« La Belle et la Bête » de Cécile ROUMIGUIERE et Benjamin LACOMBE

Informations 

Titre : La Belle et la Bête

Auteur : Cécile Roumiguière – Illustrations de Benjamin Lacombe

Éditeur : Albin Michel 

Nombre de pages : 90 pages

Formats et prix : broché 24.90 € 

Date de publication : 19 février 2025

Genre : littérature jeunesse (9 ans et +) 

Résumé

Un vieux marchand égaré trouve refuge dans le château d’une créature effrayante : la Bête. Par malheur, il enfreint la règle ultime en cueillant une rose pour sa fille, la Belle, et se voit puni par le maître des lieux. Pour sauver son père, la Belle décide d’affronter la Bête et découvre une altérité bouleversante.

Cécile Roumiguière offre une réécriture magnifique de ce conte classique, en situant l’action dans un château inspiré de Chambord, au cœur d’un cadre vénitien enchanteur. Les émotions des personnages sont sublimement mises en lumière par les illustrations grandioses de Benjamin Lacombe.

Mon avis

❤️ Alerte au coup de cœur !❤️

Un voyage au cœur de l’émotion et de la différence

Dès les premières pages, j’ai été happée par l’atmosphère de cette réécriture. Cécile réussit le pari d’offrir une version fidèle à l’esprit du conte, tout en lui insufflant une profondeur émotionnelle. Sa plume est délicate, sensuelle, parfois mélancolique. Chaque mot semble choisi pour résonner avec la beauté visuelle du livre.

La Belle qu’elle dépeint n’est pas une jeune fille naïve : elle incarne la force tranquille, la compassion et la curiosité de l’âme. Face à elle, la Bête n’est pas qu’un monstre. C’est un être en souffrance, prisonnier de son physique et de sa solitude. Leur rencontre devient un dialogue silencieux sur la différence, sur la peur de l’autre et sur la beauté cachée derrière les apparences.

Un écrin d’émotions et de lumière

Ce qui frappe dans cette version, c’est la douceur des émotions. L’amour ne naît pas ici d’un coup de foudre ou d’un enchantement soudain : il se tisse lentement, à travers les regards, les silences, les gestes.
On ressent la fragilité de la Belle, sa tristesse de quitter son père, son appréhension face à la Bête. Mais on perçoit aussi sa force intérieure, son courage tranquille. Quant à la Bête, elle bouleverse par sa pudeur et sa douleur contenue. On ne peut s’empêcher de l’aimer, malgré sa laideur, parce que tout, dans ses paroles et ses attitudes, trahit un immense besoin d’amour.

C’est un texte qui parle au cœur, mais aussi à l’intelligence : derrière la féerie se cache une réflexion sur la tolérance, sur l’acceptation de soi et des autres.

« Pas d’espoir ! Non, il ne devait laisser naître aucun espoir ! Tant de fois il y avait cru en vain. Cette fois, il n’attendrait rien. La souffrance des espoirs déçus lui était bien trop intolérable. »

Les illustrations de Benjamin Lacombe : un chef-d’œuvre à elles seules

Difficile de parler de cet ouvrage sans évoquer la part magistrale de Benjamin Lacombe.
Ses illustrations sont d’une beauté à couper le souffle : profondes, oniriques, parfois inquiétantes, elles enveloppent le lecteur dans une atmosphère presque palpable.

Par le jeu des contrastes lumineux, la richesse des nuances sépia et bleu nuit et l’attention minutieuse portée au moindre détail, Benjamin insuffle à cet ouvrage une dimension quasi picturale, digne d’un véritable chef-d’œuvre.

Chaque double page est une émotion visuelle : la tristesse de la Belle, la majesté du château, la douceur d’une main tendue… On pourrait presque dire que les dessins prolongent les mots, qu’ils les font vibrer autrement.

L’édition elle-même est somptueuse. C’est un véritable livre d’art que l’on prend plaisir à feuilleter, à caresser, à contempler.

Une réflexion intemporelle sur la différence et l’amour véritable

Derrière la féerie du conte, cette lecture invite à une réflexion profonde sur l’acceptation de l’autre et la peur de la différence. Cécile nous rappelle que la monstruosité ne réside pas toujours là où on l’imagine et que la beauté véritable naît du regard bienveillant que l’on porte sur l’autre.
La Bête, prisonnière de son apparence, incarne la solitude de ceux que la société rejette, tandis que la Belle symbolise la compassion et la curiosité de l’esprit. Ensemble, ils illustrent la possibilité d’un amour fondé non pas sur l’apparence, mais sur la compréhension et la sincérité.
Ce conte, sous sa douceur apparente, questionne nos propres jugements, nos peurs et notre capacité à aimer sans conditions.

Un livre à plusieurs niveaux de lecture

Ce qui rend cette œuvre particulièrement remarquable, c’est sa richesse de lecture.
Les plus jeunes y verront une belle histoire d’amour et de courage, empreinte de magie et d’émotion. Les adolescents pourront y lire un récit initiatique sur la construction de soi, l’apprentissage de la différence et la tolérance. Quant aux adultes, ils y trouveront une réflexion plus intime sur la beauté intérieure, la solitude et la quête d’un regard qui nous voit tels que nous sommes vraiment.
C’est un livre universel, accessible à tous, mais qui se révèle différemment selon l’âge et la sensibilité du lecteur, comme si chaque relecture ouvrait une nouvelle porte sur le sens caché du conte.

Un ouvrage d’une richesse exceptionnelle

Au-delà de la beauté du texte et des illustrations, ce livre se distingue par la profondeur et la générosité de son contenu. Cécile ouvre l’ouvrage avec une préface touchante, où elle partage son regard sur le conte et sur ce qu’il représente pour elle : un dialogue entre la peur et l’amour, la lumière et l’ombre.
En fin de volume, le lecteur découvre avec émotion les lettres de la Belle et celles de la Bête, une correspondance sensible qui prolonge le récit et en dévoile toute la dimension intime. Cela permet de  donner une voix nouvelle aux personnages et de saisir leurs sentiments avec encore plus de justesse.
L’ouvrage se clôt sur une postface passionnante évoquant l’histoire de la famille Gonzales, ces êtres velus qui ont inspiré le mythe de la Bête, ainsi qu’un texte de Benjamin Lacombe où l’illustrateur livre son propre point de vue sur le conte et sur la création de ses images.
L’ensemble fait de ce livre bien plus qu’une simple réécriture : une œuvre complète, à la fois littéraire, artistique et historique, qui se savoure autant pour son fond que pour sa forme.

C’est une œuvre que l’on lit autant qu’on admire, un livre à offrir, à transmettre, à relire encore pour en saisir toutes les nuances.

« Vous aimez donc lire ?
— Si je pouvais, je ne ferais que ça. Vous imaginez, la Bête, toutes les vies qu’il y a dans les livres ? Et tous les savoirs, toutes les questions, toutes les réponses… »

#LaBelleetlaBête   #CécileRoumiguière   #BenjaminLacombe

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : découvert lors de la dernière Fête du Livre de Saint-Etienne, j’ai choisi cette lecture pour redécouvrir un conte que j’aime beaucoup, mais aussi pour la beauté de cette édition.

Auteur connu : j’ai eu la chance de rencontrer Cécile et Benjamin lors d’une séance de dédicace, ainsi que lors du spectacle de clôture de la Fête du Livre de Saint-Etienne.

   

Émotions ressenties lors de la lecture : mélancolie, tristesse, colère, espoir, apaisement.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : la plume, les illustrations, la richesse de cette édition, l’ambiance, l’universalité de cette lecture, la réflexion. 

Si je suis une âme sensible : RAS. Vous y trouverez une mélancolie douce, un mélange de tristesse et d’espoir.

4 réflexions sur “« La Belle et la Bête » de Cécile ROUMIGUIERE et Benjamin LACOMBE

  1. Ce livre peut également être lu par des jeunes de 11/12 ans ? Car je dois offrir un livre à une jeune de cet âge.

    En tous les cas, comme d’habitude, tu me donnes envie de relire la belle et la bête. Merci pour tous tes résumés 🙏🙏.

    Bonne fin de journée.

    Domi

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