Informations
Titre : Les membres fantômes
Auteur : Virginie Bardot
Éditeur : auto édition
Nombre de pages : 584 pages
Formats et prix : broché 27 € / numérique 6.99 €
Date de publication : 18 mars 2025
Genre : psychologie
Résumé
L’aventure se poursuit pour Jessica et Joshua au sein de la clinique des Pins, institut spécialisé dans le traitement des psychotraumatismes. Ils devront faire preuve d’ingéniosité pour accompagner les jeunes âmes perdues entre leurs propres maux et ceux hérités des générations précédentes. Nos deux psychiatres tenteront de démêler les nœuds afin que le passé retrouve sa place, que le présent s’apaise et s’ouvre à un futur différent.
Arriveront-ils à poursuivre leur collaboration ? Ou la complexité de leur relation finira-t-elle par les conduire sur des chemins différents ?
Ce roman psychologique aborde le pouvoir des traumatismes transgénérationnels dans une famille. Virginie Bardot, pédopsychiatre et psychothérapeute, propose au lecteur d’entrer dans les coulisses de la thérapie afin de découvrir comment celle-ci peut guérir les blessures et offrir une autre issue que la répétition des traumatismes psychiques d’une génération à l’autre.
Mon avis
La résilience au-delà des générations
Après avoir exploré dans « La résilience du phœnix » les traumatismes psychiques liés à l’enfance et aux accidents de vie, Virginie Bardot poursuit son exploration des psychotraumatismes en se penchant sur la transmission des blessures psychiques d’une génération à l’autre. Ces « membres fantômes », douleurs invisibles héritées du passé familial, viennent hanter des jeunes en quête de sens et d’apaisement. Notez qu’il n’est pas indispensable d’avoir lu le premier tome, même si je vous le recommande chaudement !
Des personnages toujours plus profonds
Nous retrouvons Jessica Lestrie et Joshua Bayne au sein de la clinique des Pins. Leur duo, parfois complémentaire, parfois conflictuel, doit apprendre à conjuguer leurs approches pour accompagner des jeunes patients qui portent non seulement leurs propres souffrances, mais aussi celles héritées de leur lignée familiale. Comme des membres fantômes, ces blessures anciennes continuent de se manifester, même si leur origine se situe plusieurs générations auparavant.
Les patients portent le récit. Virginie dépeint avec finesse ces âmes en souffrance, piégées entre leur propre vécu et des héritages psychiques qui ne leur appartiennent pas totalement. Impossible de rester indifférent devant ces destins abîmés et pourtant porteurs d’une incroyable force de vie. Arnaud, déjà croisé dans le premier tome, revient à l’institut alors qu’il s’apprête à devenir père. Ses troubles dissociatifs, parfois spectaculaires, révèlent la violence des traumatismes transgénérationnels.
« Avec toute la violence que vous voyez au quotidien comment vous faites pour croire encore que l’homme est bon. »
Zoé, une patiente inoubliable
Et puis il y a Zoé. Comment ne pas parler d’elle ? Ce personnage bouleverse et fascine. Abandonnée par ses parents qui attendent sa majorité pour rompre définitivement les liens, elle se retrouve à la clinique dans un état de rage et de désespoir. Tantôt violente, tantôt fragile, elle met à l’épreuve l’équipe soignante et en particulier Jessica.
Mais derrière cette carapace, Zoé révèle un univers intérieur d’une richesse insoupçonnée. Ses dessins et ses graffs, inspirés du style manga, sont autant de cris muets qui expriment son mal-être et ses blessures. L’art devient sa planche de salut, un langage brut, poétique et violent, qui lui permet d’exorciser ses fantômes.
Les séances familiales auxquelles elle participe sont parmi les plus marquantes du roman : elle y exprime sa colère, son sentiment de n’avoir jamais compté pour ses parents et l’injustice de ce rejet. On ressent alors toute la douleur des transmissions familiales invisibles, qui pèsent sur les enfants et se répètent de génération en génération.
Zoé incarne à elle seule le thème du livre : comment vivre quand on hérite d’un passé qui ne nous appartient pas mais qui continue de nous détruire ?
Une approche thérapeutique vulgarisée avec précision
L’un des grands talents de l’auteure est de rendre accessibles des concepts complexes. Elle évoque la transmission transgénérationnelle des traumatismes avec clarté, sans jamais alourdir le récit. Chaque point théorique est intégré de manière fluide dans les séances ou les discussions entre thérapeutes. Le lecteur découvre ainsi des outils, des méthodes et des réflexions qui éclairent autant qu’ils intriguent.
On retrouve la même exigence que dans le premier tome : précision des termes, authenticité des situations, pédagogie dans l’explication. Mais ici, la dimension familiale et historique ajoute une profondeur supplémentaire.
Certains passages théoriques denses peuvent freiner les lecteurs peu friands de psychologie, mais la clarté de l’écriture compense.
Émotion et justesse
Ce tome se révèle encore plus émouvant que le premier. Arnaud bouleverse par sa peur de devenir un père violent malgré lui. Zoé captive par sa rage, sa créativité et sa fragilité. Même les passages plus légers, autour de Gérard et de ses chevaux, ou l’irruption de Ricardo dans la vie de Jessica, apportent souffle et humanité.
La plume reste claire, fluide, exigeante sans être hermétique. L’équilibre entre précision scientifique et intensité émotionnelle est remarquablement tenu.
« Le spectre livide s’était transformé en un jeune homme plein de ressources et d’un contact très agréable. »
Virginie nous fait entrer dans des parcours thérapeutiques où il ne s’agit pas seulement de guérir un individu, mais aussi de comprendre comment des douleurs non verbalisées, des secrets ou des traumatismes passés peuvent se transmettre inconsciemment. La question centrale devient alors : comment briser le cycle et offrir à ces jeunes une chance d’un avenir libéré du poids des ancêtres ?
Une lecture marquante et universelle
En refermant ce roman, on réalise que nous sommes tous, d’une certaine manière, traversés par l’histoire de nos familles. Ce récit n’est pas seulement celui de patients fictifs : il résonne avec des questions intimes et universelles.
L’émotion est bien présente : on ressent tour à tour de la compassion, de la colère, de la tristesse, mais aussi un profond espoir. Car ce que montre Virginie avec brio, c’est qu’il existe toujours une issue : celle de reconnaître ces blessures héritées, de les nommer, pour enfin s’en libérer.
« Et pour l’instant, je n’ai pas encore réussi à la convaincre que de prendre appui sur la main tendue n’était ni risqué, ni dangereux, mais qu’au contraire, cela pouvait lui être utile. »
Je remercie Virginie pour cette lecture.
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En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’avais beaucoup aimé « La résilience du phœnix » . Le thème des traumatismes transgénérationnels m’attirait énormément. J’apprécie les livres qui me font réfléchir autant qu’ils m’émeuvent, et je savais que Virginie saurait trouver cet équilibre.
Auteur connu : retrouvez ma chronique de « La résilience du phœnix« .
Émotions ressenties lors de la lecture : empathie, colère, tristesse, espoir ; et un vrai choc émotionnel avec Zoé.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : un roman encore plus riche que le premier, des personnages puissants et attachants, une mise en lumière rare des traumatismes transgénérationnels, une plume accessible et sensible.
Si je suis une âme sensible : certaines scènes, notamment celles liées à la dissociation ou aux conflits familiaux, peuvent heurter, mais elles sont toujours traitées avec délicatesse.


Une réflexion sur “« Les membres fantômes » de Virginie BARDOT”