« Les éléments » de John BOYNE

Informations 

Titre : Les éléments

Auteur : John Boyne

Éditeur : JC Lattès

Nombre de pages : 512 pages

Formats et prix : broché 23.90 € / numérique 16.99 €

Date de publication : 20 août 2025

Genre : littérature irlandaise

Résumé

D’une mère en fuite sur une île à un jeune prodige des terrains de football en passant par une chirurgienne des grands brûlés hantée par des traumatismes, et enfin, un père qui monte dans un avion pour un voyage initiatique avec son fils, John Boyne crée un kaléidoscope de quatre récits entrelacés pour former une fresque magistrale.
Grâce à une prose envoûtante, John Boyne sonde les éléments et les êtres avec une empathie extraordinaire et une honnêteté implacable, nous mettant sans cesse au défi de confronter nos propres définitions de la culpabilité et de l’innocence.

Mon avis

Un roman-mosaïque d’une intensité bouleversante

Quatre personnages. Quatre récits. Quatre éléments. Et une humanité commune. Avec « Les éléments », John Boyne livre une fresque ambitieuse, d’une richesse émotionnelle saisissante. Loin du simple enchaînement de destins, ce roman est un véritable kaléidoscope littéraire, un puzzle qui s’assemble au fil des pages pour nous parler de résilience, de fuite, de transmission et de quête de sens.

Une structure singulière, pour mieux sonder l’âme humaine

Ce roman est composé de quatre récits indépendants, chacun centré sur un personnage et un « élément » symbolique : l’eau, le feu, la terre et l’air, qui colore l’univers de la nouvelle tout en renforçant ses thématiques. John n’annonce pas cette structure de manière frontale ; il laisse au lecteur le soin de découvrir, de ressentir, de relier. C’est l’un des charmes de ce roman : il ne guide pas, il suggère.

Une mère en fuite : dans cette première partie, l’eau est omniprésente. L’île où cette mère se réfugie est battue par les vagues, les émotions coulent sous la surface. C’est une histoire de maternité, de fuite face à une réalité devenue insupportable. Que cherche-t-elle à fuir exactement ? Est-ce la violence du monde ou celle qu’elle porte en elle ?

« Elle supplie en vain, car l’eau est le plus cruel des éléments, elle engloutit toute personne qui la défie.« 

Un jeune prodige du football : ici, c’est la terre qui ancre, ou qui enferme. Un adolescent au talent prometteur, qui attire l’attention, les regards, mais aussi la jalousie et les abus. Le thème de la manipulation est abordé avec finesse. John parvient à capter la fragilité d’un jeune garçon happé par un monde d’adultes qui n’est pas prêt à le protéger.

Une chirurgienne des grands brûlés : dans cette troisième partie, c’est bien sûr le feu qui domine. À travers cette femme marquée par son métier et ses propres blessures, John interroge la mémoire des corps et des âmes. C’est peut-être la partie la plus sombre du roman, mais aussi l’une des plus puissantes.

Un père et son fils dans un avion : enfin, l’air, cet espace suspendu où tout peut encore basculer. Ce dernier récit a quelque chose d’un conte initiatique. Un homme et son fils, un huis clos dans les nuages, une tentative de transmission tardive, mais sincère. La tension est palpable, les émotions contenues.

« C’est la colère qu’il ressent envers sa mère, une rage qui bouillonne en lui depuis un certain temps, probablement depuis le début de la puberté. »

Une construction en miroir, subtile et glaçante

Ce qui rend « Les éléments » particulièrement marquant, au-delà de la puissance de ses thématiques, c’est aussi sa construction extrêmement maîtrisée. Chaque partie, bien que centrée sur un personnage et un élément distinct, est reliée aux autres par des fils narratifs parfois ténus, parfois vertigineux. John joue avec nos repères et crée une toile d’araignée où tout finit par se recouper, souvent de manière troublante.

Ce choix d’écriture, chaque partie étant narrée à la première personne, renforce le sentiment d’intimité mais aussi d’ambiguïté. Le lecteur est immergé dans la subjectivité de chaque personnage, jusqu’à parfois douter de sa sincérité ou de sa lucidité. John ne donne jamais toutes les clés : il suggère, il glisse des détails, il fait confiance à notre mémoire. C’est une lecture exigeante qui nécessite d’être attentif pour reconstituer ce puzzle qui se construit peu à peu et dont certains détails ne prennent sens qu’à distance. La révélation finale, implicite, en est d’autant plus glaçante.

Une plume à la fois douce et implacable

John Boyne a cette capacité rare à écrire de façon limpide tout en abordant des thématiques complexes. Sa plume est fluide, poétique. Il va droit au cœur, avec un mélange de tendresse et de lucidité. Il ne cherche pas à juger ses personnages, mais à les comprendre et à nous faire comprendre, en retour.

Il sonde l’âme humaine, ses contradictions, ses élans comme ses lâchetés, avec une empathie sincère et une honnêteté brute. Loin de toute mièvrerie, il nous pousse à interroger nos propres représentations du bien et du mal, de la culpabilité et du pardon. Les choix des personnages ne sont jamais simples, ni totalement condamnables, ni entièrement excusables.

Un roman sur la culpabilité, mais aussi sur la rédemption

L’un des fils rouges de ces quatre récits est sans aucun doute la culpabilité. Elle pèse sur chacun des personnages, à des degrés divers. Qu’elle soit assumée, niée ou transformée en douleur silencieuse, elle est là, tapie dans chaque ligne. Pourtant, « Les éléments » n’est pas un roman plombant : il est aussi traversé par des lueurs d’espoir, des gestes d’amour, des prises de conscience.

C’est un livre qui parle de ce que l’on porte en soi, parfois depuis l’enfance, et de ce que l’on tente d’en faire, une fois adulte. C’est un livre qui pose ces questions fondamentales : peut-on se réparer seul ? Ou a-t-on besoin de l’autre pour avancer ?

Un roman fort, nécessaire et bouleversant

« Les éléments » est un roman qui vous prend par surprise. Il ne cherche pas à éblouir par des effets de style, mais il touche profondément, durablement. John Boyne y démontre, une fois de plus, toute la finesse de son regard sur les relations humaines, sa capacité à évoquer les failles sans jamais tomber dans le pathos.

Un roman à lire lentement, avec attention, pour savourer chaque détail, chaque voix, chaque douleur. Une lecture qui laisse des traces.

« Considérez-moi comme une touriste, Ifechi, dis-je, l’invitant d’un mouvement de tête à s’asseoir à côté de moi. Je ne suis ici que pour contempler bouche bée la splendeur de l’endroit et voir si je peux humer le parfum de l’encens. »

Je remercie les Editions JC Lattès et NetGalley pour cette lecture.

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En bref…

Ce qui m’a poussé à ouvrir ce livre : pour l’auteur ! Ce nouveau roman, avec sa structure en quatre éléments, promettait une lecture à la fois originale et puissante, capable de bousculer et de questionner.

Auteur connu : retrouvez ma chronique de « Les fureurs invisibles du cœur »  que j’avais lu en 2018.

Émotions ressenties lors de la lecture : empathie, curiosité, réflexion, étonnement, surprise, malaise.

Ce que j’ai moins aimé : RAS

Les plus : l’originalité de la construction, la profondeur psychologique des personnages, la plume, les sujets abordés, le symbolisme du récit, la fin. 

Si je suis une âme sensible : ce roman ne ménage pas son lecteur, certains passages sont très sombres, voire choquants. Attention donc à votre état d’esprit lorsque vous débutez cette lecture.

7 réflexions sur “« Les éléments » de John BOYNE

    1. Je comprends tout à fait ton ressenti. La première partie peut effectivement sembler plus « simple » que les autres, mais je l’ai trouvée intéressante comme point de départ, puisqu’elle installe un fil que l’on retrouve ensuite. Quant à la 4e, je suis d’accord avec toi, elle est assez dérangeante et met vraiment mal à l’aise…mais c’était le but de l’auteur, mettre son lecteur mal à l’aise pour terminer en beauté. Les émotions vont crescendo.

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  1. Merci pour cette belle présentation . Je me laisserai sûrement tenter car j’ai beaucoup aimé les 4 romans de cet auteur que j’ai déjà lus . « les fureurs invisibles du coeur » »le syndrome du canal carpien » Le garçon en pyama rayé  » et La vie en fuite » Zoé

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Répondre à paulettelalande711fefdcb5 Annuler la réponse.