Informations
Titre : Le syndrome de l’Orangerie
Auteur : Grégoire Bouillier
Éditeur : Flammarion
Nombre de pages : 432 pages
Formats et prix : broché 22 € / numérique 14.99 €
Date de publication : 21 août 2024
Genre : littérature générale
Résumé
En se rendant au musée de l’Orangerie, voici que, devant Les Nymphéas de Monet, l’auteur est pris d’une crise d’angoisse. Contre toute attente, les Grands Panneaux déclenchent chez lui un vrai malaise. Sans doute l’art doit-il autant à l’artiste qu’au «regardeur» – mais encore ? Redevenant pour l’occasion le détective Bmore, Grégoire Bouillier décide d’en avoir le cœur net. Les Nymphéas de Monet cacheraient-ils un sombre secret ? Monet y aurait-il enterré quelque chose ou même quelqu’un ? Et pourquoi des nymphéas, d’abord ? Pourquoi Monet peignit-il les fleurs de son jardin jusqu’à l’obsession – au bas mot quatre cents fois pendant trente ans ? Obsession pour obsession, commence alors une folle enquête qui, entre botanique, vie amoureuse de Monet et inconscient de l’œuvre, mènera Bmore de l’Orangerie à Giverny en passant par le Japon et même par Auschwitz-Birkenau, pour tenter d’élucider son «syndrome de l’Orangerie». Lequel concerne plus de monde qu’on l’imagine. Lequel dit qu’entre l’œil qui voit et la chose qui est vue, il y a un mystère qui n’est pas seulement celui de la peinture.
Mon avis
RENTRÉE LITTÉRAIRE 2024
Un roman étonnant à réserver aux amateurs d’art en général, et de Monet en particulier.
Les Nymphéas de Claude Monet sont exposées au Musée de l’Orangerie, à Paris. Huit compositions, de même hauteur (2 m) mais de longueur variable (de 5,99 m à 17,00 m), réparties sur les murs. L’ensemble forme une surface d’environ 200 m2 qui en fait une des réalisations les plus monumentales du siècle. Monet a peint ces compositions pour qu’elles soient suspendues en cercle. Voilà pour les détails artistiques, merci Wikipédia.
Mais revenons à notre roman…
Une crise d’angoisse devant les Nymphéas de Monet ? C’est ce que va ressentir Bmore, (détective privé, présent avec son associée Penny, dans le précédent roman de Grégoire, « Le cœur ne cède pas »). Cela peut paraître étonnant. Bmore décide d’enquêter sur ce sentiment, ce ressenti. Que cachent les nymphéas de Monet ? Il faut savoir que l’artiste a commencé ces peintures au début de la première guerre mondiale. En y réfléchissant mieux, et par un jeu de déductions totalement dingues, Bmore va réussir à convaincre le lecteur que Monet a enterré des cadavres dans ses nymphéas. Bmore enquête, fouille, zoome, creuse. Une quête minutieuse sur l’univers de Monet et ce qui a pu nourrir sa peinture tourmentée.
« Qu’y puis-je si, contemplant cette eau stagnante, ces nymphéas métastasant à n’en plus finir, ce continuum de couleurs plus ternes que vives se dressant telle une muraille d’eau végétalisée, je me suis senti oppressé, sans pouvoir identifier de quelle oppression il s’agissait. Comme s’il émanait des Nymphéas quelque chose de… triste ? De funèbre ? De morbide ? De délétère ? »
Méfiez-vous, ce roman est une surprise, un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié), comme je les appelle. C’est une enquête, associée à une analyse fine de l’œuvre de Monet. A la fois déstabilisant et passionnant. Monet est un peintre que j’apprécie tout particulièrement, j’ai été ravie de ce voyage proposé par Grégoire. Car il nous emmène loin, très loin de Giverny : Edgar Poe, le professeur Tournesol, Simone Veil et même Auschwitz ! Il y a comme une frénésie à trouver la mort derrière la folie de la vie peinte par Monet. La vie / La mort. Présences indissociables du destin de Monet.
Le pire, dans tout cela, c’est que le raisonnement de Grégoire tient la route ! Et il le démontre d’une manière intéressante. Sa plume est fluide, riche, naturelle. Il écrit comme il parle, couchant sur le papier ses déductions au fur et à mesure qu’elles apparaissent, utilisant beaucoup la technique narrative de la parenthèse incidente, ce qui lui permet de partager ses réflexions personnelles, d’associer le lecteur à ses tribulations (en faisant son complice) et apporter du rythme et/ou de l’humour. Bon, il ne faut pas être fâché avec les parenthèses, j’en conviens…
Grégoire va ôter les unes après les autres, les touches de peinture des nymphéas, centimètres par centimètres, jusqu’à dévoiler le secret de cette œuvre pharaonique. Il zoome de plus en plus, focus sur chaque détail infinitésimal. Ludique et fascinant. Il digresse, part loin, très loin même, mais gardant toujours une certaine poésie.
Le tout avec une bonne dose d’humour, et il en faut, pour contrebalancer toute cette mort, cette tristesse, cette noirceur.
« Voici qu’il n’intervient quasiment plus. S’absente. Devient machinal. Devient somnambule. Il ne se pose plus vraiment de questions. Il lui suffit de cadrer la meule et en voiture Simone : il ne reste qu’à saisir les effets du matin, du crépuscule ou de la neige. Ce n’est pas rien, c’est assurément un boulot de forçat, mais il n’y a aucune prise de risque. Peindre s’apparente soudain à une routine. »
N’insistez pas, je ne vous dévoilerai pas ce qui se cache sous les nymphéas, dans l’étang de Giverny. Je vous laisse le soin de le découvrir. Certaines théories sont fumeuses, vous verrez, mais croyez-moi, c’est jubilatoire !
Je vous conseille « Le syndrome de l’Orangerie » si vous êtes amateur de peinture en général et de Monet en particulier. Vous trouverez dans cette lecture un voyage à la fois dépaysant et rafraichissant. J’ai savouré ce récit du début à la fin.
« Et s’il s’agissait d’une vision binoculaire ? D’une vision en relief à regarder avec des verres colorés ? Mais quel bordel cette peinture ! Quel délire ! Avec ses Nymphéas, Monet disait avoir voulu peindre « un tout sans fin, une onde sans horizon et sans rivage ». C’est réussi ! »
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En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé. J’aime beaucoup Monet, il est l’un de mes peintres préférés. Je savais donc que j’allais passer un bon moment de lecture avec « Le syndrome de l’Orangerie ».
Auteur connu : je découvre Grégoire avec ce roman, il a publié plus d’une quinzaine de romans, nul doute que je surveillerai ses prochaines parutions.
Émotions ressenties lors de la lecture : émerveillement, admiration, sérénité, curiosité, nostalgie.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : le sujet, totalement improbable, la manière de le traiter, l’analyse fine de l’œuvre de Monet, la plume, l’humour, les émotions qui ressortent.
Si je suis une âme sensible : le contexte historique n’est pas facile, mais rien que l’on ne connaisse pas déjà, et Grégoire ne s’attarde pas sur des détails choquants.

Sonia, J’avais été véritablement emporté par le livre précédent de Grégoire Bouillier « Le coeur ne cède pas » où Bmore enquêtait sur la mort , seule , de faim, d’une femme qui avait connu la célébrité. J’avais véritablement englouti les plus de 1200 pages de cet opus. J’hésitais pour le présent livre, avais lu des critiques très variées, mais vous emportez ma décision, une fois de plus : je vais acquérir et lire ce livre.
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1200 pages wouah ! Ca me fait pleur de tels pavés…j’ai découvert cet auteur ici et franchement, j’hésite a lire « Le coeur ne cède pas ». Tu n’es pas le seul à me dire combien il est top. Bonne plongée dans l’univers de Monet en tous cas😉
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J’ai moi aussi été embarqué par ce récit si personnel sur des tableaux qui me fascinent autant ! Un voyage, une immersion, bref, un délice ! Merci pour ce beau retour !
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On est bien d’accord 😉. C’est pile le genre de lecture pour nous !
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