« Point de fuite » d’Estelle THARREAU

Informations 

Titre : Point de fuite

Auteur : Estelle Tharreau

Éditeur : Taurnada

Nombre de pages : 256 pages

Formats et prix : poche 10.90 € / numérique 7.99 €

Date de publication : 6 novembre 2025

Genre : thriller psychologique

Résumé

Alors qu’une tempête se déchaîne, un criminel tente d’échapper à la police et à son complice. Une réceptionniste dépose une étrange valise dans une chambre d’hôtel où un petit garçon est enfermé. Une femme guette l’arrivée du père de son enfant, et un steward désespéré attend d’embarquer pour un vol ultime.
Tous approchent du point de non-retour qui fera basculer leur existence.
Un huis clos labyrinthique où l’amour et la mort se livrent une course-poursuite infernale dans les entrailles d’un aéroport pris dans un déluge de neige et de glace.

Mon avis

Quand le ciel se referme sur les âmes en perdition

Dès les premières pages, Estelle Tharreau nous embarque dans un huis clos à la tension glaciale, un roman choral où chaque minute compte et où la tempête n’est pas seulement dehors. « Point de fuite » se déroule dans un aéroport coupé du monde par une météo apocalyptique, où les destins de quatre personnages vont se croiser pour le pire. C’est un roman où la peur, la culpabilité et l’amour se heurtent comme des avions en perdition dans un ciel saturé d’angoisse.

Un décor sous haute tension : l’aéroport comme purgatoire

L’aéroport devient ici un véritable personnage à part entière : un lieu de passage, de fuites, d’attentes, de non-dits. Estelle en exploite la froideur métallique, les couloirs sans fin, les vitres battues par la neige, pour créer une atmosphère étouffante.
Le lecteur s’y perd comme dans un labyrinthe où chaque porte semble mener vers une impasse. Le huis clos fonctionne à merveille : on ressent l’urgence, le froid, la peur.
Et cette tempête qui enferme tout le monde à l’intérieur agit comme un catalyseur. Elle révèle les âmes, met à nu les consciences, fait exploser les secrets.

« Battu par les vents violents et la neige affolée, l’éclat des mille lumières de ce navire en perdition était devenu un halo terne, diffus et orangeâtre. Jamais ce colosse n’avait semblé si seul et vulnérable. »

Des destins qui se frôlent avant de s’entrechoquer

Le roman s’articule autour de quatre trajectoires : un criminel traqué, qui cherche désespérément une échappatoire, une réceptionniste, complice malgré elle d’un terrible plan, une mère, qui attend un homme et espère une rédemption, un steward, rongé par un passé qui le pousse vers un dernier vol.

Ces personnages sont autant de « points de fuite », chacun tentant d’échapper à une réalité devenue insupportable. Estelle tisse entre eux des liens subtils, presque invisibles au début, jusqu’à ce que tout s’éclaire dans une explosion finale d’émotions et de vérité.
Estelle ne cherche jamais la facilité : aucun personnage n’est entièrement bon ni mauvais. Chacun porte sa part d’ombre, son fardeau, sa douleur. On les juge, puis on les comprend. Parfois, on leur pardonne aussi. Assez ambigu comme sensation, je trouve.

« Toutes ces destinées humaines s’apprêtaient à ricocher, à s’entrechoquer, à  se neutraliser ou à s’anéantir dans les entrailles de l’aéroport avec la tour de contrôle pour seul arbitre. »

Un rythme implacable et une écriture visuelle

Estelle a le sens du rythme : chapitres courts, alternance de points de vue, tension croissante. On lit « Point de fuite » comme on regarde un film catastrophe, en apnée.
La plume d’Estelle, à la fois précise et sensorielle, donne à chaque scène une dimension cinématographique : on entend le vent hurler, on voit les néons vaciller, on sent la peur dans chaque respiration.
Elle maîtrise aussi parfaitement le temps narratif : le passé de chaque protagoniste s’invite par fragments, éclairant leurs choix et amplifiant la tension du présent. Efficacité redoutable !

Et comme toujours chez Estelle, le huis clos est un terrain qu’elle exploite avec une intensité forte. Elle en connaît les moindres recoins, les silences lourds, les respirations coupées. Un art du confinement psychologique que j’étais ravie de retrouver ici.

L’amour et la mort en miroir

Au-delà du thriller, « Point de fuite » parle d’amour, mais d’un amour abîmé, contrarié, parfois destructeur.
C’est aussi un roman sur la culpabilité, le pardon et cette frontière floue entre la vie et la mort, où tout peut basculer en une seconde.
Estelle nous pousse à réfléchir : qu’est-on prêt à faire pour sauver quelqu’un ? Pour se sauver soi-même ? Peut-on échapper à son destin, ou n’est-ce qu’une autre forme de chute ?
Sous la neige, les cœurs saignent et la mort rôde, jamais très loin.

Je ne peux que vous recommander cette lecture intense et profondément humaine. A découvrir sans tarder si vous aimez les thrillers psychologiques où chaque battement de cœur compte.

Un grand merci aux Editions Taurnada pour cette lecture.

#Pointdefuite   #EstelleTharreau   #Taurnada

« Un nouveau tintement avant que la bouche ne la recrache dans le couloir à l’épaisse moquette bleu de Prusse, qui absorbait le bruit de ses pas, au tissu mural doré, parcouru de filaments rouges. Elle posa son escarpin à talon et évolua en silence entre les deux alignements de portes closes et mutiques, qui cachaient tant de secrets et de réalités inavouables. Elle avança comme un condamné allant à l’échafaud. »

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : Estelle Tharreau est une auteure que j’apprécie énormément. Je savais que je trouverais dans ce nouveau roman une tension dramatique et une réflexion sur la nature humaine.

Auteur connu : retrouvez ici toutes les chroniques des précédents romans d’Estelle. 

Émotions ressenties lors de la lecture : tension, urgence, oppression, empathie, fascination, peur.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’atmosphère, les personnages, la construction, la plume, la maîtrise du huis-clos, la fin. 

Si je suis une âme sensible : pas de violence, mais une tension psychologique présente à chaque page. 

 

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