« Eureka dans la nuit » d’Anne-Sophie KALBFLEISCH

Informations 

Titre : Eureka dans la nuit

Auteur : Anne-Sophie Kalbfleisch

Éditeur : Editions du Rouergue

Nombre de pages : 384 pages

Formats et prix : broché 22 € / numérique 16.99 €

Date de publication : 21 août 2024

Genre : polar

Résumé

Lorsque le détective frappe à la porte de la minuscule maison où Ellie a trouvé refuge, le moment est venu de raconter. L’amour pour May. Le départ de celle-ci, harponnée par son rêve de baleines. Loin d’Eureka, cette ville dévote, cernée de gigantesques champs de maïs.
Peu à peu se dessine une enfance, auprès d’un père rigoriste et violent, dans l’orbite des grands propriétaires de la région. Alors qu’Ellie fait tout pour partir à la poursuite de May, le chemin qu’a suivi sa mère se révèle sous ses pas, faisant surgir son fantôme.
Ellie découvre alors ce qui hante Eureka, les choses qu’on y tait, celles qu’on n’ose dire qu’à travers la Bible. Et quel fut le destin de la fragile et scandaleuse Eleanor, qui ne voulait pas se soumettre.
Dans un premier roman qui impressionne par sa maîtrise et la beauté de son écriture, Anne-Sophie Kalbfleisch suit le passage à l’âge adulte de deux jeunes êtres en quête de liberté, Ellie et May, l’énigmatique et la volcanique.

Mon avis

Un premier roman incandescent sur la mémoire, la foi et l’amour en fuite

Je ne m’y attendais pas : cette lecture a été une belle surprise. Je l’ai acheté un peu par hasard, aux Quais du Polar, après la présentation passionnée des éditions du Rouergue. Sans ce moment-là, je serais sûrement passée à côté et ç’aurait été bien dommage. Avec une plume à la fois poétique, précise et habitée, Anne-Sophie nous plonge dans l’intimité d’une jeune femme qui tente de rassembler les morceaux épars de son passé pour comprendre son présent, et, peut-être, s’autoriser un avenir.

Aux confins d’Eureka

Ellie s’est réfugiée dans une minuscule maison, loin du tumulte de sa vie passée. Mais quand un détective vient frapper à sa porte, les souvenirs qu’elle tentait d’enfouir ressurgissent. Elle se met à raconter : son amour pour May, la fougueuse et insaisissable, attirée par d’étranges rêves de baleines, et leur fuite loin d’Eureka, une ville engluée dans ses dogmes religieux, ses secrets et ses champs de maïs à perte de vue.

Au fil des pages, on découvre une enfance marquée par la violence paternelle et le poids de la religion, une mère fantomatique dont le destin semble étrangement faire écho à celui d’Ellie, et surtout, un besoin viscéral de liberté. C’est une quête initiatique, un roman d’émancipation, d’amour interdit et de fantômes familiaux, qui se construit peu à peu dans une atmosphère étouffante et lumineuse à la fois.

Entre silence et transgression

Ce roman explore en profondeur ce que la société cherche à faire taire : l’homosexualité dans une ville dévote, les violences familiales, la honte héritée, le besoin d’échapper à un destin tout tracé. Mais il parle aussi de transmission, volontaire ou non, et de la manière dont les blessures se répercutent d’une génération à l’autre.

La Bible est omniprésente, comme un fil conducteur détourné, outil d’oppression autant que d’interrogation. C’est un livre où la parole est retenue, pesée, crainte, puis enfin libérée, parfois dans la douleur, parfois dans un éclat de beauté bouleversant.

Une écriture d’une beauté sidérante

Ce qui m’a le plus frappée dans ce roman, c’est la maîtrise du style. Pour un premier livre, la plume d’Anne-Sophie  est d’une maturité rare. Elle alterne entre douceur et violence, entre contemplation et tension dramatique. L’écriture est sensorielle, pleine de souffle, avec des images puissantes et une construction narrative subtile.

Le roman prend le temps de s’installer, de creuser ses silences et ses images. Ce rythme lent, qui pourra sembler long à certains, participe aussi à l’envoûtement et à la profondeur du récit.

Chaque phrase semble à sa place, ciselée avec soin. Anne-Sophie n’a pas peur des silences, des non-dits et elle laisse au lecteur la place de ressentir, d’interpréter. Il y a une vraie pudeur, mais aussi une belle intensité.

Émotions en clair-obscur

« Eureka dans la nuit » est un roman qui m’a habitée. J’ai ressenti un mélange de colère sourde et d’émotion brute. La détresse d’Ellie, son amour pour May, la violence latente de cette ville qui voudrait tout contrôler, m’ont bouleversée. Ce n’est pas une lecture facile, mais elle est profondément humaine, honnête et salutaire.

C’est aussi une lecture qui interroge : que transmet-on à nos enfants ? Que fait-on des injonctions sociales et religieuses ? Et surtout : comment se réapproprier son histoire quand on a grandi dans le silence et la peur ?

Si vous aimez les romans puissants, littéraires, introspectifs, « Eureka dans la nuit » est fait pour vous.

Un premier roman à la fois sombre et lumineux, porté par une écriture somptueuse. Anne-Sophie Kalbfleisch signe un texte marquant, où la voix d’une jeune femme s’élève enfin dans la nuit d’Eureka, pour dire l’indicible.

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : je l’ai découvert grâce à la présentation des éditions du Rouergue aux Quais du Polar.

Auteur connu : « Euréka dans la nuit » est le premier roman d’Anne-Sophie. Hâte de découvrir le prochain !

Émotions ressenties lors de la lecture : tendresse, empathie, colère, tristesse, admiration.

Ce que j’ai moins aimé : quelques longueurs.

Les plus : la plume, les personnages, l’atmosphère, les sujets abordés.

Si je suis une âme sensible : Certaines scènes peuvent heurter, je l’admets. Mais elles participent à la force du récit.

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