« L’inconnu du Bataclan » de Florent MAROTTA

sonia boulimique des livres

Titre : L’inconnu du Bataclan

Auteur : Florent Marotta

Éditeur : Cosmopolis

Nombre de pages : 478 pages

Formats et prix : broché 21 €

Date de publication : 10 novembre 2022

Genre : thriller

blog littéraire

13 novembre 2015. Bataclan.
Des terroristes islamistes massacrent une centaine de personnes.
2 janvier 2021. Une femme est retrouvée morte chez elle.
C’était une rescapée du Bataclan.
Alors que tout semble indiquer qu’il s’agit d’un cambriolage qui a mal tourné, le capitaine Charles Huttin doute.
Et si ces deux événements distants de plusieurs années étaient liés ?
A l’heure où la France tente d’oublier ce traumatisme, le feu couve.
Partout les ennemis de la France se reconstituent, activent leurs réseaux.
Quel terrible secret ne doit être mis au jour ?

chroniques littéraires

Un thriller dense, d’une noirceur absolue, criant de réalisme.

Florent est l’un de mes auteurs préférés. Pourtant « L’inconnu du Bataclan » croupissait dans ma PAL depuis sa sortie. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’allusion au Bataclan m’a effrayée. Pas envie de revivre cela… J’aurais dû faire confiance à Florent. Car le sujet de ce thriller est loin d’être centré sur le Bataclan.

2021. Tout commence avec un banal cambriolage qui tourne mal : Madame Escot est retrouvée morte à son domicile. Charles Huttin, chef de la Crim’ à la PJ de Bobigny est en charge de l’enquête. La cinquantaine, cette armoire à glace est secondé par Nathalie Benteck, son adjointe de 45 ans. Tous deux forment une équipe efficace et redoutable d’expérience. Malgré le manque de moyens, ils mettent tout en œuvre pour résoudre chaque dossier en cours.

« Comme toute la police, il manquait de tout sauf de dossiers en cours. Il manquait de temps, d’hommes, de moyens, de soutien, de reconnaissance. S’il avait réussi à se passer de tout cela, lui, le flic, il le déplorait pour les victimes et leur famille qui demeuraient trop souvent la dernière préoccupation de la machine judiciaire. »

2014. La caporal Dersim Barzani, 21 ans, quitte son régiment de Carcassonne pour une permission bien méritée. Sauf que la jeune femme va déserter et donner une toute autre direction à sa vie, rejoignant les unités de résistance de Sinjar afin d’aider les femmes Yézidis, petites minorités ethnoreligieuses kurdophones, victimes des jihadistes.

« Le lendemain, justement, il lui resterait treize jours de permission. Treize jours pour disparaître avant qu’elle ne soit inscrite comme déserteuse. Treize jours pour quitter la France. »

Deux temporalités, deux récits distincts au départ mais qui vont se fondre dans un thriller à la fois oppressant et passionnant. Le travail de recherche de Florent est conséquent et force l’admiration. Il connaît son sujet et le maîtrise tout en ne noyant pas le lecteur dans les détails. Nous sommes dans un thriller, pas dans un reportage journalistique. Il s’appuie sur le contexte politico-religieux contrasté et inflammable pour subtilement tisser son intrigue. J’ai appris, non sans effroi, pas mal de choses sur les thématiques creusées : le terrorisme, les cités gangrénées par le trafic de drogue, les rivalités entre les clans, la condition des femmes.

La plume de Florent est précise, nette, cinglante et surtout minutieuse. Il ne laisse rien au hasard. Chaque mot est pesé, aucune description, aussi violente soit-elle, n’est gratuite. Il pose les bases de son enquête, les chapitres courts impriment un rythme infernal. « L’inconnu du Bataclan » est indéniablement un page-turner d’une efficacité redoutable. Le lecteur est épinglé au mur comme un papillon, otage de cette lecture, de cette histoire effroyable.

Âmes sensibles, méfiez-vous. Florent ne fait pas dans la dentelle. Certaines scènes sont terribles. Et le pire dans tout cela, c’est que la vérité n’est jamais bien loin. Florent nous propose une vision de la société que nous refusons de voir, que les politiques ignorent, que les autorités réfutent. Certains chapitres m’ont fait penser à « Territoires » d’Olivier Norek. Les cités de banlieue, tombées aux mains des trafiquants, sous les yeux des habitants impuissants et résignés.

Les personnages de ce roman sont denses, vrais, authentiques. J’ai beaucoup apprécié Dersim. Son histoire m’a touchée et bouleversée. Sa force de caractère force le respect, elle a tout vu, tout fait, et surtout, tout subi. J’ai compris son désir de vengeance, j’ai admiré la manière dont elle va en poser chaque pièce, avant le bouquet final. Charles, quant à lui, va devoir faire des choix, en son âme et conscience. Son caractère bouillonnant et son côté taciturne et solitaire vont lui jouer des tours.

Un thriller collant à la réalité, qui prend aux tripes, qui bouscule, une lecture oppressante pouvant laisser des séquelles dans l’esprit du lecteur, que je vous conseille absolument si vous êtes, comme moi, adeptes de ce genre.

« Tout lui semblait un écho distant où s’entremêlaient les pires horreurs dont elle n’aurait jamais cru un être humain capable. Peut-être que ses bourreaux n’étaient plus des êtres humains. Toute trace d’espoir avait disparu au stade de Raqqa désormais devenu prison et centre de torture des djihadistes. »

#LinconnuduBataclan    #FlorentMarotta    #Cosmopolis

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur !

Auteur connu : je crois bien que j’ai tout lu de lui. Retrouvez ici la page regroupant toutes les chroniques concernant Florent.

Émotions ressenties lors de la lecture : quelle angoisse ! J’ai été oppressée, ébahie, dégoutée, apeurée, en colère, révoltée. Je suis passée par toutes les couleurs !

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : la plume, les personnages, le travail de recherche, le sujet, les thématiques développées.

Si je suis une âme sensible : bon, ben, clairement, fuyez ! Ce roman n’est pas du tout pour vous.

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5 réflexions sur “« L’inconnu du Bataclan » de Florent MAROTTA

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