Informations
Titre : La forêt au clair de lune
Auteur : Michiko Aoyama
Éditeur : Nami
Nombre de pages : 352 pages
Formats et prix : broché 20 € / numérique 12.99 €
Date de publication : 5 juin 2024
Genre : littérature japonaise
Résumé
Fasciné par la Lune, cet astre qui guide nos vies mais conserve tant de secrets, Taketori Okina a transformé sa passion en podcast à succès.
Chaque jour, des auditeurs dispersés aux quatre coins du pays s’échappent de leur quotidien pour l’écouter. Une ancienne infirmière en quête de sens, un humoriste qui n’arrive pas à percer, une lycéenne qui rêve d’indépendance… tous sont confrontés à des décisions qui vont bouleverser leur destin.
Portés par la voix de Taketori, chacun en apprend plus sur la Lune et la mystérieuse influence qu’elle a sur sa vie. Car, comme elle guide les tortues la nuit de leur naissance, elle inspire aussi profondément les choix de ceux qui sont à son écoute.
Et grâce à ce podcast fascinant, c’est la nouvelle lune, symbole de renouveau invisible, qui va les accompagner pour démêler les nœuds de leur existence et imaginer de nouveaux départs.
Mon avis
Un roman doux et sensible pour une pause au calme.
Vous êtes-vous déjà plongés dans un roman de Michiko ? Non ? Je vous en souhaite alors une excellente découverte. Oui ? Vous en connaissez donc le principe, la construction. Rien de nouveau sur ce point-là, sachez-le.
La particularité des romans de Michiko réside dans sa structure. Chaque chapitre présente un narrateur différent, ses difficultés, ses pensées. Tous ces protagonistes se croisent et se recroisent au cours du roman. Un personnage star d’un chapitre fait une apparition dans les suivants. Et ils ont tous un lien. Ici, ils écoutent le même podcast devisant de la Lune. Il est réalisé par Taketori, qui en publie un épisode chaque matin et qui partage ses connaissances et réflexions sur l’astre de nuit.
Cinq chapitres, cinq personnages.
Nous sommes dans la banlieue de Tokyo. Reika est infirmière. Elle a démissionné de son travail et est en recherche d’un poste plus adéquat à ses aspirations. Elle qui pensait avoir plus de temps pour elle, elle s’aperçoit vite qu’entre les tâches ménagères et la gestion de la maisonnée, son seul moment à elle se résume à l’écoute du podcast. Dans la plus pure tradition nippone, Reika, 41 ans, vit avec ses parents et son frère de 31 ans.
Pon, quant à lui, est livreur à domicile. Son rêve de toujours est de devenir humoriste. Un rêve qui s’éloigne un peu plus chaque jour.
Pour Tabaka, 56 ans, là aussi, les traditions sont essentielles. Aussi, lorsque sa fille, Aya, les bouscule sans vergogne, il a du mal à accepter que ses rêves s’effondrent. Il doit se faire une raison, Aya fait tout à l’envers. Elle ne souhaite pas se marier religieusement, est enceinte et quitte le foyer loin de Tokyo pour vivre avec son futur mari. L’occasion de découvrir comment le poids familial des traditions entre en conflit avec la jeune génération.
Nachi est lycéenne, elle vit avec sa mère dans un petit appartement. Nachi souffre de l’indifférence de sa mère et rêve de prendre son indépendance le plus rapidement possible.
Mina se passionne pour son activité de créatrice de bijoux. Sa famille ne reconnait pas ce métier, le rabaissant constamment. Ses relations avec sa belle-mère ne sont pas au beau fixe, ajoutant encore de la détresse à l’état d’esprit de Mina.
Sans le savoir, l’écoute du podcast va aider tous ces personnages. Quelquefois, il suffit juste d’un rayon de Lune pour éclairer une existence qui semble bien trop sombre.
Le lecteur ressent plus ou moins d’empathie pour chacun. Pour ma part, celui que j’ai le moins apprécié a été Pon. Je ne suis pas entrée du tout dans ce chapitre, sa vie et sa problématique ne m’ont pas du tout intéressée. Tabaka m’a beaucoup émue. Je voulais vraiment le voir s’en sortir et s’épanouir. J’avais envie de l’aider à trouver la paix.
« J’adorais me plonger dans ces histoires et songer à la Lune. Pendant un bref laps de temps, j’oubliais ma vie compliquée. »
« La forêt au clair de lune » est aussi l’occasion d’apprendre des choses sur cet astre qui veille sur nos nuits. Avec ses phases, la Lune est un véritable symbole du cycle de la vie, de nouveaux départs et de transformations. Cela sied parfaitement à l’état d’esprit de nos personnages. La situation de chacun correspond à une phase lunaire. La plupart des récits se déroulent lors d’une nouvelle lune, incarnant un nouveau départ : pour Réika, qui décide de changer de vie, pour Tabaka, qui se doit d’accepter les choix de vie de sa fille, mais aussi pour Mina, puisqu’elle va prendre sa carrière en main. La pleine lune pour Nachi, afin d’apporter à la jeune fille la clarté nécessaire pour qu’elle comprenne où se situe réellement son bonheur. Et également pour Pon, qui aura une révélation grâce à l’observation de la pleine lune.
Intégrer ce podcast comme fil rouge apporte une touche spirituelle et poétique au récit, l’atmosphère se révélant propice à la réflexion et au lâcher-prise.
Si Taketori reste mystérieux tout le long du roman, si, comme moi, la curiosité à son sujet vous dévore, sachez qu’une partie du voile se lève à la fin, sous la forme du podcast, bien entendu. Et cet ultime épisode est tellement émouvant ! Une bien belle manière de clôturer « La forêt au clair de lune ».
J’ai beaucoup aimé cette lecture, elle m’a apporté beaucoup de douceur, de légèreté, d’apaisement. Je l’ai dégustée comme une guimauve. Alors, certes, si vous avez lu les précédents romans de Michiko, vous pourrez très bien trouver ce roman redondant. L’objectif n’est pas de tous les lire à la suite. Mais d’en ouvrir un lorsque le besoin se fait sentir. Personnellement, j’avais envie d’une pause doudou. Et je l’ai trouvée ici.
« D’après Taketori Okina, la surface de la Lune était recouverte d’un sable d’une grande finesse appelé « Régolite ». Chaque grain de ce sable réfléchissait la lumière du soleil dans toutes les directions, ce qui en démultipliait l’éclat. »
Après cette lecture, nul doute que vous regarderez la Lune d’un autre œil. N’oubliez pas : « Ici Taketori Okina, depuis la forêt de bambous. J’espère que la princesse Kaguya va bien ». Bonne lecture !
« Bas dans le ciel d’ouest, je distinguais la Lune au deuxième jour du cycle lunaire. Chaque nuit, elle changeait de forme. Absolument toutes les nuits. Elle brillait puis disparaissait dans un quotidien perpétuel. Peut-être nous montrait-elle ce que nous sommes. Grâce à elle, nous apprenions que tout change avec le cours du temps, que ce cycle nous transporte continuellement vers l’avenir. »
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En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le besoin d’une pause au calme, d’un livre qui m’enveloppe de douceur.
Auteur connu : j’ai lu tous les livres de Michiko, à chaque fois, c’est un vrai bonheur. Retrouvez mes chroniques de « Un lundi parfum matcha » , « Un jeudi saveur chocolat » et « La bibliothèque des rêves secrets » .
Émotions ressenties lors de la lecture : apaisement, calme, harmonie, sérénité.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : la construction, le sujet, l’immersion culturelle, les personnages, le côté philosophique, la plume.
Si je suis une âme sensible : foncez !!
