« Taxi de nuit » de Jack CLARK

Informations 

Titre : Taxi de nuit

Auteur : Jack Clark 

Éditeur : Sonatine 

Nombre de pages : 240 pages

Formats et prix : broché 21 € / numérique 14.99 €

Date de publication : 15 mai 2025

Genre : roman noir

Résumé

L’héritier de Taxi Driver ! Un taxi de nuit à Chicago est confronté à un mystérieux tueur qui s’en prend aux chauffeurs de taxis.
Eddie Miles est taxi de nuit à Chicago. C’est un homme solitaire, qui connaît chaque recoin de la ville, depuis les quartiers les plus huppés jusqu’à ceux où il est devenu dangereux de s’aventurer. Du crépuscule à l’aube, chacune de ses courses est une nouvelle aventure, parfois heureuse, parfois périlleuse. Alors qu’un mystérieux tueur s’en prend aux chauffeurs de taxis, Eddie essaie tant bien que mal de ne pas se laisser gagner par la violence qui gangrène la ville. Jusqu’au jour où celle-ci l’atteint personnellement : il sauve de justesse une jeune prostituée passée à tabac, et un de ses meilleurs amis est victime du tueur. Eddie décide alors de prendre les choses en main…
Jack Clark est chauffeur de taxi à Chicago. D’où le réalisme hallucinant qui habite cette chronique d’une ville la nuit. L’auteur y aborde d’une façon complètement inédite la fracture sociale, le racisme, la violence des métropoles, mais aussi la solidarité nécessaire pour y faire face. Taxi de nuit est également un roman noir à l’écriture électrique, au suspens omniprésent.

Mon avis

Une plongée brute et captivante dans les entrailles nocturnes de Chicago.

Il y a des romans noirs qui claquent comme un coup de frein en pleine nuit. « Taxi de nuit », de Jack Clark, en fait indéniablement partie. Rarement un polar aura su capturer avec autant d’authenticité l’ambiance électrique, tendue et profondément humaine d’une grande ville américaine sombrant dans ses contradictions.

Jack Clark, lui-même chauffeur de taxi à Chicago, offre ici bien plus qu’un simple polar : une chronique urbaine férocement lucide, portée par une plume nerveuse, vibrante de réalisme et de désespoir retenu. Ce roman n’est pas sans évoquer « Taxi Driver » de Scorsese, dont il est souvent qualifié d’héritier. Pourtant, « Taxi de nuit »  trace sa propre route, à la lumière blafarde des lampadaires et au rythme syncopé des radios qui grésillent.

Une nuit, un homme, une ville

Eddie Miles, notre narrateur, est de ceux qui errent dans les rues. Taxi de nuit à Chicago, il est ce témoin silencieux de la vie urbaine, celui qui observe, qui écoute, mais ne juge pas. Solitaire endurci, il traverse la ville comme un fantôme bienveillant, déposant ici une vieille dame, là un fêtard aviné ou une travailleuse du sexe blessée. Et dans cette mosaïque de vies croisées, il tente de préserver une forme d’humanité, même infime.

Mais Chicago est une ville qui gronde. Une ville où les chauffeurs de taxis sont les nouvelles cibles d’un tueur anonyme. Les meurtres s’enchaînent, le climat se tend. Quand l’un des rares amis d’Eddie est assassiné, la barrière entre spectateur et acteur cède. Eddie, sans jamais se transformer en justicier à la sauce hollywoodienne, va devoir affronter la violence qu’il tentait jusqu’ici de contourner.

« Le meurtre de Lenny avait fait la une des journaux, ils en avaient parlé à la télé, les taxis qui se faisaient braquer étaient sur toutes les lèvres. »

Un roman social sous tension

Ce que j’ai aimé dans « Taxi de nuit », c’est ce mélange de réalisme brut et de sensibilité sociale. Jack explore avec finesse les rouages d’une ville fracturée : pauvreté, racisme, corruption, solitude, peur. Il n’y a pas de misérabilisme ici, seulement la réalité d’une Amérique où certains quartiers deviennent des zones de non-droit, où les travailleurs de l’ombre (comme les chauffeurs de taxi) sont des témoins privilégiés de la chute du système.

Ce roman interroge sur ce que cela signifie d’être un homme seul dans une société qui vacille. Il met en lumière les oubliés, les laissés-pour-compte, sans jamais caricaturer. Jack possède cette rare capacité à faire naître de la tendresse dans des scènes dures, à rendre palpables les failles de chacun.

Loin des thrillers clinquants, Jack opte pour une écriture sobre, incisive, terriblement efficace. Chaque page suinte la vérité d’un homme qui a conduit des milliers de passagers, qui a vu la ville changer, se déchirer, mais qui continue à la sillonner, nuit après nuit, moteur allumé et regard lucide.

« Des barres et des barres de HLM sinistres construites par le gouvernement, entourées de terre battue et de parkings gris jonchés de détritus, généralement vides à l’exception de quelques épaves de voitures. Il y avait peu d’arbres, presque pas d’herbe et pratiquement personne. »

Une atmosphère poisseuse, mais étrangement poétique

Ce roman est aussi profondément atmosphérique. On sent le cuir usé des banquettes, le froid qui colle aux vitres, les néons blafards des stations-service ouvertes 24h/24. Il y a une beauté grise, presque poétique, dans cette manière de dépeindre la nuit urbaine. À travers Eddie, Jack nous invite à regarder au-delà des apparences, à écouter ceux qu’on ne voit plus, ceux qu’on ne regarde plus.

Et malgré la noirceur du propos, « Taxi de nuit » n’est pas un livre désespéré. Il y souffle un vent de dignité, une tendresse pudique pour les invisibles et une lueur d’humanité que l’on n’attendait plus. C’est ce qui rend ce roman si percutant : cette capacité à dire la violence sans l’excuser, à peindre la misère sans l’exploiter, à parler d’hommes ordinaires comme s’ils étaient les véritables héros de nos temps modernes.

Mon ressenti de lecture

J’ai refermé ce livre avec une étrange sensation : celle d’avoir voyagé à travers une ville dont je croyais ne rien savoir et d’en ressortir à la fois secouée, émue et pleine de respect pour ces anonymes de la nuit. « Taxi de nuit » m’a touchée par son authenticité brute, par la sobriété de son écriture et par la justesse de son ton. Il y a une forme de lenteur dans la narration qui m’a totalement happée, comme si chaque course d’Eddie était un petit moment suspendu dans la frénésie urbaine. Ce n’est pas un roman spectaculaire, loin de là, et pourtant, il m’a marquée bien plus que d’autres, grâce à sa sincérité désarmante. Un roman noir d’une rare humanité, que je n’oublierai pas de sitôt.

Tendu, percutant, humain : un roman qui laisse sa marque. Si vous cherchez un roman feel-good, ou un roman avec une action soutenue, passez votre chemin. En revanche, si vous aimez les récits réalistes et profonds qui interrogent la condition humaine, foncez.

« Du vingtième étage, il était facile de se laisser duper par la beauté de la ville balayée par la pluie, par les millions de lumières qui scintillaient dans la nuit. Il me suffisait de tourner la tête pour voir la vérité : une petite fille prostituée endormie dans son lit d’hôpital. Il pourrait pleuvoir à jamais, la ville ne serait jamais propre. »

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’étais attirée par la promesse d’un roman noir authentique et par la comparaison avec « Taxi Driver ». Je voulais découvrir ce regard d’un vrai chauffeur de taxi sur la ville et la société. Je m’attendais à une immersion totale dans Chicago la nuit et je l’ai eue.

Auteur connu : « Taxi de nuit » est le premier roman de Jack. Comme je le disais il a été chauffeur de taxi à Chicago pendant une trentaine d’année. 

Émotions ressenties lors de la lecture : oppression, tristesse, tension, admiration.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’authenticité, l’ambiance, l’atmosphère, le personnage d’Eddie, la réflexion sociale, la plume.

Si je suis une âme sensible : Ce roman n’est pas violent dans le gore, mais il est violent dans ce qu’il raconte de la misère et de la solitude.

4 réflexions sur “« Taxi de nuit » de Jack CLARK

  1. Bonjour,

    Je suis tiraillée entre le lire ou pas.

    En effet, étant sensible sur la condition humaine d’aujourd’hui et tous ses drames jour après jour, j’hésite.

    Toutefois je pense que je vais mettre le titre de côté et quand je serais plus positive je vais me lancer.

    Bonne journée et au plaisir de te lire.

    Domi

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    1. Coucou Domi,
      Je comprends tout à fait ton hésitation, c’est un roman très réaliste et il aborde effectivement des thèmes sombres. Tu as raison de vouloir le lire au bon moment, quand tu te sentiras plus positive, cela te permettra de mieux l’apprécier. Ce livre mérite d’être découvert pour son authenticité et l’humanité qui se dégage d’Eddie malgré toute cette noirceur.
      Merci pour ton message et au plaisir d’échanger à nouveau avec toi quand tu auras envie de plonger dans cette lecture ! Bonne fin de journée

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