Informations
Titre : Bastion
Auteur : Jacky Schwartzmann
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 304 pages
Formats et prix : broché 19.90 € / numérique 13.99 €
Date de publication : 14 mars 2025
Genre : polar politique
Résumé
Lorsque Jean-Marc Balzan, vieux garçon sans enfant, prend enfin sa retraite, il est persuadé qu’il va se la couler douce. Petits restos, voyages, la liberté, quoi. Mais c’est compter sans Bernard, son plus vieil ami. Ils sont potes à la vie à la mort depuis l’école maternelle. Et ce que Jean-Marc fait de mieux dans la vie, c’est rattraper les conneries de Bernard. Ce dernier est sympa, il peut faire preuve d’intelligence, mais il est aussi capable d’être très con. Aussi, lorsqu’il s’engage dans l’équipe de campagne d’Éric Zemmour pour la présidentielle de 2027, Jean-Marc craint le pire.
Soucieux de protéger Bernard, Jean-Marc s’enfonce insidieusement dans la mouvance d’ultradroite lyonnaise. Il rencontre des néonazis amateurs de voitures de collection, des gendarmes qui veulent faire de lui une balance, des entrepreneurs véreux, des ultras qui fomentent un attentat, des maires de village sans étiquette, et même Éric Z himself.
Bref, c’est l’histoire d’une retraite bien pourrie.
Mon avis
Une critique sociale acérée.
Jean-Marc Balzan pensait que sa retraite serait synonyme de sérénité et de liberté. Mais c’était sans compter sur Bernard, son ami d’enfance, qui a le don de l’embarquer dans les situations les plus absurdes. Lorsque ce dernier rejoint l’équipe de campagne d’Éric Zemmour pour l’élection présidentielle de 2027, Jean-Marc sent venir la catastrophe. Il se retrouve peu à peu aspiré dans un monde où se croisent néonazis amateurs de belles cylindrées, entrepreneurs véreux et policiers aux intentions douteuses.
Le roman repose sur ce glissement insidieux : comment un homme sans histoire, foncièrement détaché de l’engagement politique, peut-il se retrouver au cœur d’un réseau radicalisé ? Jacky parvient avec brio à raconter cette immersion avec un ton qui oscille entre le burlesque et le tragique, évitant toute lourdeur didactique.
« Bastion » est une critique acerbe de la politique contemporaine et des mouvements extrémistes. Jacky n’y va pas avec le dos de la cuillère : il dépeint un univers où la compromission et la bêtise se disputent l’ambition et le cynisme. Loin de toute caricature simpliste, il montre des personnages complexes, parfois drôles malgré eux, souvent pathétiques, toujours crédibles.
Les dialogues fusent avec une ironie tranchante, les situations absurdes s’enchaînent avec un réalisme glaçant, et l’auteur prend un malin plaisir à égratigner autant les figures politiques que les petites magouilles de province. Il livre un portrait sans concession d’une France en proie aux extrêmes, où l’opportunisme règne en maître.
J’ai pris un immense plaisir à lire « Bastion », tant pour son humour mordant que pour sa lucidité implacable. J’ai ri face aux situations ubuesques et aux dialogues ciselés, mais j’ai aussi ressenti un certain malaise en voyant Jean-Marc glisser, presque malgré lui, dans un univers aussi inquiétant que réaliste. L’auteur parvient à équilibrer légèreté et gravité, rendant la lecture aussi divertissante que percutante. Chaque page réserve son lot de surprises, et jusqu’au bout, je me suis laissé embarquer par cette histoire de retraite qui vire au cauchemar. « Bastion » est un roman aussi intelligent que jubilatoire, qui m’a tenue en haleine du début à la fin.
Les scènes où Jean-Marc se retrouve malgré lui impliqué dans des événements rocambolesques, entre réunions clandestines et interactions improbables avec des figures d’ultradroite, sont autant de moments où le rire masque à peine un sentiment de malaise face à la réalité décrite.
« Le plus important dans les déclarations politiques, ce n’est pas ce que les mecs disent, c’est ce qu’ils taisent. »
Si « Bastion » dénonce sans ambiguïté la montée des extrêmes, il évite le piège du roman à thèse. Jacky préfère la dérision au prêche, le regard acéré à la démonstration lourde. Son propos est clair : il s’agit de montrer les rouages d’une radicalisation insidieuse, la porosité entre différentes sphères du pouvoir, et la facilité avec laquelle on peut basculer dans des logiques inquiétantes. Mais il le fait sans jamais sacrifier le plaisir du lecteur, en proposant une intrigue rythmée, des personnages hauts en couleur et une écriture vive.
« – Non, pas doucement ! TU m’as envoyé au charbon. Je me suis retrouvé dans une situation sans alternative. J’y suis allé parce que pas le choix. Donc maintenant, tu vas me changer ton petit regard d’instit là, et tu vas me respecter ! »
Jacky nous offre un roman aussi hilarant que glaçant, un polar politique qui allie intrigue captivante et regard acerbe sur notre époque. Son humour décapant et son sens aigu de la satire en font une lecture aussi divertissante que percutante. Un livre à mettre entre toutes les mains, sauf peut-être celles de Bernard…
Je remercie la Masse Critique Babélio et les Editions Seuil pour cette lecture.
« La question qui me vient à l’esprit est la suivante : que se passe-t-il dans la tête du rédac chef de BFMTV lorsqu’il estime que, oui, cet homme a des choses pertinentes à nous apprendre sur la situation du pays ? La vérité est que c’est un lobbyiste pour les pauvres. »
#JackySchwartzmann #Seuil #Bastion

En bref…
Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : l’auteur ! Jacky est connu pour ses romans satiriques et engagés, et j’aime son style mordant. Le résumé promettait une plongée grinçante et captivante dans les coulisses de l’ultradroite, un sujet à la fois d’actualité et rarement traité sous cet angle.
Auteur connu : j’apprécie beaucoup les romans de Jacky. Retrouvez mes chroniques de « Pension complète », « Shit », « Kasso », et la sérié BD « Habemus Bastard ».
J’ai eu la chance de rencontrer Jacky plusieurs fois, la dernière étant aux Gueules Noirs du Polar de novembre dernier.

Émotions ressenties lors de la lecture : amusement, joie, curiosité, fascination, malaise, inquiétude, angoisse.
Ce que j’ai moins aimé : RAS
Les plus : la plume, l’humour, les personnages, la critique sociale.
Si je suis une âme sensible : RAS

Je viens juste d’acheter « Shit » ce matin . Un auteur que je me réjouis de découvrir . J’ai adoré les 5 romans de Benoît Philippon et cela me semble dans la même veine! Belles lectures! Zoé
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Bonne lecture alors ! 😊 Si vous avez aimé les romans de Benoît Philippon, il y a de grandes chances que « Shit » vous plaise aussi. J’ai hâte d’avoir votre retour dessus une fois terminé !
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Il va falloir que je le lise ! merci Sonia, ou pas ! ahaha 😁 Ma PAL fait le gueule ! 😜
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Mdr ! Bonne lecture (cela fait des années que ma PAL est en PLS !)
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