Informations :
Titre : vingt-neuf semaines et des poussières d’étoiles
Auteur : Aude Ceccarelli
Editeur : cherche midi
Nombre de pages : 208 pages
Format et prix : broché 17 € / numérique 10.99 €
Date de publication : 29 mars 2019
Genre : témoignage
Résumé :
« Début mai 2013, alors que je suis expatriée avec ma famille dans un lointain pays d’Asie centrale, je découvre que je suis enceinte de mon troisième enfant. Fin octobre 2013, c’est déjà fini. Je dois interrompre ma grossesse à la suite de la découverte de graves malformations fœtales. Vingt-neuf semaines in utero, quelques minutes en tête à tête, le bracelet d’une maternité parisienne, une photo de mauvaise qualité : ce sont les minces souvenirs que je possède. Pour qu’il reste autre chose qu’un parcours médical et que la relation prenne forme d’une autre manière, moi, la maman de cet enfant né sans vie, je n’ai pas eu d’autre choix que d’écrire notre brève histoire. Comment se consoler d’avoir perdu un bébé que l’on a à peine connu ? Comment faire le deuil de celui que l’on a tenu seulement quelques minutes dans ses bras ? Comment apprend-on à vivre après, et avec cette perte ? Je tente de répondre à ces questions ; j’écris pour atténuer la douleur et, ainsi, mon enfant existe. »
L’auteur témoigne dans cet ouvrage d’une situation malheureusement courante, l’interruption thérapeutique de grossesse et le deuil périnatal. Son récit confronte le lecteur au choix le plus difficile qui soit pour des parents : décider de laisser partir leur enfant.
Mon avis :
J’ai préparé le stock de mouchoirs dès le début de ce livre, prévu un après midi au calme chez moi pour le lire tranquillement d’une traite, et j’ai bien eu raison.
Ce livre c’est un concentré d’émotions auquel personne ne peut être insensible, et surtout pas une femme ou une mère de famille.
Une famille française heureuse, expatriée au Kazakhstan, la mère, narratrice, Marco, le père, et deux fils de 2 et 3 ans. Famille parfaite, et voilà un nouveau bébé qui s’annonce. Un bébé d’hiver. Très vite, la mère lui parle, posant ses mains sur son ventre, elle se projette dans cette grossesse, prend le soleil de Méditerranée pour faire le plein de couleurs, de vitamines avant le dur hiver kazakh. Mais à l’aube de la quarantaine, cette grossesse est déjà considérée comme à risque. Le compteur tourne, cette fameuse horloge biologique, qui commence à se dérégler dès le début de la trentaine. Un bébé à 40 ans, c’est déjà un coup de poker en soi.
Elle se précipite sur les revues spécialisées pour suivre l’évolution de ce petit être qui grandit en elle, comme nous l’avons toutes fait :
A la 6e semaine, son cœur se met à battre, il a un cerveau, une moelle épinière et commence à bouger aux alentours de la 8e semaine.
A la 11e semaine de grossesse, événement majeur ! Votre tout-petit passe du statut d’embryon à celui de fœtus.
A la 16e semaine, il commence à être vigoureux. C’est à ce moment que vous allez généralement sentir ses 1er mouvements. Il mesure 14 cm et pèse 110 grammes.
A la 26e semaine de grossesse, ses yeux ont pris la couleur bleu-gris, les cils font leur apparition et son cerveau est de plus en plus évolué. Une semaine plus tard, il sait pleurer et commence à rêver.
Et à la 29è semaine ? Reset, poussière d’étoiles, on tourne la page.
J’ai commencé à pleurer à partir de la page 59. Tous les souvenirs de mes grossesses sont remontés à la surface, idem pour les accouchements.
L’histoire de ce couple, et de ce bébé, c’est terrible, injuste. Comment peut on prendre une telle décision ? Tout en sachant qu’ils n’ont pas d’autre choix ? On vit ce drame de l’intérieur, j’ai accompagné cette maman à chaque examen, subit l’absence totale d’empathie de la part des soignants, attendu avec angoisse les résultats des examens.
Un premier couperet tombe, 1ère malformation. Le choc passé, on avance, ce n’est pas grave, ça se soigne, ça s’opère. Et puis second coup de massue, cette fois, l’inéluctable se produit. La loi Veil, qui « sauve » chaque jour des femmes, l’IVG ou pire, l’IMG (interruption médicale de grossesse), malgré les délais de réflexion, les démarches lourdes et pesantes. Comment peut on réfléchir à cela ? Comment peut-on demander à ces femmes de réfléchir afin de prendre la bonne décision ? Y a-t-il une bonne décision d’ailleurs ?
Tout le long de cette lecture, je me suis posée la question, et j’aurai fait pareil. Cette maman a pris la bonne décision en préservant ce petit être d’une vie morose peuplée de non joie et de douleurs. Et une fois l’acte fait, comment se relève-t-on ? Que fait-on de cette culpabilité sourde qui nous ronge ? Comment vit-on le regard des autres ? Tout cela est raconté sans filtres, avec une émotion qui m’a prise aux tripes.
Je vous mets en garde : projet de bébé à court terme, passez votre chemin. Lectrice trop sensible : idem. On ne ressort pas indemne de cette lecture. Il a fallu énormément de courage pour coucher ce vécu sur le papier, même si c’est une sorte de thérapie. C’est juste bouleversant. La vie peut être belle, mais elle peut aussi ne faire aucun cadeau….
Je remercie les Éditions Cherche Midi et NetGalley pour cette lecture.
#NetGalleyFrance #vingtneufsemaines
Une réflexion sur “« Vingt-neuf semaines et des poussières d’étoiles » d’Aude CECCARELLI”