« Okavango » de Caryl FEREY

sonia boulimique des livres

Titre : Okavango

Auteur : Caryl Ferey

Éditeur : Gallimard

Nombre de pages : 544 pages

Formats et prix : broché 21 € / numérique 14.99 €

Date de publication : 17 août 2023

Genre : roman noir

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Engagée avec ferveur dans la lutte antibraconnage, la ranger Solanah Betwase a la triste habitude de côtoyer des cadavres et des corps d’animaux mutilés. Aussi, lorsqu’un jeune homme est retrouvé mort en plein cœur de Wild Bunch, une réserve animalière à la frontière namibienne, elle sait que son enquête va lui donner du fil à retordre. D’autant que John Latham, le propriétaire de la réserve, se révèle vite être un personnage complexe. Ami ou ennemi ? Solanah va devoir frayer avec ses doutes et une très mauvaise nouvelle : le Scorpion, le pire braconnier du continent, est de retour sur son territoire…
Premier polar au cœur des réserves africaines, Okavango est aussi un hymne à la beauté du monde sauvage et à l’urgence de le laisser vivre.

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📚 RENTRÉE LITTÉRAIRE 2023📚 

Cette année, Caryl nous emmène en Afrique australe. Il plante son clavier dans la zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze (KAZA), située entre le Botswana, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe. Avec 440 000 km2, cette zone est la plus grande réserve naturelle de la planète. KAZA englobe 20 parcs ou réserves existantes. Les regrouper en un seul territoire a pour but de faciliter la migration naturelle des animaux et la protection de la flore de plusieurs milieux : la brousse, la savane, des terres humides et boisées. Le fleuve endoréique Okavango traverse cette zone.

J’ai été happée par les paysages et les descriptions fabuleuses. C’est dans le cadre idyllique de la réserve de Wild Bunch que le cadavre d’un jeune homme est retrouvé. Solanah et Seth, deux rangers, sont chargés de l’enquête. Leurs doutes se dirigent rapidement vers John Latham, propriétaire de la réserve.

Le braconnage est massif dans cette région, c’est l’une des plus grande menace pour la biodiversité.

« De l’or à sang chaud pour les mafias du braconnage, qui aujourd’hui en avaient fait le quatrième commerce illégal au monde. »

Certaines scènes ont été compliquées à lire pour moi. Je ne supporte pas la violence envers les animaux. Et Caryl nous montre le côté pile des réserves africaines : le tourisme « chasse au trophée », le braconnage, sans mâcher ses mots. La plume de Caryl, très visuelle, permet au lecteur de s’immerger totalement dans les scènes. Net, précis, riche, j’apprécie énormément le style d’écriture de Caryl. A chaque fois, c’est un vrai bonheur. Le rythme est soutenu, sans temps morts, la structure du récit est implacable, s’articulant entre plusieurs intrigues qui progressent jusqu’à se rejoindre. Hyper bien ficelé. Une toute petite pointe d’humour posée ici ou là donne un peu d’air. Les références musicales sont présentes, comme dans tous les romans de Caryl. La musicalité, que ce soit celle des notes ou celle des mots, résonne dans le cœur du lecteur.

Le travail de recherche titanesque est à souligner, nous sommes à la limite du documentaire. Le contexte géopolitique est décrit avec finesse et précision, apportant un éclaircissement judicieux et une vision d’ensemble, intégrant les volets écologique et humain. Le tout avec une fluidité et une simplicité déconcertante.

« Animaux curieux aux yeux orange, la queue en éventail, les touracos volaient entre la sculpture déstructurée d’un guépard en acier, les plantes grasses et les cactus géants disposés autour du point d’eau. »

Les personnages s’avèrent complexes, Solanah donne tout pour son métier, avec beaucoup d’obstination et de motivation. Son couple ne lui apporte aucune satisfaction, elle trouve donc son équilibre dans la traque des braconniers. John semble bien cacher son jeu, j’ai eu du mal à le cerner, savoir de quel côté il se trouvait.

Tout le roman transpire la colère, aussi bien du côté de ses personnages que du récit. L’homme blanc dicte sa loi partout où il pose ses semelles, méprisant les populations autochtones et les animaux. La quête aux profits se fait au détriment de tout le reste.

« Okavango » est un roman engagé, où Caryl sensibilise son lecteur sur l’importance de la protection de la vie sauvage en Afrique. Un cri du cœur, venu du fond des tripes. Une lecture qui ne peut laisser personne indifférent. Les derniers chapitres se lisent en apnée.

« Okavango » est un bon pavé, mais ne vous inquiétez pas, il se lit tout seul. Vous y trouverez tout ce dont vous avez besoin pour être dépaysés. L’intrigue est bouleversante.

La couverture est absolument superbe.

N’hésitez pas à découvrir la savane à travers les yeux et la plume de Caryl. Vous ne le regretterez pas.

« Le pelage des girafes, aux arabesques uniques, leur servait de code graphique pour s’identifier. En broutant les feuilles les plus élevées, elle facilitaient la pousse des buissons et entretenaient des couloirs accessibles aux autres animaux. Une cible d’autant plus facile que, de nature peu méfiantes, les girafes marquaient un temps d’arrêt avant de s’enfuir. »

#Okavango     #CarylFerey    #Gallimard

Okavango

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Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : attirée par la couverture, puis par l’auteur, le résumé a achevé de me convaincre de partir faire une virée en Afrique.

Auteur connu : retrouvez mes chroniques de « Paz », « Lëd », et plus léger, « Raclée de verts ». J’ai eu la chance de rencontrer Caryl sur plusieurs salons ces dernières années.

Émotions ressenties lors de la lecture : colère, nervosité, mais aussi émerveillement, passion et joie. La palette est vaste !

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : la plume, le contexte, le travail de recherches, l’intrigue, le dépaysement, le message véhiculé, les personnages. 

Si je suis une âme sensible : certaines scènes sont dures. Attention à vous !

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