« Descente de liste » de Jean-Marie LEYGONIE

Informations 

Titre : Descente de liste

Auteur : Jean-Marie Leygonie

Éditeur : Éditions du Rouergue

Nombre de pages : 256 pages

Formats et prix : broché  21.50 € / numérique 15.99 €

Date de publication : 5 février 2025

Genre : polar

Résumé

Lorsque Rudy Meyer débarque à Saint-Pierre L’Étoile, un bourg à la périphérie de Lyon, où la ville mord sur la campagne, elle s’interroge sur le bien-fondé de sa mission : vérifier qu’un ex-officier d’une base de protection aérienne de l’OTAN, tête de liste des élections municipales par ailleurs, est bien décédé de la Covid 19 deux mois plus tôt, en mars 2020. L’assassinat de colistiers du défunt conduit l’enquêtrice à reconsidérer ce qui ne semblait être qu’une simple formalité de police militaire. Suivant les humeurs d’une gendarme un brin trop sûre d’elle, ce polar mené tambour battant traverse un milieu périurbain réputé léthargique mais secoué de tant d’inimitiés que l’on ne compte bientôt plus les suspects !

Mon avis

« Descente de liste » est un polar musclé, tendu, qui plonge le lecteur dès les premières pages dans une drôle d’enquête aux allures de formalité… qui vire rapidement au cauchemar politique.

Un début en trompe-l’œil

Rudy Meyer débarque à Saint-Pierre L’Étoile avec une mission bien particulière : vérifier, au nom de la police militaire, le décès d’un ex-officier de l’OTAN, victime (en apparence) du Covid-19. Un contrôle administratif, en somme. Mais dès que la fine enquêtrice commence à gratter sous la surface de cette petite commune périurbaine, où les ambitions municipales sont exacerbées, les masques tombent vite.

À mesure que les colistiers du défunt sont retrouvés assassinés, le roman bascule dans un vrai polar politique, où rivalités, rancunes, manipulations et règlements de comptes explosent au grand jour.

Une enquête haletante dans un cadre inhabituel

Ce qui fait toute l’originalité de « Descente de liste », c’est son décor. Loin des grandes métropoles ou des coins paumés habituels du polar français, Jean-Marie choisit la périphérie lyonnaise : ce territoire ambigu où la ville mord sur la campagne, où les ambitions urbaines se heurtent encore à la mentalité villageoise. Un lieu de tensions feutrées, de voisinages obligés et de rancunes de longue date.

Cette toile de fond donne au roman une tonalité très particulière : on sent l’isolement, les faux-semblants, la pression sociale d’un petit milieu qui bouillonne sous une façade de normalité.

Rudy Meyer, une enquêtrice qui bouscule

Le personnage principal, Rudy Meyer, est l’un des grands atouts du roman. Si son prénom peut troubler au départ (mon cerveau a mis du temps pour accepter le fait qu’elle est une femme), elle s’impose rapidement par sa perspicacité, sa ténacité et sa capacité à s’adapter à des milieux très codifiés. Mais face à une gendarme locale plutôt sûre d’elle et une population visiblement peu disposée à parler, Rudy va devoir faire preuve de sang-froid pour démêler une affaire bien plus complexe que prévue.

Politique, vengeance et chaos organisé

Sous couvert d’une enquête criminelle, c’est bien le monde politique local qui est ausculté dans ce roman. Les campagnes municipales, les alliances douteuses, les ambitions écrasantes… et tous les dessous qu’on préfère cacher sous le tapis.

Jean-Marie dissèque avec une ironie mordante et un réalisme glaçant le microcosme des élections locales. Les querelles d’égo, les trahisons, les secrets de polichinelle et les comptes non réglés sont autant de mobiles potentiels… À tel point qu’on ne sait plus où donner de la tête côté suspects.

Un style vif, sans fioritures

La plume de l’auteur est directe, efficace, presque militaire parfois. Pas de longues digressions, pas de fioritures : l’écriture va droit au but, comme son héroïne. Cela renforce le rythme du récit, qui ne faiblit jamais et donne à l’ensemble une tonalité très visuelle, presque cinématographique.

Le ton est aussi teinté d’un humour discret, d’un esprit caustique qui vient souligner l’absurdité de certaines situations ou la mauvaise foi de certains personnages. On sent que Jean-Marie  connaît bien les rouages institutionnels et sait en jouer.

Conseillère municipale un jour…

Quelques années en arrière, j’ai moi-même été élue conseillère municipale dans mon petit village d’environ 1000 habitants. Autant dire que certains passages du roman ont résonné avec mon expérience personnelle ! Bien sûr, il ne s’agissait pas de meurtres ou d’enquête militaire, mais les tensions en coulisse, les alliances fragiles, les inimitiés tenaces et les petits jeux de pouvoir m’ont semblé criants de vérité. Jean-Marie a su retranscrire avec beaucoup de justesse et d’humour l’atmosphère bien particulière des campagnes électorales locales. Cela m’a parfois fait sourire, tant certaines situations m’ont semblé familières. Une touche de réalisme savoureuse pour qui connaît les dessous de la vie municipale !

La mort au bout de la liste

« Descente de liste » est à la fois un thriller d’enquête, une plongée dans les coulisses des élections locales et une réflexion sur le pouvoir à petite échelle. Sa lecture est originale par son décor et sa tonalité, mené tambour battant par une héroïne attachante et lucide. Loin d’être un simple « polar administratif », ce roman parvient à captiver, à faire sourire (jaune) et à surprendre jusqu’au bout.

Je recommande cette lecture à celles et ceux qui aiment les polars ancrés dans la réalité sociale et politique, les intrigues où chaque personnage a quelque chose à cacher.

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : « Descente de liste » a été présenté lors des Quais du Polar par les Éditions du Rouergue. Cette présentation m’a donné envie de me plonger entre ses pages.

Auteur connu : j’ai rencontré Jean-Marie lors des derniers Quais du Polar.

Émotions ressenties lors de la lecture : curiosité, joie, tension, suspicion, amusement. 

Ce que j’ai moins aimé : le prénom de Rudy, auquel mon cerveau s’acharnait à le prendre pour un homme, ce qui m’a dérouté. 

Les plus : l’originalité du point de départ et du décor, les tensions politiques, le personnage de Rudy, la plume, le rythme, l’ironie du ton. 

Si je suis une âme sensible : l’intérêt de ce polar repose davantage sur l’enquête, les tensions humaines et politiques, que sur la violence en elle-même. Les lecteurs sensibles peuvent donc le lire sans crainte majeure.

5 réflexions sur “« Descente de liste » de Jean-Marie LEYGONIE

    1. Oui, je te comprends, j’étais réticente aussi. Mais rassure-toi : l’aspect politique n’est pas du tout traité de manière lourde ou technique. On est vraiment dans une intrigue policière, où les rivalités locales et les petites tensions électorales servent surtout de décor et de moteur aux crimes. Pas besoin d’aimer ou de connaître la politique pour apprécier, car ce qui prime ici, ce sont les personnages, leurs secrets et l’enquête. Tu me diras si tu te laisses tenter ! Bonne journée à toi, bisous.

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