont encore trop bien ancrées dans notre quotidien et sur la pression pesant sur les communautés LGBTQ+.

Je vous recommande cette lecture pour sa dimension, sa puissance et pour la plume de l’auteur.

Je remercie Editis et les Éditions Pocket pour cette lecture.

« Quand on était noir au pays de la liberté, la moindre interaction avec un représentant des forces de l’ordre avait quelque chose de terrifiant. On avait l’impression de marcher en permanence le long d’un dangereux précipice. Et si en plus on avait le malheur d’avoir un casier judiciaire, c’était comme si ce précipice était bordé de peaux de banane. »

#Lacolère    #SACosby   #Pocket

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé. Les sujets avaient l’air intéressants.

Auteur connu : S.A. Cosby est l’auteur de trois romans salués par la critique. Invité cette année aux Quais du Polar, je l’ai aperçu, mais je ne me suis pas arrêtée. Je ne le connaissais pas à ce moment. Je suis ravie d’avoir pu découvrir sa plume.

Émotions ressenties lors de la lecture : colère, indignation, empathie, espoir.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : les personnages, la vision de la société américaine offerte, le rythme, la plume, la fin.

Si je suis une âme sensible : attention à vous, Cosby ne fait pas dans la dentelle !  C’est violent, c’est clair.

Une réflexion sur “« La colère » de S.A. COSBY

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