« Papillon de nuit » de David BELO

Informations 

Titre : Papillon de nuit

Auteur : David Belo

Éditeur : Taurnada

Nombre de pages : 320 pages

Formats et prix : poche 10.90 € / numérique 7.99€

Date de publication : 15 mai 2025

Genre : thriller psychologique

Résumé

Mais où se trouve la frontière entre hallucination et réalité ? Comment démêler le vrai du faux sans perdre la raison ?…

Tiffany Malcom, photographe, travaille occasionnellement pour la mairie d’Opatoma. Alors qu’elle couvre la fête annuelle en l’honneur du père fondateur de la ville, Lily, sa fille de 7 ans, disparaît.
Depuis ce jour, inconsolable, c’est une lente agonie pour la jeune femme, entre drogues en tout genre et scarifications…
Lorsque son dealer lui propose une nouvelle substance, Tiffany n’hésite pas longtemps. Durant son trip, elle se retrouve propulsée dans les années 1800, où sévit un redoutable et mystérieux kidnappeur d’enfants… Aussi improbable que cela puisse paraître, la photographe est peu à peu persuadée qu’il s’agit de l’homme qui a enlevé sa fille !

Mon avis

Une lecture déroutante, immersive, à la frontière du réel, du cauchemar et de la mémoire.

Il est de ces romans qu’on referme avec une sensation étrange, entre le flottement et le frisson. « Papillon de nuit » en fait partie.

Une disparition, une vie brisée… puis un saut dans l’inconcevable

Tiffany Malcom est photographe. Elle travaille parfois pour la mairie d’Opatoma, une ville qui semble sans histoires. Le jour de la fête du fondateur, alors qu’elle couvre l’événement, sa fille Lily, âgée de 7 ans, disparaît.

Cette disparition est le point d’orgue d’un parcours déjà marqué par un profond traumatisme : en effet, Lily est née d’un viol. Un drame que Tiffany a gardé enfoui, inavouable. Car, en plus, elle a commis un acte irréparable (que je ne vous dévoilerai pas ici).

« Pouvait-on aimer l’enfant d’un homme à qui on avait pris la vie ? Même s’il était déjà condamné par la maladie, pourrait-elle vivre avec cette culpabilité ? »

Depuis, sa vie est une lutte constante : survivre, élever sa fille avec amour, vivre avec la culpabilité, avec cette violence originelle qui pèse dans chaque geste. Quand Lily disparaît, tout s’effondre. La douleur est telle que Tiffany sombre. Drogues, scarifications, isolement : elle ne cherche plus qu’à fuir sa réalité.

C’est alors qu’une nouvelle drogue l’emporte… ailleurs. À Opatoma, mais dans les années 1800. Et dans ce passé improbable, un homme kidnappe des enfants. Tiffany en est certaine : c’est lui, le ravisseur de Lily.

Une descente vertigineuse dans la psyché d’une mère

David nous entraîne dans un récit à deux niveaux, où l’on ne sait plus ce qui est réel, ce qui relève de l’hallucination, de la mémoire ou du fantastique.
Est-ce une plongée dans l’inconscient d’une mère en deuil ? Une véritable brèche temporelle ? Une construction mentale née du traumatisme ? Dans quel but ? Mieux comprendre ses erreurs passées ? Ou les expier ?

« Papillon de nuit » est un roman qui ne cesse de questionner : que voyons-nous vraiment ? À quoi peut-on se fier lorsque l’esprit est fracassé par la douleur, la culpabilité, l’amour et la haine mêlés ?

Le roman ne tranche pas. Et c’est ce qui le rend si fort.
Il joue avec nos nerfs, nos attentes, et cultive une ambigüité constante, entre thriller psychologique et fable mystique.

Un personnage féminin d’une complexité rare

Tiffany est un personnage bouleversant.
Elle incarne la mère courage, mais aussi la mère en ruine. Une femme marquée par le silence, la violence, le sacrifice. Sa maternité elle-même est ambiguë : comment aimer sans réserve un enfant conçu dans l’horreur ? Et pourtant, elle aime Lily de toute son âme.

Ce paradoxe, David le traite avec une justesse admirable. Il n’en fait jamais un pathos facile. Au contraire, il nous place face à une femme en guerre contre elle-même, à la fois victime, coupable, survivante, protectrice.

 

Le papillon de nuit comme guide intérieur

Au cœur de ce récit se tient une figure singulière : le papillon de nuit, messager discret et obsédant. Il symbolise la transformation, la nuit intérieure, la guidance invisible.

« Écoute l’air souffler, le feu brûler, la terre trembler et l’eau couler. Écoute les anciens, nos ancêtres et les esprits te guider. Écoute la chenille tisser son cocon, trouve les liens du sang et lorsque tu seras perdue, sans espoirs, écoute le papillon de nuit. Il te guidera vers nous. »

Le roman est très symbolique. Il invite le lecteur à écouter les éléments, les esprits, les ancêtres. Il donne une dimension spirituelle au parcours de Tiffany, l’invitant à écouter ce qu’elle a toujours voulu taire : son propre passé, ses blessures profondes et cette maternité si particulière qui fait d’elle à la fois mère et guerrière.

David Belo, un auteur caméléon

Avec « Papillon de nuit », David prend un virage audacieux. Ceux qui ont lu son précédent roman, « Mon ami Charly » se souviennent d’un roman centré sur l’amitié, les traumatismes de l’adolescence et un étrange jeu philosophique nommé le BINGO. L’histoire, portée par une tension psychologique croissante, explorait les zones grises de la mémoire et des choix passés.

Ici, rien à voir : « Papillon de nuit » est plus sombre, plus brut, presque mystique. Et c’est précisément ce que j’apprécie chez cet auteur : sa capacité à se renouveler, à oser des récits différents, à prendre le risque de surprendre ses lecteurs plutôt que de s’installer dans une recette qui fonctionne. Cette audace est rare et elle mérite d’être saluée.

La plume de David est fluide, précise, teintée d’étrangeté. Il installe des ambiances brumeuses, parfois oppressantes et n’a pas peur d’explorer la noirceur psychologique.

Une couverture envoûtante

Je ne pouvais pas terminer ma chronique sans évoquer la couverture de « Papillon de nuit » : une véritable réussite graphique, aussi mystérieuse qu’attirante. Ce regard cerné d’ombre, cette lumière bleutée et surtout ce papillon lumineux qui surgit comme une apparition… Tout évoque à la fois le trouble, l’appel des ténèbres, et l’espoir fragile. Une illustration qui reflète parfaitement l’ambiance du roman, entre hallucination et réalité. C’est le genre de couverture qui interpelle, même sans connaître l’histoire.

Un roman hypnotique et intense

J’ai été profondément touchée par Tiffany, par sa douleur brute, sa quête désespérée, son besoin viscéral de croire encore à une forme de vérité ou de justice. Le roman m’a parfois déroutée, souvent bouleversée et il m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière ligne. C’est un livre dérangeant, intense, sensoriel, qui laisse des traces bien après la lecture.

« Papillon de nuit » est un texte à part. On ne le lit pas d’une traite comme un simple thriller. On y avance à tâtons, troublé, fasciné, bouleversé. Pour pleinement apprécier cette lecture, il faut lâcher prise et mettre entre parenthèses nos repères rationnels. Il faut accepter que l’auteur nous prenne par la main, qu’il nous emmène là où l’on ne s’attend pas à aller. Ce n’est pas un roman qui rassure, c’est un roman qui fait vaciller nos certitudes. Et ça, c’est top je trouve ! Il nous pousse à nous interroger autant sur le réel que sur nos propres limites émotionnelles.

Je vous recommande cette lecture si vous aimez les récits troublants, immersifs et psychologiquement puissants, où la frontière entre réel et hallucination est constamment brouillée.

Attention, le papillon de nuit pourrait bien vous suivre une fois la dernière page tournée…

« Sans réfléchir, la photographe s’élança à corps perdu sous la chaleur écrasante d’un désert. Comme une athlète, elle arpentait le pavé à toute vitesse sous la nuée protectrice des papillons, avec pour point de mire, la porte entrouverte de la tour. »

Je remercie les Editions Taurnada pour cette lecture.

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : après « Mon ami Charly » , j’étais curieuse de voir ce que David allait proposer ensuite. En découvrant le résumé de « Papillon de nuit », j’ai été immédiatement intriguée par ce genre hybride et la promesse d’un récit intense, à la fois intime et énigmatique.

Auteur connu : j’ai découvert David avec « Mon ami Charly ».

Émotions ressenties lors de la lecture : empathie, colère, sidération, vertige, doute, curiosité, mélancolie.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’originalité du récit, l’univers fantastique, le personnage de Tiffany, la plume, le risque pris par David, les thèmes abordés, la fin.

Si je suis une âme sensible : RAS

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