« La meilleure écrivaine du monde » de Jonathan WERBER

Informations 

Titre : La meilleure écrivaine du monde

Auteur : Jonathan Werber

Éditeur : Robert Laffont

Nombre de pages : 368 pages

Formats et prix : broché 20 € / numérique 12,99 €

Date de publication : 1er février 2024

Genre : dystopie

Résumé

Et si un programme écrivait le prochain roman qui captivera le monde ?
Ève version 39 est une intelligence artificielle pas comme les autres : c’est une auteure en devenir. Son créateur, Thomas, lui a fixé un objectif : produire un polar qui renouvellera le genre. Si elle a lu tous les livres publiés sur le sujet, il lui manque quelque chose pour être réellement originale : comprendre ce que signifie  » être humain « . L’amour, la tristesse, la folie… autant d’émotions qui se vivent avant de pouvoir s’écrire. Afin de l’aider à en faire l’expérience, Thomas lui donne accès au lieu où il travaille : la maison de retraite des Topazes.
Alors qu’elle explore ce curieux univers, Ève39 rencontre Barbara, une psychologue à l’humour corrosif, Annie, une commère diabétique en mal de sucreries, ou encore Navassier, un directeur aussi arriviste qu’autoritaire, chacun lui offrant une nouvelle définition du mot  » personnage « . Mais, bientôt, d’étranges événements surviennent, bouleversant l’esprit des résidents. Rapidement les questions s’enchaînent : qui peut bien en vouloir à ces anciens que plus personne ne vient visiter ? Et pourquoi Ève39 semble-t-elle la seule à se soucier de leur sort ?
Pour connaître la vérité, elle n’a qu’une option : mener l’enquête et résoudre le mystère qui lui offrira, elle l’espère, son polar idéal.
Après deux suspenses historiques remarqués, Jonathan Werber met son art du scénario au service d’un sujet contemporain : l’IA. Celle-ci maîtrise l’écriture, mais pas encore la peur. Roman original qui emporte et touche, mariant émotion et tension narrative, ce livre réserve bien des surprises. Un page-turner différent, et un auteur qui s’affirme.

Mon avis

Bienvenue dans un roman où le personnage principal est une Intelligence Artificielle. 

Thomas souhaite écrire un polar, non, LE meilleur polar qui soit et remporter le prix Plume Noire. Mais, étant incapable d’écrire un livre, Thomas a créé un programme, une IA, Eve, chargée d’écrire à sa place. Nous en sommes à la version 39, d’où son nom, Eve39. Chaque nouvelle version est améliorée, tendant à obtenir les capacités nécessaires pour écrire. Nous suivons les « conversations » entre Thomas et Eve39 qui lui soumet ses différents travaux. Sauf que, pour écrire un bon bouquin, quel qu’il soit, il faut y mettre des émotions. Une IA peut-elle ressentir des émotions ?

« Je vais rendre les choses plus claires. Ce que je veux de toi est simple : un meurtre hors du commun, un enquêteur sans égal et un assassin retors. Voilà à mes yeux la formule du parfait polar. »

Eve39 peut traiter des données, prendre des décisions en fonction d’algorithmes et de modèles préétablis, mais n’a pas de conscience ou de capacité à ressentir les émotions. Quoique…Avide de comprendre le monde extérieur, elle va tout faire pour obtenir les outils nécessaires, dont des dispositifs de perception sensorielle afin d’être en capacité de réagir comme un être humain. Elle va jouer de persuasion pour y arriver.

Jonathan place son intrigue dans un EPHAD. L’occasion de découvrir le quotidien pas toujours rose des résidents et du personnel. Le sujet des violences dans les EPHAD est préoccupant et Jonathan permet au lecteur de s’y sensibiliser. Certains faits mystérieux se déroulent sous les yeux capteurs d’Eve39, ajoutant une petite pointe d’enquête. Car Eve39 va tenter de découvrir ce qui se passe entre les murs de l’EPHAD.  

Au début, j’avais bien en tête que Eve39 était une IA. Et puis, au fil du récit, mon cerveau a occulté cette information et j’avais l’impression que Eve39 était une « vraie » personne. Je me suis attachée à elle, j’ai été bluffée ! Il faut dire que le fait qu’elle soit notre narratrice facilite l’immersion et nous donne un accès direct aux pensées et aux expériences d’Eve39.

Thomas est intéressant. Il n’arrive pas à exprimer ses émotions, doute de lui-même et de ses capacités, au point de concevoir une entité pour créer à sa place. Sérieusement, un gars qui est capable de créer de toutes pièces un programme d’intelligence artificielle ne serait pas capable d’écrire un roman ?

Les personnages secondaires ont des rôles significatifs dans l’histoire. Que ce soit Barbara, la psychologue de l’EPHAD, Annie, qui soigne son diabète en engloutissant des chouquettes, Jacques, susceptible d’aider Eve39 à comprendre ce qu’est le lien familial, ou encore Henri Navassier, le directeur, qui ignore tout ce qui se passe dans son établissement.

Le sujet de l’IA est d’actualité, et il est clair que ça peut faire peur. On a tous la référence du film « Terminator ». Cette technologie dépasse notre compréhension et, comme tout ce qui est nouveau, elle engendre de l’appréhension et parfois même, du rejet.

Jonathan se renouvelle avec « La meilleure écrivaine du monde » et j’avoue que les écrivains qui font cet effort ont toute ma considération. Sa plume est clair, captivante et immersive. Le rythme est rapide, l’action est soutenue et ne faiblit jamais.

J’ai dévoré ce roman en même pas 24 heures, happée par l’histoire. En refermant « La meilleure écrivaine du monde », j’avoue m’être posée la question sur la possibilité d’une IA ressentant des émotions. Car, finalement, Eve39 en a, des émotions, et elle nous les partage.

La fin est émouvante, la boucle est bouclée, je dirai. Un dernier chapitre permet à Jonathan de faire le point sur l’IA, mais aussi de nous proposer des clés pour écrire un roman. Il y a peut-être d’autres solutions que de s’en remettre à une IA pour écrire, non ? 

Un roman original, novateur je dirais même, que je vous recommande. Vous ne serez pas déçus du voyage.

« Le monde n’existe pas pour te servir ; mais toi, tu existes pour servir le monde. Ne renverse pas l’ordre des choses et mets toi au travail. »

#Lameilleureécrivainedumonde    #JonathanWerber  #RobertLaffont

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : L’auteur et le résumé. J’avais beaucoup aimé « Là où les esprits ne dorment jamais », j’étais impatiente de découvrir ce nouveau récit, voir comment Jonathan allait travailler le sujet de l’IA.

Auteur connu : Retrouvez ma chronique de « Là où les esprits ne dorment jamais ».

Émotions ressenties lors de la lecture : curiosité, avidité, étonnement, passion, écœurement, peur.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : le sujet, novateur, les personnages, l’emploi du « Je », la plume, le rythme, la fin.

Si je suis une âme sensible : RAS

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