Informations 

Titre : Papi Mariole

Auteur : Benoît Philippon

Éditeur : Albin Michel

Nombre de pages : 368 pages

Formats et prix : broché  19,90 € / numérique 13,99 €

Date de publication : 24 février 2024

Genre : polar humoristique

Résumé

« Accrochez vous à vos bretelles, ça va valser. »
« Bon sang de bon soir, mais qu’est-ce que je fous là ? »
À l’entrée du périph, un vieux monsieur, peignoir en velours et chaussons en peluche effilochés, se répète inlassablement cette question. Échappé de son Ehpad, Mariole, tueur à gages, ne se souvient plus de rien, sauf d’une chose : il lui reste une mission à accomplir. Seul problème, il ne sait plus laquelle.
Mathilde, elle, se bourre d’anxiolytiques pour oublier. Victime de revenge porn, jetée en pâture sur les réseaux sociaux, elle se dit que le plus simple est peut-être d’en finir… à moins de faire équipe avec le vieil amnésique venu à sa rescousse : en l’aidant à retrouver la mémoire, Mathilde pourrait se payer une revanche en or.
Après le succès de Mamie Luger, Benoît Philippon nous embarque dans un trip fantasque, drôle et bouillonnant.

Mon avis

Découvrez les aventures hilarantes de Papi Mariole et de Mathilde, dans un road trip touchant et captivant.

Ce roman est un pur délice. Même si le premier chapitre nous indique que tout ne sera pas rose : nous faisons connaissance avec Mathilde, qui a des idées bien noires….Heureusement, on enchaine ensuite avec Mariole, 77 ans, ancien tueur à gage atteint d’Alzheimer. Il erre en robe de chambre à l’entrée du periph’. De retour dans sa chambre à l’EPHAD, au moment d’un éclair de lucidité, Mariole se rend compte qu’il a une mission à accomplir. Laquelle ? Peu importe. Ce dont il est sûr, c’est qu’il doit s’échapper de ce mouroir avant qu’il ne soit trop tard. 

« Il a pris conscience que son esprit allait se décomposer avant lui. Nul besoin de diagnostiquer le syndrome : Alzheimer, sénilité, date de péremption du vieillard. »

La construction alterne les chapitres mettant Mariole en scène, et ceux nous parlant de Mathilde. La jeune femme, 35 ans, célibataire à la recherche du grand amour sur une appli de rencontre, se retrouve victime de revenge porn. La vidéo de ses ébats, censée restée privée, est dévoilée sur le net. 

Ces deux-là vont finir par se rencontrer et décident de faire équipe, puisqu’ils ont tous deux une vengeance à accomplir. Vous visualisez le duo de choc ? Si je vous dis qu’ils sont un trio, puisque Madame Chonchon les accompagne partout, le groin en l’air ? Oui, le groin, vous avez bien lu. Madame Chonchon est une truie. Dans sa fuite, Mariole a récupéré deux ou trois bricoles, dont son cochon domestique, sa veille voiture, un dossier contenant des indices pour sa mission.

« Le duo contourne l’établissement en toute discrétion – si on peut parler de discrétion quand on se balade avec un cochon. Mathilde fait le guet à la fenêtre.

-Tout va bien ?

Mariole se frotte le menton, perplexe.

-Ca dépend. Vous avez déjà aidé une truie à escalader une fenêtre, vous ? »

Au fil des pages, le lecteur découvre les aventures et les péripéties de nos personnages, ainsi que les relations qu’ils vont nouer. Car malgré leurs différences générationnelles, Papi Mariole et Mathilde vont apprendre à se comprendre et s’apprécier. 

L’humour est certes, présent (ce qui fait un bien fou !), « Papi Mariole » reste néanmoins extrêmement touchant. Il explore des thèmes graves, tels la vie en EPHAD, la vieillesse, Alzheimer et ses ravages. Mais aussi le féminisme, les dérives des réseaux sociaux, le cyberharcèlement, le revenge porn. L’humour n’est donc que l’enrobage de ce roman. La lecture de « Papi Mariole » offre une réflexion enrichissante et profonde sur la vie et son sens. 

Les passages relatifs à Alzheimer m’ont beaucoup émue. Sans filtre mais avec de la retenue, Benoît nous place face à cette terrible maladie qui ne laisse aucune chance. Si les absences de Mariole et la manière de Mathilde pour lui faire raccrocher les wagons peuvent prêter à sourire, cela reste néanmoins terrifiant. 

Benoît nous emporte dans une folle épopée, pleine de vie et d’émotions. Il mélange habilement l’humour et le réalisme. Sa plume est fluide, drôle, captivante. Il maintient son suspense jusqu’au bout. Même si la « mission » de Mariole n’est qu’un prétexte, le lecteur se prend à espérer qu’il réussira à la mener à son terme avant de perdre définitivement la boule. 

J’ai ressenti un léger essoufflement arrivée aux trois-quarts du roman, un petit côté too much qui m’a chagrinée, mais qui n’a pas duré bien longtemps, fort heureusement.

Un mot de la fin, à la hauteur du reste, où Benoît dévoile tout son talent pour nous émouvoir, pour nous arracher des larmes et un sourire au même moment. Chapeau !

« Papi Mariole » est un roman drôle et émouvant, aux personnages riches en nuances. Je vous conseille cette lecture, c’est une bouffée d’air frais !

« -Bon sang de bonsoir, mais qu’est-ce que je fous là ?

Un soubresaut de conscience dans sa caboche en forme de passoire tout juste bonne à égoutter les nouilles. Un récipient poreux où végète son cortex en charpie, mâchouillé par un charognard hargneux : la vieillesse. »

#PapiMariole   #BenoîtPhilippon   #AlbinMichel

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur et la couverture ! 

Auteur connu : j’ai pu rencontrer Benoît il y a deux ans au Salon des Gueules Noires du Polar et aux Quais du Polar. Retrouvez la chronique de « Mamie Luger« .

Émotions ressenties lors de la lecture : envie, peur, tristesse, colère, compassion, admiration, joie. 

Ce que j’ai moins aimé : ce léger essoufflement, mais rien de bien notoire.

Les plus : les personnages, les sujets, la plume, l’humour, la fin.

Si je suis une âme sensible : RAS