« Marques de fabrique » de Cécile BAUDIN

sonia boulimique des livres

Titre : Marques de fabrique

Auteur : Cécile Baudin

Nombre de pages : 432 pages

Genre : thriller historique

blog littéraire

Un voyage dans le temps en pleine révolution industrielle. Deux héroïnes, sans se connaître, enquêtent sur deux mystères imbriqués l’un dans l’autre. Morts suspectes, disparitions inquiétantes dans l’univers de la soie et de la filature…

Ain, 1893. Pour exercer son métier d’inspecteur du travail, Claude Tardy est obligée de se travestir en homme, avec la complicité de son mentor Edgar Roux. Lors d’un contrôle dans une tréfilerie, ils se retrouvent face à un étrange suicide : un jeune homme pendu, prisonnier dans des fils de métal. Plus étonnant encore, la découverte dans un lac, trois mois plus tard, d’un corps congelé… Celui d’un ouvrier, sosie du suicidé.
Non loin de là, sœur Placide accueille les nouvelles pensionnaires des Soieries Perrin, des orphelines employées et logées dès leurs douze ans jusqu’à leur mariage. Elle est bouleversée par l’une d’elles, une fillette blonde qui ressemble à s’y méprendre à Léonie, une ancienne pensionnaire. Qui, partie pour se marier, n’a plus jamais donné de nouvelles…
Deux enquêtrices pour deux mystères inextricablement liés qui révèlent la face sombre de la révolution industrielle.

chroniques littéraires

Un thriller historique qui nous plonge dans la France du XIXème siècle et dans une enquête à couper le souffle.

Le prologue m’a serré le cœur, ça commence bien ! Dès les premières lignes, le ton du roman est donné : pas de demi-mesure, tout sera cash. Accrochez-vous.

Notre récit est planté dans l’Ain, en 1893. Claude Tardy est inspectrice du travail stagiaire, faisant équipe avec Edgar Roux, inspecteur divisionnaire du travail. En 1841, et pour la première fois en France, une loi encadrant le travail des enfants est votée. L’inspection du travail, créé en 1892, est chargée de veiller à la bonne application du droit du travail. Lors du contrôle d’un atelier de couture clandestin, Claude est informée qu’un cadavre a été retrouvé dans une tréfilerie.

Autre lieu, autre ambiance, autre personnage féminin : Sœur Placide s’occupe d’accueillir les nouvelles recrues de l’usine-pensionnat des Soieries Perrin. Le concept d’une usine-pensionnat est de regrouper une entreprise et un dortoir situé à côté, permettant aux ouvrières de rester sur le site de façon permanente. Ce type de bâtiment s’est développé avec l’industrie textile, accueillant bien souvent des jeunes filles démunies et surveillé par l’Église.

Le travail de Sœur Placide n’est pas de tout repos, les pensionnaires sont jeunes, sans famille, son rôle est de prendre en charge leur éducation. Lorsque l’une des pensionnaires aperçoit un fantôme dans le dortoir, la peur et l’angoisse prend possession de ces fillettes…

« Ce qu’elles mangeront, l’heure de leur réveil, de leur toilette, de leur coucher, tout ce qu’elles feront entre les deux, le moment de la matinée où elles iront se soulager, le choix de leur activité récréative, tout respectera désormais le règlement à la lettre. Au moins pendant trois ans, et, pour la plupart d’entre elles, jusqu’au mariage. La plus vieille de ces filles n’a pas quatorze ans. »

Outre l’enquête policière, les détails de cette période historique sont passionnants. Lorsque j’ai commencé ma carrière dans l’administration, c’était au ministère du Travail, je connais donc bien les missions des inspecteurs et contrôleurs du travail. Un petit clin d’œil amusant ! D’autant qu’à cette époque (non non, je ne me sens pas vieille du tout…), je vivais en Ardèche, et il y avait encore quelques entreprises de soieries.

Les personnages sont riches. Claude est une femme déterminée et bien décidée à démontrer que son statut de femme ne l’empêchera pas de mener à bien sa carrière. Certaines de ses missions sont interdites aux femmes ? Qu’à cela ne tienne, elle s’affublera d’une fausse moustache et d’une redingote. Après tout, Claude est un prénom épicène, non ? Cela nous permet de bien appréhender quelle était la place du sexe dit faible dans la société de l’époque. Edgar est passionné de photographie, là aussi les détails sont une vraie mine d’or pour le lecteur. Sœur Placide s’investit beaucoup pour ces fillettes dont elle a la responsabilité. Son rôle est loin d’être celui d’une mère, pourtant.

La construction est intéressante, nous suivons tour à tour Claude et Sœur Placide dans deux histoires qui n’ont, à priori, rien en commun. L’intrigue est bien menée, les indices alléchants, le rythme, bien que je l’ai trouvé un peu lent, nous pousse néanmoins à la curiosité et à bouloter les chapitres. Je me suis posée énormément de questions au sujet des mystères évoqués, je suis restée dans le flou total, mettant en avant des suppositions toutes plus improbables les unes que les autres. J’avais vraiment envie de connaître la résolution de ces mystères.

Cécile a une plume fluide, légère et riche. Elle est immersive, le lecteur plonge totalement dans la période historique. Les détails sont suffisants pour nous embarquer, sans alourdir le récit. Le juste milieu parfaitement trouvé !

Pourtant, je dois avouer que je ne suis pas vraiment fan des thrillers historiques. Tout dépend de la période où se situe l’intrigue et la manière dont l’auteur décrit le concept et la société. « Marques de fabrique » m’a réellement harponnée, j’ai passé un super moment avec Claude et Sœur Placide, dans cette époque si particulière de notre Histoire. Je ne peux que vous conseiller la lecture de ce roman. Vous en sortirez plus riche.

« Cette hiérarchisation des taches permet de coller à l’ordre naturel, les hommes étant mieux payés que les femmes, et les enfants, moins que les adultes. La rentabilité est à ce prix : la concurrence grandit, avec la Grande-Bretagne notamment, et les cocons doivent désormais s’importer du Japon. »

Je remercie Cécile pour cette belle découverte !

#Marquesdefabrique     #CécileBaudin    #PressesdelaCité


signature_4

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé m’a intéressée, le côté révolution industrielle, sa face sombre, et puis un personnage inspecteur du travail, c’est suffisamment rare !

Auteur connu : « Marques de fabrique » est le premier roman de Cécile. J’espère que ça ne sera pas son dernier !

Émotions ressenties lors de la lecture : passionnée, curieuse, intéressée, j’ai été également angoissée, intriguée, révoltée.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : les personnages, le contexte historique et la richesse des descriptions, la plume, la fin.

Si je suis une âme sensible : rien ne m’a choquée, je pense que vous pouvez vous plonger dans « Marques de fabrique » sans trop d’angoisse.

signature_2

5 réflexions sur “« Marques de fabrique » de Cécile BAUDIN

Laisser un commentaire