« Salverney » de Jean-Michel LEBOULANGER

Informations 

Titre : Salverney

Auteur : Jean-Michel Leboulanger

Éditeur : M+ Éditions

Nombre de pages : 334 pages

Formats et prix : poche 8.80 € / numérique 7.99 €

Date de publication : 24 octobre 2024

Genre : thriller psychologique

Résumé

Le reporter photographe Ian Debaeker débarque sur l’île de Salverney où, quelques mois plus tôt, sa fille a été retrouvée morte sur les rochers.

Persuadé qu’il s’agit d’un meurtre, Ian cherche un coupable parmi les habitants si paisibles de Salverney.

Peu à peu, il y découvre des secrets inavouables.

Et s’ils étaient tous coupables ?

Ian sera leur pire cauchemar.

Mon avis

Une virée sur une île anglaise, ça vous tente ? Les embruns, la nature, les îliens ? Arf, et un mystère accompagné de meurtres aussi. 

Salverney, île anglo-normande située non loin de Jersey. Ne cherchez pas, Salverney sort tout droit de l’imagination de Jean-Michel. Pourtant, il nous la décrit si bien ! Il dose parfaitement le contraste entre la beauté des paysages et la noirceur des éléments.

Ian Debaeker, journaliste, débarque sur cette île, non pas pour faire du tourisme ou un reportage photo. Non, il veut faire la lumière sur la mort de sa fille, Coralie, survenue à Salverney. Si la police a conclu à un malencontreux accident, Ian, lui, est persuadé que Coralie a été assassinée. Comment, en effet, expliquer le fait que le cœur de la jeune femme ait disparu, les artères proprement tranchées ?

« J’en suis donc venu à me demander si on ne l’avait pas assassinée parce qu’elle avait eu connaissance de quelque chose qu’elle n’aurait pas dû savoir. »

Les insulaires sont méfiants envers les étrangers et conservent jalousement les secrets de Salverney. Mary Ramsey propose un B&B aux rares touristes, Jimmy Berney, l’informaticien alcoolique, débauché, dragueur, mais à qui on pardonne ses écarts pour pour pouvoir bénéficier d’internet sur l’île. Ellen O’Neil et Brian. Rebecca, la serveuse du pub, l’endroit stratégique de l’île. Matthew Le Roux, le propriétaire de la seule supérette de l’île, et le vieil Odin, son père, passionné par les Vikings, qui perd un peu la boule.

« L’âge…C’est un phénomène connu dans les îles, à cause de la consanguinité, l’alcool, l’isolement. On a tous nos monstres… »

Salverney est un personnage à part entière de ce roman. Hostile, menaçante, son isolement apporte une idée de confinement. Jean-Michel exploite cet éloignement pour accentuer la tension de son intrigue. Dès le départ, je me suis sentie oppressée, limite claustrophobe. L’ambiance est poisseuse à souhait.

L’île de Salverney amplifie les conflits entre les personnages. Ce microcosme est juste fascinant. Tout le monde se connaît, détient les petits secrets des uns et des autres, les dynamiques sociales sont exacerbées par le fait de vivre sur une île. L’atmosphère est totalement anxiogène. Les paysages deviennent rapidement un élément essentiel du suspense. La mer rejette des corps, sans pitié. Par-delà les falaises escarpées et les tempêtes, des drames se nouent.

Le récit est tendu, captivant, où l’environnement renforce l’intrigue et où chaque recoin de l’île peut devenir le théâtre d’un mystère ou d’une menace.

« Menton sur les genoux, il écouta le ressac de la mer sur les rochers en contrebas. Les vagues tapaient sans se lasser, brutales, hargneuses, toujours en furie, ne pouvant assouvir une colère sans cesse renouvelée. »

Tous les personnages sont attachés à Salverney et à ses traditions. Protecteurs et possessifs, certains accueillent Ian avec une apparente bienveillance qui peut cacher une hostilité bien réelle. Matthew est un personnage énigmatique et ambigu. C’est lui qui détient le pouvoir sur Salverney, il symbolise le côté ancestral et mystérieux de l’île.

Rebecca sera le seul soutien de Ian. Elle représente la dualité de l’île. Odin, lui, incarne les superstitions locales. Il crée un climat de mystère et d’étrangeté et rappelle à Ian que l’île a ses propres codes et sa propre logique. Ce réseau complexes de personnages amènent une tension intéressante et captivante. J’ai adoré la façon dont Jean-Michel compose chaque personnage, avec finesse, loin d’être avare de détails. J’avais l’impression de les connaître depuis des années, ressentant leurs doutes, leurs joies, leurs questionnements.

La plume de Jean-Michel est fluide, envoûtante, rythmée. Les rebondissements tiennent en haleine, car même si l’intrigue avance relativement doucement, la tension latente accroche le lecteur et ne le lâche pas.

Ian mène son enquête discrètement, il va se lier, ou pas, avec les habitants, fouiner, remuer la fange et comme il le dit bien, « foutre la merde ». J’ai bien tenté de l’aider, mais, à part soupçonner tout le monde, je n’ai rien réussi d’autre…La fin tient ses promesses, j’étais à mille lieues d’un tel dénouement.

J’ai passé des heures de lecture à explorer Salverney, ressentant le vent, l’odeur de l’océan, la chaleur du soleil. J’ai apprécié chaque description, chaque nuance de couleur ou de lumière. Un moment de calme qui fait du bien.

Je vous recommande ce roman si vous recherchez une évasion totale, une coupure du quotidien et une atmosphère soignée.

Un grand merci aux Éditions M+ et à Nelly pour cette lecture.

« L’île était belle, gaie. Un vrai coin de paradis. Exactement comme on la lui avait décrite. Fallait-il croire les apparences ? Était-ce un simple vernis ? Ou bien fallait-il gratter en profondeur pour voir la réalité cachée ? »

#Salverney   #JeanMichelLeboulanger   #M+Éditions

Salverney

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : le résumé et la couverture.

Auteur connu : retrouvez mes chroniques de « L’argent du diable » et de « Dragon blanc »

Émotions ressenties lors de la lecture : anxiété, angoisse, fascination, curiosité.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’ambiance, la richesse des personnages, la plume, la fin. 

Si je suis une âme sensible : pas de soucis, vous pouvez y aller.