« In fine : la vraie vie de la mort » de Stéphane NOLHART

Informations 

Titre : In fine : la vraie vie de la mort

Auteur : Stéphane Nolhart 

Éditeur : Les Editions d’Avallon

Nombre de pages : 134 pages

Formats et prix : broché 12 € / numérique 9.99 €

Date de publication : 17 septembre 2021 

Genre : satire

Résumé

La Mort est cool mais s’agace. Il veut devenir une star adulée comme John Lennon. Et si pour y parvenir, il décidait de se mettre en grève ? Ras-le-bol d’être détesté, de se dévouer chaque jour, pour libérer de la place aux nouvelles générations. Il prend une décision radicale : passé 80 ans, on ne mourra plus. L’Humanité est confrontée à un bouleversement majeur et à un dilemme insoluble : que faire des plus anciens ?
La Mort s’amuse de la situation en écoutant les Beatles, entre deux grilles de mots croisés. Mais cette grève sera-t-elle suffisante pour le faire aimer ? Et qui est cet homme qui lui propose son aide pour faire de lui une véritable vedette, adorée de tous ?
Avec « In Fine », conte philosophique contemporain, fidèle à la tradition voltairienne de légèreté mêlée de gravité, Stéphane Nolhart nous offre, avec son talent habituel et son humour corrosif, un voyage, drôle, rythmé, mordant et jubilatoire. Une grande réussite.

Mon avis

Une grève pas comme les autres

C’est sur les conseils d’une amie blogueuse que je me suis plongée dans « In fine », roman satirique et déjanté signé Stéphane Nolhart. Et je dois dire que je suis sortie de cette lecture… partagée. Entre franche rigolade et réflexions plus profondes, j’ai oscillé tout du long entre l’amusement et une forme de distance un peu tenace.

Une Mort rock’n’roll

Dans ce roman, la Mort (oui, la Grande Faucheuse elle-même) est fatiguée. Fatiguée d’être mal aimée, incomprise, vilipendée alors qu’elle se plie en quatre pour réguler le monde. Et voilà qu’elle décide tout simplement… de faire grève. Passé 80 ans, plus personne ne meurt. Une idée à la fois absurde et diablement intelligente, qui va bouleverser l’ordre du monde et révéler les travers d’une société obnubilée par la jeunesse, la longévité et la performance.

Soutenu par un mystérieux homme prêt à faire de lui une icône planétaire, la Mort, qui écoute les Beatles et résout des grilles de mots croisés, entame sa révolution avec une nonchalance délicieusement ironique. L’auteur s’amuse avec son personnage principal, le dote d’un humour noir décapant et joue avec les mots comme un équilibriste sur un fil.

« Il me fallait cesser définitivement ma grève, devenir un as de la propagande, un pro de l’image, un boss de la phrase choc, bref, apprendre à surfer comme un geek. »

Une satire sociale mordante

Au-delà de l’idée loufoque de la grève de la Mort, « In fine » s’attaque avec acidité à nos sociétés modernes. Stéphane y dépeint un monde obsédé par la jeunesse, incapable de trouver une place digne à ses anciens et prompt à se retrouver totalement déboussolé quand les règles naturelles cessent de s’appliquer. Derrière le rire, le roman questionne notre rapport à la vieillesse et pointe la peur collective de vieillir comme de mourir. Cette dimension satirique donne une profondeur inattendue au texte et en fait un miroir cruel de notre époque.

Des jeux de mots piquants et une plume vive

Ce que j’ai le plus apprécié dans ce roman, ce sont sans conteste les jeux de mots. Stéphane  manie la langue française avec brio et multiplie les traits d’esprit, les clins d’œil et les calembours. Certains m’ont fait sourire, d’autres franchement éclater de rire. C’est un style vif, audacieux, parfois excessif, mais toujours maîtrisé.

L’humour noir est omniprésent. Il vient contrebalancer le propos grave, voire tragique, sur le vieillissement, la place des aînés, l’oubli, la solitude et les dérives d’un monde qui refuse de regarder la mort en face. Ce contraste crée un effet à la fois comique et troublant, qui n’est pas sans rappeler certains contes philosophiques.

« Je me sentais…Pas fabricotant, pas falunant non plus…fébricitant ! Je n’avais pas le souvenir d’avoir fébricité de la sorte un jour. Je mouchais, je toussais et j’avais l’impression de m’être pris un train à grande vitesse dans les reins au réveil. »

Un conte philosophique dans la lignée des classiques

Ce roman s’inscrit dans une tradition littéraire héritée de Voltaire ou même de Jonathan Swift : celle du conte philosophique, qui utilise l’absurde pour interroger le réel. La Mort devient ici un personnage à part entière, presque sympathique, qui se lasse de son rôle et nous force à réfléchir à la finalité de notre existence. Cette approche originale, servie par une langue inventive, transforme la lecture en expérience : parfois déstabilisante, souvent hilarante, toujours stimulante.

Un fond puissant… mais une lecture en demi-teinte

Malgré ses qualités, « In fine » m’a laissé un sentiment mitigé. J’ai parfois peiné à m’attacher à cette narration très conceptuelle, où l’intrigue se met au service d’un message, au risque de sacrifier l’émotion ou la tension dramatique. On est davantage dans l’essai déguisé, dans l’absurde au service de la réflexion, que dans une construction romanesque classique.

Certaines scènes, bien que drôles ou brillamment écrites, m’ont semblé un peu longues ou trop démonstratives. Et si la Mort est un personnage savoureux, elle reste aussi un peu distante, presque théâtrale, ce qui m’a parfois empêchée de vibrer vraiment avec ce qu’elle vit ou subit.

Amateurs d’humour noir, de satire grinçante, de contes philosophiques à la Voltaire, de réflexions sur la mort, la vieillesse et notre société moderne, n’hésitez pas à vous plonger dans « In fine la vraie vie de la Mort », vous ne le regretterez pas.

« La vie éternelle ne passait plus par les cases jugement dernier, résurrection ou réincarnation. Si laisser les vieux sur terre ad vitam æternam, sans les renvoyer jamais à la poussière, était sa dernière lubie, ça allait provoquer un beau bordel. »

#Infinelavraieviedelamort   #StéphaneNolhart   #LesEditionsdAvallon

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : sur les conseils d’une amie blogueuse, qui m’a présenté ce roman comme une lecture originale et décalée, parfaite pour réfléchir en s’amusant à un sujet universel : la mort.

Auteur connu : je ne connaissais pas du tout Stéphane. Un auteur à suivre !

Émotions ressenties lors de la lecture : amusement, rire, réflexion, curiosité, un peu de frustration.

Ce que j’ai moins aimé : le personnage de la Mort parfois trop distant pour susciter une réelle empathie, quelques passages un peu longs. 

Les plus : les jeux de mots, l’humour noir, l’originalité de l’idée, la réflexion intéressante sur des sujets graves, la plume.

Si je suis une âme sensible : même si tout est traité avec une grande légèreté, le thème principal, la mort, est omniprésent. Les lecteurs très sensibles au sujet pourraient être déstabilisés par l’humour noir et l’ironie mordante de l’auteur. Mieux vaut le savoir avant de plonger dans cette lecture un peu à part.

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