« L’ultime avertissement » de Nicolas BEUGLET

Informations 

Titre : L’ultime avertissement

Auteur : Nicolas Beuglet

Éditeur : XO

Nombre de pages : 301 pages

Formats et prix : broché 21.90 € / numérique 13.99 €

Date de publication : 19 septembre 2024

Genre : thriller

Résumé

Dans le véhicule qui la conduit vers les Appalaches, Felicia sourit en observant les sommets enneigés. La jeune experte en art a été invitée à étudier trois objets de la fabuleuse collection des Castelmore.
Mais quand elle arrive au manoir de la célèbre famille, son sang se glace : Felicia doit en réalité enquêter sur d’inexplicables disparitions humaines.
Épaulée par Armand, un ancien flic devenu prêtre, elle se lance alors dans une course haletante sur la piste d’un mystérieux groupe se faisant appeler les Sentinelles.
Traqué à mort par des ennemis aussi intelligents que puissants, le duo n’a pas le choix : pour échapper au pire, Felicia et Armand devront entendre l’ultime avertissement lancé par ceux qui ont vu l’impensable.

Mon avis

Un auteur qui repousse sans cesse les limites.

À chaque nouveau roman, Nicolas Beuglet nous invite à franchir les frontières du réel. Il aime explorer les grandes questions humaines en s’appuyant sur des recherches approfondies, tout en distillant une tension narrative constante. Avec « L’ultime avertissement », il poursuit dans cette veine, mêlant faits scientifiques, mystères historiques et hypothèses audacieuses. L’auteur propose une histoire haletante où les certitudes du lecteur sont régulièrement bousculées. Comme souvent chez lui, on sent un énorme travail d’investigation en amont, ainsi qu’une volonté de donner à l’intrigue une assise crédible, même lorsque le sujet prend une tournure plus ésotérique.

Une mise en place laborieuse

Malgré tout, j’ai eu du mal à entrer dans ce roman. L’histoire débute pourtant de manière intrigante : Felicia, jeune experte en art, est conviée à étudier quelques pièces rares au cœur des Appalaches. Mais rapidement, la mission se transforme : il ne s’agit plus d’une étude d’objets, mais d’une enquête sur d’étranges disparitions. Si le décor était prometteur, j’ai ressenti une certaine lassitude face à des répétitions dans l’écriture, qui ralentissaient le rythme et diluaient la tension. J’ai même envisagé de ne pas poursuivre ma lecture, tant l’accroche tardait à vraiment s’installer.

Une intrigue qui dérive vers la science-fiction

L’intrigue prend un virage inattendu vers un registre très science-fictionnel, flirtant avec l’idée d’une présence extraterrestre. J’ai été complètement désarçonnée. Non pas que je sois fermée à ce genre de thématique, mais je ne lis pas du thriller pour finir avec des petits bonhommes verts. Je reste très rationnelle, trop peut-être…De plus, cette orientation m’a paru en décalage avec l’ambiance installée au départ. J’ai eu du mal à adhérer pleinement à cette nouvelle dimension, qui donnait au récit un aspect parfois invraisemblable. Cependant, en m’accrochant, j’ai fini par retrouver une dynamique de lecture plus fluide, portée par l’énergie de la fuite et de la course contre la montre imposée par Nicolas.

Un duo de personnages attachant

Si l’intrigue a parfois peiné à me convaincre, j’ai en revanche apprécié le tandem formé par Felicia et Armand. Ce duo improbable (une jeune experte en art et un ancien flic devenu prêtre) fonctionne étonnamment bien. Chacun apporte à l’autre ce qui lui manque : pragmatisme pour Felicia, foi et recul pour Armand. Leur complémentarité dynamise l’histoire et rend leurs interactions souvent justes et humaines. On sent aussi que, derrière leurs différences, ils partagent une même quête de vérité et une volonté farouche de comprendre l’incompréhensible. Ce binôme est sans doute l’un des éléments qui m’a donné envie de continuer ma lecture malgré mes doutes.

Une réflexion sous-jacente sur la connaissance et l’humanité

Derrière l’apparente extravagance du scénario, Nicolas propose tout de même des pistes de réflexion intéressantes. Le roman questionne notre rapport à la connaissance, aux limites de notre perception, et aux vérités que nous refusons de voir. En cela, « L’ultime avertissement » invite le lecteur à s’interroger : sommes-nous prêts à entendre ce que d’autres avant nous ont peut-être déjà compris ? Jusqu’où serions-nous capables d’aller pour préserver nos certitudes et notre mode de vie ? Ces interrogations, même enrobées dans un emballage spectaculaire, prolongent la lecture au-delà du simple divertissement.

« La vie n’est autre qu’une pulsion qui se nomme désir. C’est lui qui est à l’origine de tout ce qui fait le sel de l’existence. Et c’est ce même désir qui est condamné, étouffé, interdit. »

 

Un roman d’évasion réussi, sans être inoubliable

En refermant « L’ultime avertissement », je ressens une impression mitigée. Ce n’est pas un livre qui restera gravé dans ma mémoire, ni celui qui me semble le plus abouti de l’auteur. Néanmoins, il a pleinement rempli son rôle d’évasion : me couper du quotidien, me faire voyager dans des paysages inquiétants et me plonger dans un thriller énergique malgré ses excès. Pour les amateurs d’aventures à grand spectacle et d’hypothèses audacieuses, ce roman sera un bon compagnon le temps de quelques heures.

Malgré mes réserves sur ce titre, je reste curieuse de voir où Nicolas nous emmènera dans son prochain roman. Tout dépendra du thème qu’il choisira d’explorer : je pourrais bien me laisser tenter à nouveau.

« La peur ne fait que fabriquer des oppresseurs et des opprimés là où vous auriez besoin d’unité. Elle tétanise le cœur et la raison, là où il faudrait vibrer d’amour et palpiter d’intelligence. Comme l’a dit l’un de nos philosophes, la peur collective favorise l’instinct grégaire et la cruauté envers celles et ceux qui n’appartiennent pas au troupeau. Individuellement, la peur peut sauver du danger, mais, collectivement, elle nous précipite vers lui. »

Je remercie les Editions XO et le groupe Editis pour cette lecture.

#Lultimeavertissement   #NicolasBeuglet

En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : je sais que Nicolas nous emmène toujours très loin, avec des recherches fouillées et des thématiques audacieuses. J’étais curieuse de découvrir ce nouveau titre et de voir quelle réalité ou quelle hypothèse il allait explorer cette fois-ci.

Auteur connu : retrouvez mes chroniques de « Le cri », « Complot », « Ça n’arrivera pas ».

Il était présent cette année aux Quais du Polar :

Et en 2019 :

Émotions ressenties lors de la lecture : frustration, agacement, doute, surprise, angoisse, envie, curiosité. 

Ce que j’ai moins aimé : le virage science-fiction, enfin plutôt l’hypothèse vie extra-terrestre.

Les plus : les personnages, le travail de recherche, le rythme lors de la seconde partie, les réflexions intéressantes, l’évasion procurée.

Si je suis une âme sensible : quelques scènes un peu rudes.

 

 

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