« Crâne d’os » de Mo HAYDER

Informations 

Titre : Crâne d’os

Auteur : Mo Hayder

Éditeur : Presses de la Cité

Nombre de pages : 432 pages

Formats et prix : broché 22.90 € / numérique 15.99 €

Date de publication : 7 mai 2025

Genre : littérature anglaise

Résumé

Les fantômes n’existent pas…
Un terrible accident…
Niché au cœur des Cotswolds, Eastonbirt a tout du village anglais idyllique.
Mais ses habitants restent hantés par une tragédie.
Une tragédie à laquelle Alex Mullins a survécu.
La silhouette d’une femme…
Cette nuit-là, une femme au visage décharné s’est penchée sur Alex.
Une femme qui ressemble à Crâne d’os, une prostituée assassinée un siècle plus tôt.
Une vérité pire que la légende…
Alex ne croit pas aux légendes urbaines.
Avec Arran, son ami d’enfance, elle décide de remonter le fil de la nuit du drame.
Mais tandis que leur enquête progresse, des événements inquiétants viennent perturber leurs vies.
Et bientôt, la femme sans visage refait surface.

Mon avis

Un roman publié après la mort de l’auteure

« Crâne d’os » est un roman un peu particulier dans la bibliographie de Mo Hayder. Après son décès en 2021, elle laisse un roman inédit. Sa fille en a autorisé sa publication, offrant ainsi aux lecteurs une dernière plongée dans l’univers troublant et habité de l’auteure britannique. C’est donc un livre posthume, mais entièrement abouti et qui porte la marque reconnaissable de Mo : tension psychologique, atmosphère inquiétante et trouble entre le réel et l’imaginaire.

Un village, une légende, un traumatisme

L’intrigue prend place dans le charmant village d’Eastonbirt, au cœur des Cotswolds, région rurale à l’apparence paisible, mais où les anciens secrets s’enracinent profondément. Alex Mullins, rescapée d’un tragique accident de bus survenu quelques années plus tôt, revient sur les lieux du drame avec une mémoire floue… mais bien décidée de faire la lumière sur les circonstances de cet accident. Elle sera accompagnée d’Arran, son ami d’enfance. Mais plus ils creusent, plus le surnaturel semble se rapprocher dangereusement du tangible.

« Peut-être n’était-ce qu’un effet de cet éclairage très contrasté, toujours est-il qu’on distinguait quelqu’un à la fenêtre, juste derrière la vitre. Un visage flou, décharné. Soudain, j’ai eu des sueurs froides. C’était impossible. Complètement impossible. Ça ne pouvait être qu’une illusion. »

Peu à peu, le souvenir d’une silhouette, celle d’une femme au visage décharné, émerge. Elle ressemble étrangement à Crâne d’os, une prostituée assassinée un siècle plus tôt, dont la légende hante encore les collines du coin.  

Une narration à deux voix : Alex et Maryam

La narration alterne entre Alex et Maryam, la mère d’Arran, figure énigmatique et profondément humaine. Ce choix donne une richesse inattendue au récit. Alex nous plonge dans le présent et la quête de vérité. Maryam, elle, nous offre un regard plus intime, plus introspectif, parfois teinté de sagesse, souvent rongé par le doute. Ces deux voix, féminines, distinctes et complémentaires, tissent une toile narrative dense et émotionnellement chargée.

Un démarrage lent, une montée progressive en tension

Il faut le dire : le roman ne commence pas tambour battant. Pour une lectrice habituée aux thrillers nerveux, l’entrée en matière de « Crâne d’os » m’a semblée assez lente. Mo prend le temps de poser les personnages, de tisser l’ambiance, d’ancrer le décor. Il m’a fallu plusieurs chapitres pour être complètement happée.

Mais cette lenteur apparente est un piège tendu au lecteur. Car progressivement, le malaise s’installe, le rythme s’accélère et l’on comprend que l’histoire va bien au-delà d’une simple enquête sur une légende urbaine. Ce qui était flou devient menaçant. Ce qui semblait appartenir au passé se glisse dans le présent.

Ce doute permanent entre hallucination et réalité, entre mémoire et fantasme, est l’une des grandes réussites du roman.

Une ambiance maîtrisée

L’ambiance est peut-être ce que j’ai préféré dans « Crâne d’os ». Mo excelle à créer des atmosphères troubles et enveloppantes, où l’on ressent le froid, l’humidité, l’écho des pas dans une maison vide ou le bruissement suspect d’une forêt au crépuscule.

« La forêt n’était pas encore silencieuse. Même s’il était tard, il ne faisait pas totalement nuit. C’était l’heure où les animaux nocturnes prenaient la relève ; il y avait des bruissements dans les sous-bois, des frémissements dans l’ombre. »

Ce style sensoriel, très visuel, donne au roman une dimension presque cinématographique. On se surprend à scruter les ombres, à craindre les silences, à douter de tout. La nature devient un décor vivant, complice du surnaturel, révélateur de peurs enfouies. L’ambiance est lourde, pesante, presque gothique.

Une écriture immersive et des personnages nuancés

La plume de Mo est à la fois sobre et viscérale. Elle n’a pas besoin d’emphases pour faire monter l’angoisse : tout passe par le ressenti, les perceptions, les silences. Elle va à l’essentiel, avec une efficacité redoutable. Elle sait comment distiller la peur, non par des effets spectaculaires, mais par des détails, des sensations, des silences.

Ses personnages, eux, sont d’une justesse troublante. Alex, hantée, abîmée, mais déterminée à comprendre. Maryam, douce, lucide, mais traversée par ses propres doutes. Arran, solide mais complexe. Il n’y a pas de héros parfaits ici, seulement des êtres humains fragiles, ambigus, profondément vrais.

Fantôme ou métaphore ?

La grande force de « Crâne d’os », c’est qu’il n’est pas simplement question de spectres au sens littéral. Il est aussi question de traumatismes enfouis, de mémoire fragmentée, de deuils non faits et de la manière dont notre psyché projette ses failles dans le monde réel. Crâne d’os n’est pas seulement une légende : elle incarne tout ce que les personnages n’ont jamais pu affronter.

Et, en refermant ce livre, on ne peut que se questionner : est-ce un roman fantastique ? Une enquête psychologique ? Un thriller ? Peut-être tout cela à la fois. 

Je recommande cette lecture si vous êtes en quête d’un thriller atmosphérique et troublant, qui ne recule pas devant les zones d’ombre de l’âme humaine.

« Folie de femme, dépression post-partum ou liée à l’approche de la ménopause. Quelle importance ? Maryam cochait toutes les cases. »

#Crânedos   #MoHayder  #PressesdelaCité

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : la couverture, sublime ! Et le résumé, intriguant à souhait.

Auteur connu : c’est ma première lecture de Mo. Une belle découverte, et certainement pas mon dernier Mo Hayder.

Émotions ressenties lors de la lecture : tristesse, empathie, agacement, peur, angoisse, fascination, malaise.

Ce que j’ai moins aimé : les longueurs, surtout au début. 

Les plus : l’ambiance, le cadre, les personnages, la plume, la tension psychologique, les réflexions.

Si je suis une âme sensible : RAS tout est psychologique. Par contre, certaines scènes  peuvent s’avérer dérangeantes, parfois très dures émotionnellement.

3 réflexions sur “« Crâne d’os » de Mo HAYDER

    1. Coucou Domi,
      Je comprends tout à fait, ce roman n’est clairement pas pour les cœurs sensibles (moi-même j’ai failli dormir avec la lumière allumée 😅).
      Mais je suis ravie que tu prennes plaisir à lire mes petits résumés, ça me fait vraiment plaisir 🥰
      Passe un très bon week-end et à très vite par ici ou ailleurs.

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