Informations
Titre : La maison vide
Auteur : Laurent Mauvignier
Éditeur : Editions de Minuit
Nombre de pages : 752 pages
Formats et prix : broché 25 € / numérique 17.99 €
Date de publication : 28 août 2025
Genre : littérature générale
Résumé
En 1976, mon père a rouvert la maison qu’il avait reçue de sa mère, restée fermée pendant vingt ans.
À l’intérieur : un piano, une commode au marbre ébréché, une Légion d’honneur, des photographies sur lesquelles un visage a été découpé aux ciseaux.
Une maison peuplée de récits, où se croisent deux guerres mondiales, la vie rurale de la première moitié du vingtième siècle, mais aussi Marguerite, ma grand-mère, sa mère Marie-Ernestine, la mère de celle-ci, et tous les hommes qui ont gravité autour d’elles.
Toutes et tous ont marqué la maison et ont été progressivement effacés. J’ai tenté de les ramener à la lumière pour comprendre ce qui a pu être leur histoire, et son ombre portée sur la nôtre.
Mon avis
Un livre de mémoire et de silence
Avec « La maison vide », Laurent Mauvignier signe un texte profondément intime et en même temps universel. Partant d’un fait biographique, la réouverture en 1976 de la maison de sa grand-mère restée close pendant vingt ans, il entreprend un travail d’exploration : non pas seulement celle d’un lieu, mais celle des strates de mémoire, des fantômes familiaux et des silences transmis de génération en génération.
Une maison comme matrice d’histoires
Le récit commence avec la description de cette maison héritée, figée dans le temps. On y découvre un piano, une commode au marbre ébréché, une Légion d’honneur, mais aussi des photographies mutilées, où un visage a été découpé aux ciseaux. Ces objets ne sont pas anodins : ils incarnent à la fois la présence et l’effacement, ce qui demeure et ce qui a été volontairement gommé.
À partir de là, Laurent fait de la maison un personnage à part entière, peuplée de voix et d’ombres. Elle devient le fil conducteur pour convoquer les figures féminines de sa lignée, Marguerite, Marie-Ernestine et leurs aïeules, ainsi que les hommes qui les ont entourées, aimées ou blessées.
« Est-ce qu’elle imagine vraiment la tristesse de ce que serait une vie sans homme ? Est-ce qu’elle l’imagine, est-ce qu’elle a fait l’effort d’y penser vraiment ? Ce que veut dire une vie sans homme, c’est dans le regard fiévreux des hommes qu’une femme seule l’apprend. Une femme seule ne sera jamais qu’une proie sur laquelle chaque homme aura le droit de se jeter quand bon lui semble ; »
Quand l’intime rencontre l’Histoire
Ce qui frappe dans ce récit, c’est la manière dont les histoires individuelles s’entrelacent avec la grande Histoire. Deux guerres mondiales, la vie rurale au début du XXe siècle, les bouleversements sociaux et politiques de la France traversent le destin de cette famille. Le privé et le collectif se superposent, montrant à quel point nos existences sont marquées, consciemment ou non, par le contexte dans lequel elles s’inscrivent.
Une écriture de la mémoire et de l’effacement
Ce livre n’est pas une simple chronique familiale. C’est une tentative de redonner voix à ceux qui n’ont pas laissé de traces ou qui ont été effacés volontairement. Le visage découpé sur les photos symbolise ce silence imposé, ces blessures jamais nommées. Laurent cherche, par les mots, à combler ce vide, à mettre en lumière ce qui a été tu.
Sa plume est reconnaissable entre toutes : dense, exigeante, traversée de phrases longues, presque haletantes, qui semblent se dérouler comme un flot de mémoire impossible à interrompre. Ces phrases étirées donnent l’impression de chercher à tout dire, à ne rien laisser filer, comme si l’écriture elle-même voulait retenir ce qui risque de disparaître. Une construction parfois déroutante pour le lecteur, mais qui traduit à merveille l’effort de fouille, de ressassement et d’exhumation.
L’écriture devient alors un geste de réparation : elle exhume, réunit, interroge. Elle accepte aussi les zones d’ombre, car tout ne peut pas être reconstitué. C’est ce va-et-vient entre lumière et obscurité qui donne au texte sa densité et son intensité.
Ce que cette lecture m’a laissé
Lire « La maison vide » a été pour moi une expérience à la fois bouleversante et apaisante. Bouleversante, parce que l’on y retrouve la force des transmissions invisibles, ce poids du passé qui habite parfois nos gestes et nos silences. Apaisante, car l’auteur montre que l’on peut tenter de donner sens à ce qui semble perdu, que les mots peuvent ressouder les liens.
La lecture est exigeante, comme je l’ai dis plus haut : les phrases, longues et denses, obligent à ralentir, à entrer pleinement dans le rythme de l’auteur. Elles peuvent parfois donner le vertige, mais elles traduisent parfaitement ce flux de mémoire, ce besoin de dire et de retenir. Une fois qu’on accepte de se laisser porter par cette écriture ample et presque hypnotique, on se rend compte qu’elle épouse à merveille le mouvement de l’intime et de la mémoire.
C’est un livre qui pousse à se questionner sur sa propre histoire familiale, sur les récits tus ou oubliés et sur ce que nous en portons malgré nous.
Au-delà du récit familial
Avec « La maison vide », Laurent Mauvignier livre bien plus qu’un récit autobiographique : il construit un véritable tombeau littéraire pour ses ancêtres, un lieu où la mémoire individuelle se fait mémoire collective. Ce texte exigeant, traversé de poésie et de douleur, nous rappelle que toute maison est habitée par des vies passées, que chaque silence raconte quelque chose.
Un livre pour celles et ceux qui aiment la littérature de la mémoire, mais aussi pour quiconque souhaite réfléchir à la manière dont l’Histoire s’inscrit dans nos vies intimes.
#Lamaisonvide #LaurentMauvignier #EditionsdeMinuit
« La vérité, c’est que chacun doit être sur le lieu de son travail la journée et entouré des siens le soir, autour de la table, sans avoir à se retrouver déguisé dans la peau d’un troufion en pantalon rouge face à la frontière allemande. »
En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : J’ai choisi de lire ce roman après avoir lu l’avis très enthousiaste de Gérard Collard. Et le résumé était intéressant.
Auteur connu : j’ai lu cet auteur lors de mes études, ça date ! Cette « Maison vide » aura été l’occasion de renouer avec son style si particulier.
Émotions ressenties lors de la lecture : curiosité, respect, admiration, frustration, mélancolie.
Ce que j’ai moins aimé : le style qui m’a un peu déroutée au début.
Les plus : la plume, le contexte historique, le sujet et la réflexion qui en découle, cette maison qui est un personnage à part entière.
Si je suis une âme sensible : ce n’est pas un récit léger dans les thèmes abordés.



Un roman absolument magnifique ! Ce sont les portraits des femmes qui m’ont touchée : 3 destins dans l’ombre et parfois la violence des hommes . 3 destins dont les sentiments,, les amours et les haines , les chagrins et les humiliations , les révoltes mais aussi la dévastation sont magnifiquement narrées. Tout est émotionnellement chargé , jusqu’au tragique que Laurent Mauvignier porte douloureusement en lui.
Laurent Mauvignier , c’est un style éblouissant , c’est une écriture très ample, pleine de sesphrases longues qui nous enveloppent dans le récit , pas de dialogue mais une profusions de notations , de précisions qui rendent chaque scène, chaque sentiment , d’une justesse époustouflante .
Bref pour moi c’est un chef d’œuvre .
Zoé
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Suis entrain de le lire ❤️
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Bonne lecture ! N’hésite pas a poser ton avis par ici !
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J’ai aimé retrouver son style ample qui décrit si bien l’imaginaire à l’œuvre ! J’ai aimé qu’il donne une identité de papier à tous ses ancêtres, femmes et hommes, des gens simples, comme nos familles. Bref, heureusement que je l’ai lu presque à la fin de ma PAL de rentrée littéraire, car les autres auraient eu moins d’attrait ! Bref, un plaisir littéraire +++. Il a déjà reçu deux prix … Comment le Goncourt va se dépatouiller entre le meilleur d’Emmanuel Carrère et celui-ci, peut être il lui reste de choisir un outsider ! J’attends avec impatience la dernière sélection ! À suivre donc 🌞
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Ca y est, le Goncourt a réussi a trancher ! Pas facile en effet…Une belle reconnaissance pour cette écriture si singulière et cette façon de redonner chair et mémoire aux gens simples, comme tu le dis si bien. C’est un roman exigeant, mais quelle puissance littéraire !
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Et voilà Prix Goncourt
Bonne soirée Sonia
Sympa ta nouvelle image d’accueil
Bolla
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Oui, voilà, c’est fait ! Amplement mérité je trouve. Merci pour la bannière. EN attendant celle de Noël lol. Tu as des livres à me recommander ? Bisous bonne soirée.
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Aucune recommandation
Je lis Houris et je m’accroche
Bolla
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Ah oui pas facile comme lecture ! Bises.
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