
Titre : Les pyromanes
Auteur : Vincent Delareux
Éditeur : L’Archipel
Nombre de pages : 464 pages
Formats et prix : broché 20 € / numérique 14.99 €
Date de publication : 24 août 2023
Genre : roman noir

Dans un village reculé de Normandie, Thérèse Sommer attise les passions et dicte sa loi : à son mari qu’elle trompe, à sa mère qu’elle méprise, à ses amants qu’elle consume.
Libre et indépendante, maîtresse de son petit monde, on ne lui connaît pas de rivale. Jusqu’à la naissance de sa fille.
Enfant non désirée, Françoise grandit entre haine et maltraitance. Nuit et jour, elle implore le Ciel et les saints de la libérer de la tyrannie de sa mère. L’une d’elles est de trop.
Françoise doit faire un choix : cultiver la flamme d’un cierge pour son salut ou allumer le brasier de la colère ?

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2023
Êtes-vous prêt à plonger dans la noirceur de l’âme humaine ? Oui ? Accrochez-vous…et n’oubliez pas vos allumettes….
Brézeville, petit village de la Manche de 300 âmes.
Thérèse Sommer est une femme bien étrange. Mariée à Serge, cela ne l’empêche pas de tromper ouvertement ce dernier. Serge est marin, absent une bonne partie de la semaine, les amants défilent dans le lit conjugal. Thérèse se moque du qu’en dira-t-on. Pourtant, dans ce petit village, rien n’échappe à personne…Ce qui devait arriver arriva : Thérèse tombe enceinte et accouche d’une petite fille, Françoise.
Ne cherchez pas le père, seul un test ADN pourrait déterminer son identité…Et tout le village pourrait aisément s’y soumettre en ayant sa chance.
La petite Françoise commence bien mal son existence. Sa mère la voit plus comme un poids et son père est totalement indifférent. Quant aux habitants du village, à part tout observer derrière leurs rideaux et se gausser, pas un n’apportera son aide.
« Serge avait accueilli la nouvelle avec indifférence. Un enfant ne changerait pas grand-chose à son quotidien. Il passait une moitié de sa vie sur l’eau et l’autre dans l’alcool. Son existence était purement liquide, sans forme ni contour. Ce n’était pas un gosse qui le sortirait de ce flou. En outre, il était certain que l’enfant n’était pas de lui. »
Heureusement qu’il y a Jeanne, la mère de Thérèse, qui s’occupe autant qu’elle peut de Françoise, lui apportant un peu d’amour dans cette existence bien sombre. Françoise va grandir entre les parenthèses enchantée avec Jeanne et les brimades et privations de Thérèse.
Au fil des pages, le lecteur tremble pour Françoise. Comment se construire dans un environnement pareil ? J’ai ressenti énormément d’empathie et de tristesse pour cette fillette en manque d’amour et d’affection.
Françoise a 13 ans lorsque sa mère décède brutalement. Je vous avoue que j’ai presque sauté de joie ! Un boulet en moins, nous voilà débarrassé. Mais le mal était fait…
Ajoutez un malencontreux accident de voiture, une légende dramatique concernant une famille du village, une adolescente perturbée et un autre déboussolé, et vous aurez un formidable terreau pour nous emmener dans les profondeurs de la psyché humaine. De quoi frémir de peur et d’angoisse. Jusqu’où cette descente aux enfers va-t-elle nous mener ? Jusqu’aux flammes de l’enfer ? Probablement.
Le feu est omniprésent dans le récit, le Diable n’est jamais bien loin, prêt à faire griller ceux qui lui sont infidèles. Même les cierges de Lourdes se consumant jour et nuit n’y feront rien.
Le pire étant l’effet papillon. Le lecteur se rend compte avec effroi que chaque geste, chaque parole, chaque agissement peut engendrer des conséquences dramatiques. La plume de l’auteur est fluide, incisive et juste. Les chapitres courts impriment un rythme soutenu, les pages défilent rapidement, tellement le lecteur est pris dans l’histoire et avide d’arriver au bout du chemin…avec Françoise. L’ambiance est anxiogène à souhait. Certains passages relatifs à ce fameux château du village, et du destin oh combien dramatique de ses habitants ajoutent une dimension angoissante supplémentaire.
Les personnages sont riches et superbement bien brossés. Ils sont vecteurs d’émotions hyper fortes pour le lecteur. Dans ma vie de lectrice, je crois que je n’ai jamais détesté un personnage autant que Thérèse. C’était viscéral. Mon instinct de mère a pris le dessus je pense. Comment peut-on infliger tout cela à son enfant ? Jamais une preuve d’amour, une marque d’affection. Du coup, je me suis attachée Françoise. Et je dois avouer que lorsqu’elle a vrillé et que sa vie a pris un tour effrayant, je suis restée fidèle. Je la comprenais. J’avais envie de l’aider, de la prendre par la main. J’ai trouvé cela ambigu.
La même émotion transpirait des protagonistes secondaires. J’ai vraiment été bluffée par l’agilité et l’efficacité avec lesquelles l’auteur nous emmène avec lui à travers ses personnages. On ne lit pas « Les pyromanes », on le vit.
« Les pyromanes » est un roman extrêmement noir, qui nous entraîne dans les méandres d’une famille atypique, qui questionne sur l’éducation, les secrets de famille, l’inceste, des thématiques lourdes ne pouvant laisser le lecteur insensible. Diaboliquement efficace. J’ai pris une belle claque avec cette lecture !
Oserez-vous affronter le feu des Enfers ?
Je remercie les Éditions L’Archipel pour cette lecture.
« Les fantômes étaient jumeaux de l’humanité. Sous toutes les latitudes et à toutes les époques, on en avait rencontré. Chaque génération de vivants avait apporté sa pierre à l’édifice et, bien que la superstition s’essoufflât, les revenants prospéraient. »
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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé. Et le titre m’a intriguée.
Auteur connu : je ne connaissais pas Vincent, il a écrit un premier roman « Le cas Victor Sommer », directement relié aux « Pyromanes ». Je vais le lire prochainement, ayant envie de retrouver cette ambiance et cette plume particulière.
Émotions ressenties lors de la lecture : pitié, révolte, colère, résignation, frustration, espoir, les émotions étaient bien là !
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : la plume, les personnages, le rythme, les rebondissements, la construction, la fin.
Si je suis une âme sensible : tout est psychologique. Mais cela reste une lecture difficile émotionnellement parlant.


Merci beaucoup, Sonia, pour cette magnifique chronique que vous m’offrez !
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