Informations :
Titre : les impatientes
Auteur : Djaïli Amadou Amal
Éditeur : Emmanuelle Collas
Nombre de pages : 240 pages
Format et prix : broché 17 € / numérique 12.99 €
Date de publication : 4 septembre 2020
Genre : littérature africaine
Résumé :
Ramla, Hindou et Safira. Trois femmes, trois histoires, trois destins liés.
Ce magnifique roman retrace le destin de Ramla, 17 ans, arrachée à son amour pour être mariée de force avec Alhadji Issa, un homme riche et déjà marié. Hindou, sa sœur du même âge, est contrainte d’épouser Moubarak, son cousin, alcoolique, drogué et violent. Quant à Safira, 35 ans, la première épouse d’Alhadji Issa, elle voit d’un très mauvais œil l’arrivée dans son foyer de la jeune Ramla, qu’elle veut voir répudiée.
Pour les aider dans cette étape importante et difficile de leur vie, leur entourage ne leur donne qu’un seul et même conseil : patience !
Mariage précoce forcé, viol conjugal, consensus et polygamie, avec « Les Impatientes », Amal brise les tabous en dénonçant la condition de la femme dans le Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.
Mon avis :
Voilà une pépite de cette rentrée littéraire. Ce roman a reçu le prix Orange du livre en Afrique en 2019, et cette année, il fait partie de la première sélection pour le Goncourt 2020.
Le lecteur se retrouve propulsé au Cameroun, découvrant le destin de trois femmes :
Ramla, 17 ans tout juste, souhaite devenir pharmacienne. Son goût pour les études sera compromis par son mariage imposé par son père à l’homme le plus riche de la ville. Ramla devra se soumettre à la toute puissance patriarcale et épouser Alhadji , la cinquantaine, malgré les sentiments qu’elle éprouve pour un autre jeune homme.
Hindou, la demi-sœur de Ramla, quant à elle, sera obligée d’épouser son cousin Moubarak, homme violent, colérique, alcoolique et bon à rien. Elle va subir les viols conjugaux, les brimades, sa vie ne sera plus que peur et angoisse. Le tout avec la bénédiction de sa famille, bien entendu.
Safira, 35 ans, est la première épouse du mari de Ramla. L’arrivée de la jeune fille la fera devenir la « daada-saare », c’est à dire, la guide de la maison. Sur elle va retomber toute la gestion de la concession (la demeure familiale où co-habitent toutes les épouses et leurs enfants). Elle n’aura de cesse de compromettre Ramla pour qu’elle soit répudiée par Alhadji, afin de reprendre sa place dans le cœur et le lit de son époux.
« Munyal » signifie « Patience« . Nos trois héroïnes refusent de se conformer aux règles. Leurs proches leur donneront un seul conseil tout au long de leur vie : Munyal. Aucun dialogue n’est possible. Il faut accepter silencieusement le destin imposé par Allah.
Hindou est violée par son mari ? Munyal.
Ramla se désespère du comportement de Safira envers elle ? Munyal.
Safira refuse cette jeune épouse qui a l’âge de sa fille ? Munyal.
Tel un mantra, ce mot revient inlassablement dans toutes les situations. Le poids des traditions et des coutumes rongent les trois femmes. Elles subissent ou ont subi un mariage précoce et forcé, duquel découlent toutes les violences, plus pernicieuses les unes que les autres : viol conjugal, violences physiques, économiques et psychologiques. Et pourtant, elles ne peuvent pas se rebeller. Elles ne peuvent qu’endurer cette vie dont elles ne veulent pas, prises au piège.
Plus qu’un roman, c’est un témoignage, puisqu’il y a une part autobiographique. Djaïli est une auteure engagée, à la plume nette, précise, sans faux semblants. Elle immerge le lecteur dans une réalité crue et atroce. Elle brise le tabou de cette condition féminine révoltante, cette société qui les dépouille de tous leurs droits, sauf de celui d’être patiente.
Une histoire bouleversante, une lecture difficile, qui prône les violences faites aux femmes, ce chantage affectif couplé à cette brutalité physique. J’ai dévoré ce livre, accrochée à mon siège, le paquet de mouchoirs à proximité. Comment peut-on infliger cela à des femmes au XXIème siècle ?
« Le paradis d’une femme se trouve aux pieds de son époux. »
« Le viol n’existe pas dans le mariage ».
Une lecture essentielle, que je qualifierai d’utile. Pour s’informer, pour que la prise de conscience se fasse afin que la situation ait une chance d’évoluer. A ne pas manquer !
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En bref :
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : j’ai été happée par la couverture et le titre. A la lecture du résumé, je me suis lancée sans hésiter.
Auteur connu : « Les impatientes » est le second roman de Djaïli, qui est également et surtout une militante féministe à la tête de l’association « Femmes du Sahel » devenant ainsi « la voix des sans voix ».
Émotions ressenties lors de la lecture : beaucoup de tristesse et d’amertume face à ces destins. De la colère concernant ces coutumes d’un autre âge.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : la plume, criante de vérité, et de sincérité. L’engagement de l’auteure se retrouve complètement dans sa plume. Ces trois destins croisés mais pourtant si intimement liés.
Cela donne très envie de le lire, merci
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Avec plaisir ! Bon week end.
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