« Paz » de Caryl FEREY

Informations :

Titre : Paz

Auteur : Caryl Ferey

Éditeur : Gallimard

Nombre de pages : 544 pages

Format  et prix : broché 22 € / numérique 15.99 €

Date de publication : 3 octobre 2019

Genre : thriller

Résumé :

Pour la première fois depuis des décennies, paramilitaires, FARC et narcotrafiquants ont déposé les armes et sont sur le point d’aboutir à un accord de paix. La guerre civile aura laissé derrière elle des milliers de morts et de disparus.
En politicien avisé, Saul Bagader a réussi à s’arroger une place de choix auprès des artisans de la paix. Mais des corps mutilés rappelant les pires heures de la Violencia sont retrouvés aux quatre coins du pays.
Lautaro Bagader, fils de Saul et ancien militaire désormais chef de la police de Bogota, ne sait sur qui porter ses soupçons : narcos, anciens Farc ou paramilitaires opposés au processus de paix ? Il doit impérativement faire cesser l’hécatombe au plus vite, avant que la presse ne s’en mêle, même si, pour cela, il doit ouvrir cette boîte de Pandore qu’est son histoire familiale.

 

Mon avis :

Etes-vous prêt pour un voyage au cœur de la Colombie ? Un aller-simple Paris-Bogota, ça vous tente ? Attention, toutefois, le retour n’est pas au programme.

Pour moi, la Colombie, c’était les cartels de drogue, Medelin, les FARC et Ingrid Betancourt. Caryl m’a prise par la main pour me montrer la vraie Colombie, l’authentique. Une immersion loin des clichés. Une plongée en apnée dans le quotidien des colombiens.

Paz signifie paix. Au moment où la guerre civile a enfin une chance de prendre fin, des cadavres atrocement mutilés surgissent comme par enchantement. Lautaro, chef de la police de Bogota, part à la chasse aux monstres. Les suspects ne manquent pas : la Violencia qui refait surface, les FARC, ou autre cartels de drogue. La tâche est rude.

Pour le lecteur aussi, ce n’est pas de tout repos. Car Caryl ne fait pas dans la dentelle, autant vous prévenir tout de suite. Ce roman est une photographie de ce pays dévasté. Un cours d’histoire et de géopolitique magistral. Rien n’est occulté, c’est sombre, noir, aucun espoir à l’horizon pour le lecteur embourbé dans cette fange inhumaine. On essaye de survivre après chaque page, pas le temps de se remettre de nos émotions que déjà, la prochaine salve nous tombe dessus.

C’est d’un réalisme poignant, on sent bien que Caryl n’a pas simplement potassé des pages sur google, il s’est immergé au plus près des populations, et c’est ce qui donne de la saveur, du cœur et des tripes à ce roman. Caryl arrive à la perfection à nous retranscrire ce qu’il a vécu. Et encore, en édulcorant, c’est ce qu’il nous précise à la fin du roman. Merci pour cette délicate attention Caryl, pas sûre que j’aurai survécu sinon…Ce pays rongé de l’intérieur par la corruption et la drogue n’aura plus de secrets pour nous.

La plume est magistrale, poétique, nette, dense, perturbante. Préparez-vous à être secoués. La fiction et la réalité se fondent pour mieux nous ensorceler.

Les personnages sont tourmentés, au-delà de l’enquête policière, il y a une sombre histoire familiale, dont les tenants et les aboutissants nous tiennent en haleine jusqu’à la fin, terrible et immonde.

Saul, le père de Lautaro, est procureur général et homme politique puissant. Quant à Angel, son frère, il n’est autre qu’engagé auprès des FARC. Fraichement sorti de prison, il vit caché sous une fausse identité. Les femmes ne sont pas en reste, avec Diana, journaliste n’ayant pas froid aux yeux, et Flora, formatrice auprès des FARC. Lautaro sera obligé de remuer le passé familial pour faire la paix avec soi-même et les siens. Encore une histoire de paix….Celle-ci aura peut-être plus de chance d’aboutir, enfin, quoique…

Le rythme est élevé, on a aucun répit, les 500 pages défilent sans qu’on s’en aperçoive, les émotions ne nous lâchent pas, c’est une lecture qui m’a bouleversée. On a bien besoin du café typique, le tinto campesino con panela. Ou d’un truc plus fort, à vous de choisir.

Une lecture que je conseille à tous ceux qui ont le cœur bien accroché.

#carylferey #paz

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En bref :

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le titre « Paz », le fait que l’intrigue se déroule en Colombie. J’avais envie de voir comment Caryl allait nous faire découvrir ce pays.

Auteur connu : j’ai rencontré Caryl plusieurs fois déjà, dont deux fois cette année à la fête du livre de St Etienne et à Sang d’Encre à Vienne, j’avais vu également son intervention à la Grande Librairie. C’est un auteur qui m’a toujours intriguée, que je suivais de loin, mais je n’avais jamais franchi le pas, pourquoi, je l’ignore. C’est chose faite, et je ne le regrette pas !

Émotions ressenties lors de la lecture : je me suis passionnée pour l’histoire de ce pays. J’ai cru mourir de peur et d’angoisse face à ces hommes dont la cruauté est sans limites. J’étais curieuse et avide de connaître le fin mot de l’histoire familiale de Lautaro.

Ce que j’ai moins aimé : rien !

Les plus : la description de la Colombie, que ce soit géographiquement ou politiquement, l’enquête policière bien glauque (oui, j’avoue, j’ai apprécié…), la ténacité des personnages, le fait que Caryl arrive à nous présenter une Colombie, certes vérolée, mais belle, le style d’écriture de Caryl.