« Et chaque fois mourir un peu tome 2 » de Karine GIEBEL

Informations 

Titre : Et chaque fois mourir un peu – tome 2 : Trauma(s)

Auteur : Karine Giebel

Éditeur : Récamier

Nombre de pages : 840 pages

Formats et prix : broché 24 € / numérique 14.99 €

Date de publication : 10 octobre 2024

Genre : roman psychologique

Résumé

Après des années sur le front sans arme ni gilet pare-balle, après des années à soigner les autres au péril de sa vie sous l’égide de la croix rouge internationale, après avoir pris de plus en plus de risques jusqu’au risque de trop, une autre guerre attend Grégory.
Lors d’une dernière mission en Afghanistan les rôles s’inversent : les humanitaires deviennent des cibles.
Après tous les combats qu’il a menés, Grégory va devoir sauver sa propre vie et celle de ses collègues.

Mon avis

Une descente en enfer… et au-delà…

Karine Giebel nous offre avec ce second tome de « Et chaque fois mourir un peu » une suite captivante et bouleversante. Si « Blast » a été un coup de cœur pour moi, cette suite, bien que marquée par quelques longueurs, m’a profondément touchée. Je suis passée tout près du coup cœur. Une lecture intense, qui interroge autant qu’elle captive, qui restera parmi mes meilleures lectures de l’année, c’est certain.

Nous retrouvons Grégory, l’infirmier humanitaire dont la vocation a déjà coûté bien plus qu’elle n’a rapporté. Il est toujours accompagné par son collègue et ami de toujours, Paul, chirurgien. Après des années à soigner les autres dans des zones de guerre, ils se retrouvent en Afghanistan, où tout bascule. Enlevés par les talibans, ils sont plongés dans un cauchemar sans fin. Détention, tortures, privations et meurtres deviennent leur quotidien. La description que fait Giebel de leur calvaire est à la fois glaçante et poignante, un témoignage fictif qui semble pourtant si réel. J’ai passé toute cette partie en apnée. Les chapitres sont les décomptes des jours terrifiants que Grégory et Paul ont vécu.

« Ne pas bouger, ne pas parler. Ne pas savoir où l’on se trouve. Si l’on va vivre ou mourir. Ne pas savoir comment et quand cela finira. »

Grégory finit par s’échapper, une lueur d’espoir dans cet enfer. Mais ce n’est qu’un répit de courte durée (on connaît Giebel, il faut toujours s’attendre au pire avec elle, elle ne fait pas de cadeau). De retour en France, une nouvelle tragédie fait s’effondrer le fragile équilibre qu’il essayait de maintenir. Ce retour est d’une brutalité émotionnelle incroyable : alors qu’on espérait le voir se reconstruire, c’est une nouvelle descente en enfer qui s’amorce.

Ce qui frappe dans ce roman, c’est l’audace de la construction narrative. Karine brouille les frontières entre réalité et illusion, entre passé et présent. Je ne peux pas vous en dire plus, je ne veux surtout pas spoiler ni vous gâcher le plaisir de la découverte. Tout ce que je peux vous confier, c’est que Karine plonge le lecteur dans la psyché de Grégory de manière encore plus oppressante. On se perd avec lui dans ses souvenirs altérés, dans sa perception déformée de la réalité. De quoi devenir dingue. Terriblement efficace et surtout addictif. Il y avait des moments où je n’ai pas pu lâcher ma lecture.

Le véritable tour de force de ce roman réside dans le travail de Karine sur la psychologie de ses personnages. Grégory est à la fois une victime et un survivant, un homme qui a tout donné pour les autres au détriment de sa propre santé mentale. Sa lutte contre ses démons intérieurs, sa manière de rationaliser l’irrationnel, et ses souvenirs sont décrits avec une justesse impressionnante.

Le stress post-traumatique est au cœur de cette œuvre, traité avec une profondeur et une sensibilité qui témoignent du travail de recherche colossal de l’auteure. À travers Grégory, c’est une plongée vertigineuse dans l’esprit d’un homme brisé, où la frontière entre la folie et la lucidité est parfois imperceptible.

L’autre force de ce roman réside dans les relations humaines profondément touchantes, et en particulier celle qui unit Grégory et Paul. Leur amitié est décrite avec une justesse remarquable, mettant en lumière non seulement l’importance de la solidarité dans l’adversité, mais aussi la vulnérabilité des héros humanitaires, souvent idéalisés. Ce duo incarne une humanité déchirante et authentique, rendant leur histoire encore plus bouleversante pour le lecteur.

« La vie est faite de séparations cruelles. »

Si ce tome m’a moins emporté que le premier, c’est en partie à cause de certaines longueurs dans la narration. Mais, avec le recul, je me rends compte que cette gestion du temps était plus que pertinente : elle reflète la spirale psychologique dans laquelle Grégory est enfermé : chaque instant devient une épreuve, une lutte pour ne pas sombrer dans la folie face à l’horreur et au désespoir.

Ce rythme volontairement ralenti crée un écho troublant avec l’état d’esprit de Grégory, qui doit affronter non seulement des situations de crise, mais aussi les ravages intérieurs d’un stress post-traumatique dévastateur. Le lecteur partage alors son quotidien, où chaque minute semble s’étirer, alourdie par le poids de ses souvenirs et de ses émotions.

Karine excelle à nous plonger dans cette temporalité étouffante, renforçant ainsi l’empathie que l’on éprouve pour Grégory. Mais, paradoxalement, cette lenteur peut aussi mettre à l’épreuve le lecteur. Certaines longueurs dans la narration m’ont donné l’impression de m’enliser, d’être pris dans une boucle où chaque tentative de progression est contrecarrée, comme pour mieux nous faire ressentir l’impossible échappatoire de Grégory.

La plume de Karine est d’une précision chirurgicale et d’une puissance émotionnelle brute. Elle ne s’embarrasse pas de fioritures inutiles : chaque mot semble pesé, chaque phrase taillée pour frapper juste, parfois même là où ça fait mal. Cette manière de décrire les émotions, les paysages, et surtout les zones de guerre, nous plonge dans un univers aussi réaliste que bouleversant.

« Quel est donc cet animal qui massacre, non pas pour se nourrir, mais pour une parcelle de territoire, un morceau de pouvoir, pour s’approprier les richesses de son prochain, même si elles ne sont pas vitales ? Qui tue parce qu’il ne supporte pas la différence, parce qu’il croit en des légendes tenaces et sans fondement ? »

Karine démontre une fois de plus son talent pour explorer les zones d’ombre de l’âme humaine. Elle livre un roman puissant et audacieux, où le lecteur est invité à s’interroger sur la résilience, la folie, et les limites de l’humanité.

Et là où Karine m’a le plus surpris, c’est concernant la fin. Là aussi, je ne peux rien dévoiler, mais honnêtement, j’ai eu du mal à m’en remettre.

Ce livre est un véritable ascenseur émotionnel. On passe de l’effroi à la compassion, de la colère à une profonde tristesse. À travers Grégory, on ressent l’impuissance face aux injustices, l’épuisement d’un homme confronté au pire de l’humanité, mais aussi les rares instants de lumière qui lui permettent de continuer. Certains passages m’ont littéralement noué la gorge, tandis que d’autres m’ont laissé un sentiment de vide. C’est une lecture qui marque, qui hante, et qui laisse une trace bien après avoir refermé le livre.

Si vous avez aimé le premier tome, ce second volet est une lecture incontournable. Préparez-vous cependant à une plongée sans filet dans un abîme émotionnel. Karine Giebel nous rappelle que, parfois, la plus grande des batailles est celle que l’on mène contre soi-même.

« -Il y a beaucoup d’étoiles dans ton ciel, dit-il.

-C’est parce qu’il y a beaucoup de morts dans ma vie. »

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteure. Karine est l’une de mes meilleures valeurs sûres. Et puis, j’attendais impatiemment de découvrir la suite des aventures de Grégory.

Auteur connu : retrouvez ma chronique du tome 1. Et ici la page regroupant toutes les chroniques des romans de Karine.

Émotions ressenties lors de la lecture : empathie, peur, terreur même, colère, révolte, tristesse, espoir. 

Ce que j’ai moins aimé : quelques longueurs, nécessaires, mais qui m’ont empêchées d’avoir un coup de cœur pour ce roman.

Les plus : le travail de recherches, le réalisme des situations, l’analyse psychologique, les personnages.

Si je suis une âme sensible : fuyez. Ce n’est même pas la peine de tenter. Cette lecture est terrifiante.

8 réflexions sur “« Et chaque fois mourir un peu tome 2 » de Karine GIEBEL

  1. Bonjour. Merci de nous avoir averti. Effectivement si nous sommes une personne sensible ou à fleur de peau, mieux vaut passer notre chemin.

    pour mon cas je risque d’en faire des cauchemars, donc ce livre ne sera pas dans la liste que je fais à chaque fois que tes résumés m’intéressent.

    passe un bon week-end et prend soin de toi.

    Domi

    Aimé par 1 personne

    1. Coucou Domi. Je trouve essentiel de prévenir les lecteurs lorsqu’un livre, en particulier un thriller, contient des passages susceptibles de heurter. Tout le monde n’a pas la même sensibilité, et je veux que chacun puisse profiter pleinement de ses lectures sans être pris au dépourvu. Je pense toujours à toi lorsque je rédige cette partie ! Bon dimanche, grosses bises.

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