« Nora Beady : Chirurgienne de l’ombre » d’Audrey BLAKE

Informations 

Titre : Nora Beady : Chirurgienne de l’ombre – tome 1

Auteur : Audrey Blake

Éditeur : Hachette

Nombre de pages : 432 pages

Formats et prix : broché 22.90 € / numérique 15.99 €

Date de publication : 30 avril 2025

Genre : roman historique

Résumé

Après la mort de ses parents dans l’épidémie de choléra de 1832, Nora Beady est élevée à Londres par Horace Croft, un chirurgien excentrique. La jeune fille se moque éperdument des conventions : elle n’a de patience ni pour le piano, ni pour les travaux d’aiguille ou pour les conversations de salon. Ce sont l’anatomie et les dissections qui la passionnent.
Au XIXe siècle, la pratique de la médecine est interdite aux femmes, mais, dans la clinique privée du Dr Croft, Nora est une assistante des plus fiable – et des plus secrète. Jusqu’à l’arrivée du nouveau chirurgien résident, le Dr Daniel Gibson qui ne se doute pas que Nora est plus qualifiée que lui.
Lorsqu’elle fait une découverte dont les conséquences médicales sont importantes, elle est confrontée à un choix impossible. Rester dans l’ombre et laisser les hommes s’attribuer le mérite de son travail, ou montrer enfin ce qu’elle est et risquer de devoir en assumer les conséquences.

Mon avis

Un roman fascinant sur la médecine de l’époque victorienne.

« Nora Beady : Chirurgienne de l’ombre » nous entraîne dans le Londres du XIXe siècle, au cœur d’un univers médical réservé aux hommes, où une jeune femme va peu à peu s’imposer, à la force de sa passion, de son courage et de son intelligence.

Une héroïne hors du commun

Dès les premières pages, j’ai été séduite par le personnage de Nora. Orpheline, elle est recueillie par le Dr Horace Croft, un chirurgien aussi brillant qu’original, qui reconnaît immédiatement les dons précoces de la jeune fille pour les sciences anatomiques. Nora ne rêve ni de bal, ni de mariage avantageux. Ce qui la fait vibrer, ce sont les scalpels, les dissections, les diagnostics et les opérations.

Malgré une société corsetée par les conventions et les préjugés sexistes, Nora s’impose dans l’ombre comme une assistante hors pair. Sa maîtrise technique et sa compréhension de l’anatomie en font une chirurgienne de talent… mais clandestine. Car dans l’Angleterre victorienne, la médecine est un monde rigoureusement masculin.

« Elle était à peine aussi haute qu’un poney et aussi sèche que les piques auxquels on les attachait, mais le grand jeune homme qui lui faisait face déglutit nerveusement sous son regard perçant. »

Une intrigue intelligente et palpitante

Le récit se déploie avec une remarquable fluidité, entremêlant tension dramatique, précision historique et émotions puissantes. L’arrivée du Dr Daniel Gibson à la clinique bouleverse l’équilibre fragile de Nora. Ce dernier, bien qu’initialement sceptique, va peu à peu découvrir les compétences de la jeune femme. Leur relation, oscillant entre rivalité, complicité et respect mutuel, est l’un des moteurs les plus intéressants du roman.

Mais ce qui fait toute la force de ce livre, c’est le dilemme moral auquel Nora est confrontée. Lorsqu’elle fait une découverte médicale capitale, elle doit choisir : céder à l’effacement habituel ou risquer de dévoiler son travail et de voir sa vie basculer. Ce choix, loin d’être anecdotique, pose des questions très actuelles sur la reconnaissance du travail des femmes, l’effacement systémique et le courage nécessaire pour briser le silence.

Un roman féministe, documenté et profondément humain

Ce roman se distingue aussi par la qualité de sa documentation. Les descriptions des interventions chirurgicales, les méthodes médicales de l’époque, la dure réalité des hôpitaux victoriens… tout sonne juste, sans jamais alourdir la lecture. L’approche médicale est rigoureuse mais toujours au service de l’émotion et de la narration.

À travers Nora, ce sont aussi toutes les femmes invisibilisées de l’histoire des sciences qui reprennent la parole. Le récit résonne comme un hommage à ces pionnières oubliées, à ces vocations étouffées, à cette soif d’apprendre bridée par le patriarcat.

Une plume immersive au service d’une fresque sociale et médicale

La plume d’Audrey est à la fois précise et chaleureuse, scientifique sans jamais être froide, documentée sans être pesante. Les scènes médicales sont décrites avec une grande clarté et toujours dans une optique humaine. On ressent l’odeur du formol, la tension d’une salle d’opération, l’inconfort des conventions sociales. Le style mêle élégance et accessibilité et le rythme ne faiblit jamais. L’ambiance victorienne est restituée avec subtilité : entre salons feutrés et hôpitaux vétustes, entre tasses de thé et cuvettes de sang. Le roman aborde des thèmes forts et encore actuels : la condition féminine, l’invisibilisation des femmes dans la recherche scientifique, la quête d’émancipation, mais aussi l’éthique médicale, la transmission du savoir et la justice sociale.

Un sujet qui me touche et un immense plaisir de lecture

Mon attrait personnel pour l’histoire de la médecine, les pionnières oubliées et les récits de femmes fortes a trouvé ici un terrain d’épanouissement total. J’ai adoré me plonger dans cet univers à la fois rude, passionnant et porteur d’espoir. J’ai vibré avec Nora, j’ai ressenti ses frustrations, son envie d’apprendre, son besoin de reconnaissance. Le roman m’a tenue en haleine du début à la fin, m’a émue, m’a indignée parfois, mais surtout, il m’a profondément inspirée. C’est exactement le genre de lecture qui résonne longtemps après avoir refermé le livre.

“Nora Beady : Chirurgienne de l’ombre” est un premier tome absolument passionnant, qui mêle roman historique, suspense médical et questionnement sur la place des femmes dans les sciences. Un roman intelligent, vibrant, inspirant, qui donne envie de lire la suite sans attendre.

« Ses livraisons habituelles avaient lieu au cœur de la nuit, par l’arrière de la maison ; afficher publiquement le fait qu’il achetait des corps volés ne ferait que pousser le voisinage à venir briser ses carreaux. »

Je remercie les Editions Hachette et NetGalley pour cette lecture.

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : après le titre, c’est le résumé qui m’a tout de suite happée : une héroïne qui défie les conventions, un contexte historique riche et des enjeux féminins très actuels malgré le cadre du XIXe siècle. Tout pour me plaire !

Auteur connu : Audrey Blake est un pseudo sous lequel œuvrent deux femmes : Jaima Fixsen et Regina Sirois.

Émotions ressenties lors de la lecture : admiration, indignation, empathie, curiosité.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : le cadre historique précis et immersif, la plume, la réflexion féministe, les personnages.

Si je suis une âme sensible : pas grand chose. Quelques scènes médicales, et encore…

 

 

8 réflexions sur “« Nora Beady : Chirurgienne de l’ombre » d’Audrey BLAKE

  1. Comme toi je m’intéresse à ces sujets, étant scientifique de formation, surtout à ces femmes oubliées qui pourtant ont tant fait pour le progrès des sciences.

    Je ne connaissais pas du tout ce roman. Merci pour la découverte.

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