« La bibliothèque des rêves secrets » de Michiko AOYAMA

sonia boulimique des livres

Titre : La bibliothèque des rêves secrets

Auteur : Michiko Aoyama

Éditeur : Nami

Nombre de pages : 352 pages

Formats et prix : broché 19 € / numérique 12.99 €

Date de publication : 17 mai 2022

Genre : littérature japonaise

blog littéraire

Homme ou femme, jeune ou vieux, salarié ou retraité… ils sont cinq à franchir le pas de la petite bibliothèque tenue par Sayuri Komachi en plein cœur de Tokyo. Leur point commun: ils sont au croisement de leur vie. A chacun Sayuri Komachi, énigmatique bibliothécaire attentive aux autres, proposera un ouvrage totalement inattendu, bien loin de celui qu’ils croyaient être venus chercher.
Mais ce choix ne relève pas du hasard, ce livre se révèle comme le jalon qui leur permettra de changer de vie.
Sayuri Komachi dévoile à chaque lecteur le pouvoir de la lecture et l’importance qu’une personne attentive et à l’écoute peut avoir sur le destin de chacun d’entre nous.

chroniques littéraires

« La bibliothèque des rêves secrets » est une bulle d’évasion et d’oxygène.

Cinq chapitres, cinq personnages et narrateurs différents. Cette construction me fait vraiment penser à « Tant que le café est encore chaud » de Toshikazu KAWAGUCHI.

Nous sommes à Tokyo, et nos cinq protagonistes vont franchir la porte du centre social de leur quartier. L’une pour y prendre des cours d’informatique, un autre pour apprendre un jeu afin d’occuper son temps libre à la retraite. Tous se rendront également à la bibliothèque de ce centre. L’apprentie bibliothécaire se prénomme Nozomi, mais elle n’est pas vraiment habilitée à donner des conseils lecture. C’est plus le rôle de Sayuri, qui se trouve derrière un paravent. Sayuri est « particulière ». Chacune des cinq personnes va la voir et nous la décrire de manière totalement différente. J’ai aimé ce développement, cela permet de se rendre compte que si nous avons la même chose sous les yeux, la perception de chacun est totalement différente. Tout comme la vie en fin de compte.

« La valeur d’un livre est plus dans ta propre interprétation que dans la puissance de ses mots. »

Tomoka a 21 ans et travaille dans un magasin de mode. Elle trouve sa vie et son travail fade. Elle qui a quitté sa campagne natale pour Tokyo se retrouve bien loin de ses rêves de réussite…Ryô, 35 ans, comptable, rêve d’ouvrir sa boutique d’antiquité. Mais la vie et ses contraintes font que ce rêve s’éloigne un peu plus chaque jour, au grand désespoir de Ryô. Natsumi, 40 ans, revient dans l’entreprise après son congé maternité. Mais cette maternité lui aura fait prendre conscience que le travail n’est pas adapté aux mères….elle ne retrouvera pas son poste prestigieux d’avant sa grossesse et va en souffrir. Hiroya, 30 ans, cherche un emploi. Plus le temps passe, plus il perd confiance en lui et s’identifie tel un poids pour sa famille et la société. Masao, 65 ans, tout juste retraité, se sent bien inutile et cherche de quoi meubler ses journées….

« J’avais beau être en week-end, impossible de m’accorder une minute. Du temps. Du temps libre. J’en aurais acheté si j’avais pu. J’ai poussé un soupir. Je n’étais peut-être pas faite pour être mère. Je m’étais estimée capable de me débrouiller mieux que ça. »

Sayuriva leur conseille des livres en fonction de leur demande et elle en ajoute un qui n’aura à priori rien à voir avec leurs recherches, et pourtant…Cela va pousser nos personnages à se poser des questions existentielles, à tenter d’en trouver la réponse, à mieux se connaître, à découvrir leurs aspirations profondes. Ce roman choral nous porte à travers les différentes étapes de la vie, nous pousse à réfléchir sur nos choix, sur le sens que nous donnons à notre vie, et même si la mentalité est résolument nippone, on ne peut s’empêcher de s’identifier à ces personnages. Ce roman m’a beaucoup touchée, j’ai vraiment pris plaisir à me glisser entre ses pages.

Un roman que l’on peut appréhender par rapport à sa dimension philosophique, à la limite du feel-good, mais à la japonaise, c’est-à-dire avec une grande délicatesse, de la douceur, et une certaine retenue. Autre façon d’aborder « La bibliothèque des rêves secrets » : sous l’angle de la satire de la vie quotidienne japonaise, entre les rapports au travail, la vie de couple, ou encore la situation des femmes. Partir à la découverte des frustrations et des névroses suscités par les comportements japonais, tels que ne jamais parler de soi, encore moins de ses émotions ni se mettre en avant.

La plume est calme, lente, poétique, délicate et fragile comme les ailes d’un papillon. Ce roman se lit confortablement installé, en prenant son temps, en s’imprégnant de chaque tranche de vie. Ce roman peut très bien avoir sa place sur votre table de nuit, vous pourrez en lire un chapitre par-ci, un chapitre par-là, mais dans l’ordre tout de même, car certains personnages ont un lien entre eux.

La couverture, très douce, aux couleurs pastels, reflète bien le contenu du livre.

Un dernier chapitre nous liste les livres cités dans l’ouvrage, au cas où le lecteur aurait envie d’approfondir certains chapitres. Une belle initiative, je trouve. La curiosité m’a poussé à creuser un peu plus, notamment « La porte de la lune » de Yukari Ishii, le livre conseillé à Natsumi, la mère de famille mise au placard de son entreprise et qui a du mal à s’organiser pour élever sa fille correctement.

Un roman bienveillant, qui apporte zénitude et sérénité, que je vous conseille absolument. Un moment de calme dans la frénésie de nos vies trépidantes.

« La plus grande chose que tu aies accomplie, c’est ta naissance. Rien de ce que tu vis ensuite n’est aussi dur que cet évènement extraordinaire. Mais tu y as résisté, alors tu peux tout surmonter. »

#MichikoAoyama   #Labibliothèquedesrêvessecrets  #Nami

la bibliotheque des reves secrets6800164336837706953.

 

signature_4

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le titre, la couverture, et le résumé m’a un peu fait pensé au style de « Tant que le café est encore chaud » de Toshikazu KAWAGUCHI que j’ai lu ce mois-ci.

Auteur connu : Michiko est une journaliste japonaise. « La bibliothèque des rêves secrets » est son premier roman.

Émotions ressenties lors de la lecture : beaucoup de douceur, de sérénité, d’équilibre. Un bien-être absolu.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : la plume, le côté philosophique, les personnages auxquels on s’identifie, la réflexion qui découle de chaque tranche de vie, le concept de la bibliothécaire proposant un livre destiné à avancer dans la vie.

7 réflexions sur “« La bibliothèque des rêves secrets » de Michiko AOYAMA

  1. J’ai beaucoup apprécié aussi ce petit livre sans prétention et du sensible…comme vous j’ai cherché la porte de la Lune en français mais je n’ai pas trouvé d’édition si vous avez une piste !

    J’aime

Laisser un commentaire